Laurent Gaudé nous plonge à travers ce roman dans une Antiquité imaginaire, vraisemblablement en Afrique, dans la grande et prospère cité de Massaba, dirigée par le roi Tsongor. le livre s'ouvre sur la veille des noces de Samilia, la fille du roi. Tout dans la cité n'est qu'allegresse, la préparatifs s'accélèrent, les richesses abondent, tous se préparent au mariage de la fille du roi avec le prince des terres de sel. Pourtant, c'est ce jour-là, veille des festivités, que Tsongor doit mourir. le lendemain, la joie du mariage laisse place à l'amertume du deuil, les noces font place à la guerre. Pendant tout le roman le lecture va suivre de façon parallèle le siège de Massaba et le parcours de Souba, dernier fils de Tsongor, parti explorer les terres de son père afin d'accomplir les dernières volonté du grand roi Tsongor.
J'ai tout de suite été séduite par l'écriture enivrante de
Laurent Gaudé qui reprend à merveille le style homérique dans sa réécriture d'une Iliade imaginaire. Pour peu que l'on s'y connaisse un peu en mtyhologie, on n'aura pas de mal à faire le rapprochement entre Samilia et Hélène, ou entre Liboko et Hector. Massaba évoque à la fois Troie, sa guerre de siège, ses années de combats pour la possession d'une femme, mais aussi Thèbes et ses conflits fraternels de succession. Mais que l'on ne s'y méprenne pas,
La Mort du roi Tsongor n'est pas qu'une pâle imitation de légendes antiques. Les personnages, s'ils peuvent en effet être inspirés de ces héros antiques, n'en restent pas moins des êtres humains aux multiples facettes et à la psychologie complexe dont
Laurent Gaudé n'hésite pas à nous paratager, pour notre plus grand bonheur. le récit alternant épique, tragique et pathétique, n'a de cesse de nous plonger nous aussi au coeur de ce conflit, de ce mythe auquel on finit par croire, et surtout par s'attacher. Ce récit épique, bien que très traditionnel dans sa forme, ne manque pas de se moderniser par la peinture de héros complexes, en proie au doute, tantôt si cruels, mais pourtant si humains. le roman alterne avec brio tension épique maximale et réflexion psychologique profonde, grâce à un récit ciselé d'une plume de maître. Si je devais toutefois émettre un léger bémol sur
La Mort du Roi Tsongor, je dirais simplement qu'à mon sens, le personnage de Samilia n'a pas la place qui lui est dûe, que malhereusement, comme Hélène et les autres femmes dans les histoires du passé, les personnages féminins restent encore beaucoup trop secondaires dans ces grandes épopées lyriques. Ici, même si le courage de Samilia n'a rien à envier sur celui de ses frères, j'aurais aimé que l'on s'attarde encore davantage sur son cas, comme sur celui de la mère de Kouame, qu'on s'attarde un peu plus sur la force de ces femmes qui tiennent bon, la tête haute, dans ces univers toujours si masculins. Il n'y a pas que les Amazones qui puissent être élevées au rang de guerrières.
Lien :
http://liliavernalia.canalbl..