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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
“Qui es-tu, toi ?… Qui es tu ?”

C'est par cette phrase lâchée par un homme étrange devant la gare Montparnasse que la promenade nocturne et inattendue de l'écrivain-narrateur débute. Une promenade à travers le temps dans un moment de flottement. L'atmosphère est surréaliste et fantomatique. Laurent Gaudé manie avec dextérité le passage de l'intime à la grande Histoire. L'évocation de la mort du père du narrateur l'amène sur le chemin d'autres morts.

Paris semble l'avoir choisi lui – par hasard ou peut-être pas – pour narrer à sa place et avec ses propres mots les souvenirs de Mille vies (et autant de morts) qui ont vécu là et laissé des traces de leurs passages. Dans les pas d'une ombre qui l'interpelle et l'incite à la suivre, le narrateur déambule dans les rues vides de la ville le temps d'une nuit. Chaque recoin du quartier latin, de Montmartre, chaque parcelle de la capitale le renvoie quelques siècles en arrière. Il devient spectateur d'événements mémorables de différentes périodes. de manière totalement anarchique, il traverse le Moyen-âge jusqu'à nos jours, en passant de la Commune de Paris à mai 68 puis en revenant en 1944 à la libération de Paris… Les époques se mêlent et se chevauchent. Rimbaud, Verleine, Baudelaire ou encore François Villon et Victor Hugo parmi d'autres comédiens et artistes illustres ou inconnus se croisent ou s'entrechoquent lors de rencontres incongrues et improbables.
J'ai eu la sensation de faire un drôle de songe alors que je lisais une forme de conte merveilleux, emportée par un style éblouissant et envoûtant. Laurent Gaudé m'a conquise par sa plume aérienne et précieuse. J'ai eu envie de lire et relire de nombreuses phrases pour en graver en moi l'essence de leur beauté. Une beauté qui m'a touchée.

Pour qui – comme moi – est amoureux tant des mots que de Paris, ce livre est une invitation à un voyage sublime, historique et fantastique non dénué de poésie.
Moi aussi j'ai arpenté avec ces personnages ces quartiers si connus, si familiers. Moi aussi je suis descendue dans le grondement du monde. Toute une nuit, durant cinq siècles.
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Certes, il nous déroute un peu cet auteur dont je dévore les livres. Il m'a donc fallu quelques pages pour comprendre la mécanique de celui-ci. Et c'est génial cette balade dans Paris ou le cerveau fonctionne autant que les jambes.
Je ne sais pas vous mais il m'arrive assez souvent d'imaginer ce qu'était un site, un monument dans les années, voire les siècles précédents. Voila ! M. Gaudé nous propose ces retours en arrière à des époques plus ou moins lointaines, dans des rues, des quartiers où l'on rencontre des personnages de l'histoire, connus individuellement ou non, des héros souvent malgré eux ou bien même des poètes du moyen âge que nous n'avons pas encore réussi à oublier.
C'est original. Ce livre m'a ramené au porteur d'histoires de Michalik. En tout cas, il faut se laisser porter par par cette, par ces petites histoires vécues qu'il est bon de se rappeler.
Une critique courageuse d'un lecteur précédent (Bookpass) avoue être passé à côté. Qu'il se rassure, à qui n'est-ce jamais arrivé ? Peut-être une seconde lecture s'impose.
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« Je ne sais pas où je vais. J'ai le sentiment que cela n'a pas d'importance, que l'essentiel est de marcher et laisser Paris m'envahir. »
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A la différence de ses autres oeuvres, c'est un récit de l'intime - poignant et touchant - que nous donne ici à découvrir Laurent Gaudé.
A travers une longue déambulation nocturne dans un Paris endormi, l'auteur remonte les rues comme le fil de ses souvenirs enfouis. C'est avec pudeur qu'il se livre et raconte - en partie - son histoire entremêlée à celle de la capitale.

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« Il y a tant de passerelles entre les mondes, mais nous avons désappris à les voir. Les temps s'embrassent et je me sens, à cet instant, à l'endroit même où tout s'entremêle. »
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Dans ce récit à mi-chemin entre le roman, la nouvelle, le conte et la poésie, le lecteur est transporté dans une frénésie de scènes et d'époques passées où se côtoient les proches de l'auteur et les personnages les plus célèbres de l'Histoire de France.

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« Je porte en moi tant de mondes. Et j'en attends encore. Ils sont là, parlent en même temps, se serrent les uns les autres. Il en vient toujours plus et c'est heureux. Mille vies. Oui. Mille vies. Et la mienne, pour essayer de toutes les raconter. »
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Avec sa plume sensible et toute en poésie, Laurent Gaudé réussit à donner une atmosphère onirique à ce texte d'errance, journal intime de l'auteur le temps d'une nuit.

C'est à la fois un récit de réflexion (« qui suis-je », « où vais-je ») et un sublime hymne à Paris - à ses morts comme à ses vies – que l'auteur laisse entre nos mains.

