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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
le narrateur est accaparé par une ombre qui va l'entrainer dans la nuit parisienne. Les rues sont vides , c'est l'occasion de plonger dans le passé , de retrouver son père, Hugo, Villon , Rimbaud ou d'autres plus anonymes.

Ouvrir un livre de Laurent Gaudé, c'est l'assurance d'être bercé par une langue magnifique où les mots sont magnifiés . Les phrases coulent sans être autres qu'au service du fond. Laurent Gaudé est un génie de la plume .
Et si ici , l'histoire m'a peut être moins touché que d'autres écrits, je suis admiratif devant sa capacité à rendre réel le fantastique , à exprimer son amour de façon si belle pour sa ville, à mêler son érudition au récit de façon si accessible et si instructive.
Vous l'avez compris, je suis fan . Et ce texte permet sans doute à l'auteur de rendre hommage aux hommes qui l'ont précédé dans son Paris et qu'il admire / Hugo, Villon , Rimbaud, des résistants, son père. En y mêlant un peu d'autobiographie si discrète qu'elle pourrait passer inaperçu.
Bravo.
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Un roman court, mais dense en émotions, servi par une écriture poétique, magnétique.
Un roman surprenant aussi, voire déroutant, car « Paris, mille vies » n'est pas une fiction romanesque, mais plutôt une promenade, une errance, un voyage, le temps d'une nuit, dans les rues de Paris.

*
La journée s'achève, Paris se pare des douces couleurs du crépuscule. Un homme, le narrateur, sort de la gare de Montparnasse. Un homme seul, anonyme au milieu de l'agitation de la foule et des bruits de la ville. Il suffit d'un instant pour que cette soirée bascule. Un instant pour que le regard d'un marginal accroche le sien. Seulement un instant, une rencontre, un regard qui le pénètre, et cette une question assénée presque violemment « Qui es-tu ? ».
Cette question le bouleverse et comme attiré par une force invisible, il décide de suivre cet homme.

*
La nuit s'installe, l'obscurité envahit les rues qui se vident. L'homme qu'il suit devient une ombre mouvante.

« Tous les bruits de la ville s'estompent autour de moi. Je suis loin, touché par une autre rumeur qui croît et m'envahit. Je sens qu'il faut la laisser monter et accepter de m'enfoncer dans cette nuit nouvelle. Oui. Que ce qui gronde prenne maintenant toute la place. »

*
Dans le silence de la nuit, le narrateur, au gré de ses déambulations, laisse sa part d'ombre l'envelopper, ombres surgis de son passé. Ses souvenirs douloureux vont faire échos aux souvenirs de Paris chargée d'Histoire. La ville devient ainsi un personnage, ou plutôt la voix d'une multitude de personnages sortis du passé, hommes illustres ou inconnus. Leurs voix vont se faire entendre et se mêler à celle du narrateur.
Les mots font revivre toutes ces vies passées, créant un lien entre aujourd'hui et demain, entre les vivants et les disparus.
Les images affluent, les scènes, les époques s'entremêlent, « se chevauchent ». L'Histoire de Paris se façonne dans le sang et l'héroïsme des hommes. La ville a beaucoup souffert, elle s'est agitée, elle a saigné, pleuré, elle a été occupée, puis libérée. Elle a connue les foules révoltées, mais aussi celles en liesse.

*
Mais ce roman n'est pas que noirceur, souvenirs déplaisants et tristesse. Il est une ode à la vie, à l'amour. Lorsque l'aube apparaît, elle enveloppe la ville d'un suaire qui cicatrise ses plaies. Les ombres s'amenuisent et font place à la lumière, à la vie.

« Voulez-vous vivre à nouveau ? »

Paris se réveille, le narrateur et la ville laissent leurs souvenirs au passé et se tournent vers la vie qui continue. Cette nuit d'errance se referme comme la dernière page d'un livre.

*
Ce roman me laissera une belle empreinte, un moment nostalgique où on laisse ses souvenirs affluer, et où on laisse la vie reprendre son cours.

« C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau. »
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Durant une nuit, le narrateur arpente les rues de Paris, en suivant une ombre, à la recherche des disparus à commencer par son père, mort tragiquement quelques années auparavant.
Comme souvent chez Laurent Gaudé, l'écriture est soignée, le style théâtral et il évoque la mort.
Il nous emmène, dans un désordre temporel, sur les traces de Villon, Rimbaud, Artaud et d'autres poètes encore. Nous assistons à la Libération de la capitale, aux débuts de la Commune, quand Victor Hugo enterrait son fils.
L'errance parisienne prend fin avec le jour et le retour de l'amour.
Ce livre est une ode à Paris, que l'auteur connaît bien et où il est né.
Ce court roman représente aussi une façon de faire son deuil après le décès de son parent.
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Déambulation parisienne qui commence au son de la musique de Saint Saëns, et contemplation mélancolique dans la ville lumière.

Vertige nocturne tourbillonnant.
Une voix, ombre errante, questionne le narrateur : « Qui es-tu, toi ? »

Un roman telle une balade fantastique et poétique, le temps d'une nuit.
Mille vies qui accompagnent les souvenirs qui affleurent.
Moments historiques, instants littéraires.