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Qui es-tu, toi ? cette interpellation lancée par une sorte de clochard céleste arrête Laurent Gaudé dans sa course quotidienne. Cette question ne cesse de l'accompagner lors d'une longue déambulation nocturne dans les rues de Paris. Alors remontent à la surface les souvenirs enfouis, les époques passées, les forces et les blessures d'une vie sous l'aiguillon bienveillant du clochard-poète.
Ce flux lyrique débridé dresse autant le portrait de l'auteur qu'il ne résume sous la forme d'un hommage discret la somme des expériences et des rencontres qui font qu'une vie vaut d'être vécue.
Il faut lire ce court ouvrage d'une seule traite à la manière d'une marche de nuit existentielle et magique.
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« Il faut tout dire. Je sais que l’ombre a essayé mais cela l𠆚 consumée tout entière. Depuis, elle cherche des hommes pour prendre le relais. C𠆞st cela qu𠆞lle attend de moi. Que j𠆞ntame le chant des mille vies. »

Le narrateur croise, dans Paris endormi, une ombre qui lui demande : « Qui es-tu ? ». Des lors montent en lui des fantômes passés et présents : son père, Villon, Hugo, Rimbaud, Antonin Artaud et toutes les vies qui ont marqué la Ville Lumière aux moments clés de son histoire. le jour le ramène à sa propre vie et à cet appel vibrant que lui lancent les mille vies qu’il a le goût de dire avec ferveur.

« Une seule chose nous sauve, c𠆞st l’intensité. Il n’y a qu𠆞lle à opposer à la fragilité de nos existences. Vivre. Vivre avec densité. Comme une course à n𠆚voir pas le temps de tout embrasser. »

L’œuvre n𠆞st pas facile : l’on passe d’une vie à une autre dans une sorte de vertige et de fantasmagorie, mais l’écriture est si belle qu’on a le goût de suivre Gaudé dans sa promenade nocturne au pays des morts et à écouter leurs voix. C𠆞st un livre dense, dense comme la vie qu’il se souhaite et il atteint cette intensité dans son écriture.

Et puis le récit se termine sur une phrase simple, vraie, profonde : « C𠆞st à cause que tout doit finir que tout est si beau.» ( Ramuz ) Elle demeure en nous comme une promesse de voir le beau partout où il se trouve.
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Laurent Gaudé nous livre dans ce mince opus, un très bel hymne à Paris, à ses fantômes, à son père et à son épouse. C'est rythmé, hypnotisant, émouvant et délicat. Une réflexion sur le vide qui est plein de souvenirs, plein de vie, à lire en temps de confinement (ou de couvre-feu).
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"Qui es-tu, toi ?" C'est avec ces mots qu'un inconnu interpelle le narrateur au beau milieu de Paris. Oui. Qui suis-je ? le ton est donné. le narrateur déambule, obnubilé par cette question, dans un Paris dépouillé de sa foule, à la poursuite de la silhouette inconnue. Dans cette promenade lyrique et onirique, le narrateur invoque les fantômes du passé. Son père. Mais aussi Victor Hugo, Rimbaud, puis Villon et les morts de la Libération de Paris. Dans cette errance fantasmagorique qui dure le temps d'une nuit, milles vies se superposent et s'offrent au lecteur. Et dans ce récit-doux amer, aux allures de conte philosophique, Paris fait tomber son habit de lumière, pour enfiler une tenue plus sombre, qui lui sied à ravir...

"Paris marche et court. Paris va bientôt se mettre à crier, à fumer, à klaxonner et je vais me fondre en elle, n'être plus qu'un parmi tant d'autres. J'irai te retrouver. Pour respirer ton parfum et me perdre dans le creux de ton cou. A moins qu'une gare ne m'appelle. Alors, je disparaîtrai à nouveau dans une foule pressée. Mille vies. Que j'embrasserai, caresserai du regard, contemplerai. Mille vies jusqu'à l'instant de mourir."

Décidément, qu'il est agréable de retrouver la plume de l'auteur des "le soleil des Scorta", très justement récompensé par le prix Goncourt 2004. J'aurais bien savouré quelques pages supplémentaires.
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Déambulation parisienne évoquant les épisodes marquant de la Ville Lumière sous la plume gracieuse de Laurent Gaudé. Il nous ramène aux époques bruyantes et dangereuses de la capitale avant qu'elle ne devienne cette ville aux amoureux. Mêlant souvenir personnel et référence historique, Gaudé nous emporte dans les ruelles, sur les boulevards parisiens au hasard de la folie des hommes.
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Un soir de juillet, sur le parvis de la Gare Montparnasse, le narrateur est interpellé par un homme étrange : "Qui es-tu, toi ?". Intrigué par cette demande, il se laisse guider par cette ombre dans une longue promenade à travers la nuit parisienne. Il est alors emporté dans une danse macabre où vivants et morts se mêlent ; le bruit et la musique l'envahissent et le font voyager dans le temps et l'espace. Au fil de son parcours, des bribes de l'histoire de Paris semblent se rejouer sous ses yeux : aux jeunes résistants morts à Denfert Rochereau succèdent les étudiants du Quartier Latin de la fin du Moyen-Âge, tandis que les fantômes des Communards et des Surréalistes sont aussi de la fête. L'écriture poétique de Laurent Gaudé accentue l'atmosphère onirique de ce court roman ; nous sommes emportés dans cette frénésie où les scènes et les époques s'entremêlent. Une belle déclaration d'amour de l'auteur à Paris et aux personnes célèbres et anonymes qui ont fait son histoire ou qui, comme lui, s'y sont forgé des souvenirs.
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Comme à son habitude Laurent Gaudé nous ensorcelle, comme l'ombre l'ensorcelle et le guide à travers le Paris nocturne dans des déambulations pour "faire revivre les milliers de vies effacées", les vies de ceux qui ne sont plus là et qui ont construit notre histoire.
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