🎶Sous le ciel de Paris... un philosophe assis, deux musiciens, quelques badauds puis les gens par milliers…

A un moment, Paris est vide d'un coup… Dimension parallèle.
« Les rues ne sont plus que de longues perspectives fuyantes et silencieuses (…) Est-ce que tout est déserté ou est-ce moi qui suis passé de l'autre côté du monde ? »
Les vivants, les morts, les ombres, les vibrations… Réminiscences des possibles…

Un voyage, errance étrange, durant une nuit parisienne, une ville en fièvre où les tumultes bouillonnent, où les époques s'entremêlent et content l'histoire.

Promenade d'un siècle à un autre. Paris a tant à raconter.
« Paris ouvre les écluses de sa mémoire… »

« A moi de faire se lever le jour ».

Une lecture originale qui a réveillé mon envie d'une escapade parisienne Rive Gauche, Jardin du Luxembourg, St Germain des Prés, ses cafés littéraires !
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Paris, ville de mots et de maux :

Mots, quand elle se raconte à travers ses terrasses, ses habitants, ses visiteurs, ses artistes ou ses infrastructures;
Maux, quand elle se remémore les traumatismes d'une guerre mondiale, invoque ses douleurs comme la mort de Victor Hugo ou regrette d'avoir fait si peu cas du congrès de grands auteurs noirs (afro, américano-caribéens). Etonnant, pour une ville lumière.

Il restera néanmoins des voix comme celle du narrateur pour revenir sur des "ratés". A des décennies d'intervalle ?



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Qui es tu toi ?
C'est la question que pose un homme agité à Laurent Gaudé,  sur l'esplanade de la gare Montparnasse  .
A la fin du livre Laurent Gaudé nous laisse en réflexion " C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau "
En réalité nous ne sommes pas dans un livre mais dans une déambulation dans Paris aux mille vies.
Cet opuscule est un bonbon, acidulé,  parfois très acide ou amer.
Qui es tu toi ? qui vit à Paris au milieu de cette foultitude, de cette multitude. Multitude d'aujourd'hui mais aussi d'hier et d'avant hier.
Dans son style  entre poésie et fantastique Laurent  Gaudé nous entraîne dans les rues de Paris, dans les pas de son père,  dans les élans de la jeunesse quelque soit le siècle , aux côtés des communards, des résistants,  ou encore dans les vers de Villon, Rimbaud et Verlaine.
Laurent Gaudé nous conte son Paris Mille Vies. Il célèbre sa ville le temps d'une nuit. Une ville faite depuis des millénaires d'inconnus,  de personnages historiques qui nous devancent , qui nous accompagnent  ou qui nous prolongeront.
La réflexion de Laurent Gaudé est universelle et quelque soit notre village, notre ville de coeur,
La question Qui es tu toi ? reste fondamentale. Nous sommes un parmi tous .Il est essentiel d'en avoir conscience afin de ne rien oublier, de ne rien laisser dans l'ombre.
Toutes ces présences sont devenus des fantômes de l'existence.
"Qui es tu toi ?. Je fais résonner une dernière fois la question en moi mais je sais y répondre, maintenant. Je suis nombreux. Homme, femme, vieillard et enfant à la fois. Tous se pressent en moi car je suis vaste  comme une terre qui attend sa foule " ( page 84 )
.... Et c'est à cause que tout doit finir que tout est si beau !
Un opuscule lumineux comme Paris ville lumière.
 Un petit livre a garder à portée de main.
L'ouvrir au hasard et se laisser dériver avec la poésie de Laurent Gaudé.
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« Puisses-tu ne jamais oublier ceux qui meurent sur tes pavés
Comme ceux qui s'embrassent sur tes bancs. »

Tel est l'épigraphe de ce récit, adressé par l'auteur à la ville de Paris. C'est en sortant sur le parvis de la gare Montparnasse que le narrateur est interpelé par un vagabond hirsute et dépenaillé, torse et pieds nus, qui lui lance cette question résonnant comme une énigme venue du fond des âges : « Qui es-tu, toi ?... Qui es-tu ? »

Je l'ai reconnu, Onysos le furieux, ce personnage de théâtre avec lequel j'ai fait mes premières armes dans l'oeuvre mystique de Laurent Gaudé. « Il en a tous les attributs : la violente beauté, la nudité souveraine et la crasse solaire. » le narrateur aussi reconnait celui qu'il a fait naître dans l'encre et le papier en invoquant les puissances de son imagination. Et il ne parvient pas à se débarrasser de sa question. Débute alors une errance dans la ville de Paris, un monologue qui a tout de l'incantation pour déverser la mémoire de ceux qui marchèrent et vécurent avant ce jour sur ces mêmes pavés, ces mêmes places et ces mêmes avenues. « Aux morts ! Allez ! »

Le narrateur arrive jusqu'à la rue Liancourt où son propre père fit une chute mortelle, respire dans la rue Boulard de son enfance, entend gronder les jeunes gens de la Libération, convoque le poète François Villon qui dut fuir Paris après avoir poignardé un prêtre, regarde Victor Hugo enterrer son fils au Père-Lachaise, voit passer un garçon de seize ans nommé Rimbaud qui voyage les mains dans les poches et les yeux tournés vers des lumières nouvelles… « Dernière marche pour tous ceux qui ont pris place en mon esprit. Je veux partir, que le jour se lève, et avec lui, le bruit et la cohue des vivants ». Car après les morts, l'auteur se souvient de l'amour et de la vie, de cette vie qui anime et animera toujours Paris.

Dans ce texte parfois inégal qui se laisse lire néanmoins d'une traite, comme pris dans une danse macabre, Laurent Gaudé prête sa voix au souvenir de ceux qui ont marché à Paris et péri. Avec cette ode à la mort comme à la vie, célébration d'une ville toute bruissante d'histoire, Gaudé se fait passeur sur Le Styx.

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Ce n'est pas un roman mais une errance, une recherche de soi au travers d'un périple dans Paris, à la rencontre de vies qui ont marqué la capitale. le père de l'auteur, François Villon, André Dupont et André Faucher (très jeunes résistants) et quelques autres. Nous y découvrons des histoires dont le dénominateur commun est la mort plus que la ville et ses hauts lieux - principalement ses grandes gares.

L'écriture est habile et nous offre de très beaux transports de l'esprit. Il n'y a pas vraiment d'histoire mais de petits récits. Dix courts chapitres. L'homme entraperçu au début ne joue pas un grand rôle, et c'est dommage. Il sert plus de catalyseur et de pique pour l'auteur qui se pose beaucoup de questions.

Lecture plaisante pour le brio de la plume, les anecdotes et les matières à réflexion qui nous sont offerts. L'auteur vit comme au travers des morts, c'est un peu notre lot à tous dès qu'on prend conscience de vivre dans les pas de ceux qui nous ont précédé.

L'amour d'une ville et des gens qui la peuplent, l'amour du passé, l'amour d'une femme dont la description nous touche. Amour ancien, toujours vivant ? Nous n'en saurons pas plus.
Lien : https://www.patricedefreminv..
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Laurent Gaudé nous invite à le suivre dans une traversée nocturne de Paris, désertée de ses habitants mais peuplée des âmes des parisiens d'antan qui s'y sont battus pour la liberté ou pour leurs idées (résistants, communards, joyeux drilles insolents des danses macabres du moyen âge...). Il nous fait aussi entendre l'écho de quelques voix qui ont résonné sur ces pavés : celles de Villon, d'Hugo, de Rimbaud, d'Artaud. Et il y a aussi l'image de son père dont la mort absurde et brutale hante l'auteur. Ce dernier semble un moment hésiter entre la vie et l'appel des fantômes du passé mais son double qui l'a accompagné tout au long de sa déambulation saura le pousser vers la cohorte des vivants avec cette phrase pour viatique : "C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau."

C'est un livre bref, mélancolique et qui m'a touché même si j'ai le sentiment que l'auteur manque ici l'occasion de nous faire (et peut-être de se faire) des aveux plus intimes. Certes l'histoire des deux jeunes cheminots fusillés quelques jours avant la Libération de Paris est bouleversante mais n'est-ce pas aussi une façon de ne rien dire de plus sur la mort de son père, ni sur ce qu'il a ressenti ? Il nous dit que la famille attendait qu'on lui rende le corps (suite à une autopsie) "pour que l'on puisse en prendre soin [...], déposer de la terre sur sa dépouille" et cela lui permet d'évoquer le sort d'Antigone ("Jamais le cri d'Antigone [...] ne m'a été aussi proche")... et donc de regarder ailleurs ! de même, la courte page où il évoque un amour de jeunesse ("Sur tes lèvres, où je déposais mes angoisses de jeune homme et où je prenais les tiennes") se termine bien vite sur une énumération d'hôtels où tous deux se sont retrouvés... hôtels choisis pour avoir hébergé jadis d'illustres écrivains !

Il y a certes "mille vies" dont aurait pu nous parler avec brio Laurent Gaudé et ce livre était évidemment trop court pour les contenir toutes. Mais à côté des quelques écrivains illustres et des quasi-inconnus morts pour la défense de la liberté dont il nous trace un rapide portrait, il y a ces deux autres vies évoquées mais trop habilement escamotées. C'est un regret que j'ai eu à la lecture de cet ouvrage.
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J'ai découvert Laurent Gaudé grâce à Babelio, avec « Eldorado », et j'ai tout de suite aimé cette écriture. Alors je n'ai pas hésité une seconde à acheter ce petit livre lorsque je l'ai vu sur l'étal de mon libraire.

Interpellé par un homme errant sur le parvis de la gare Montparnasse le protagoniste, troublé par la question « qui es-tu ? » que lui pose l'homme, part dans une errance dans les rues de Paris.

Au fil de sa déambulation il plonge dans un espace-temps multiple, fait revivre dans son imaginaire différentes époques. Nous voici témoin de la libération de Paris, du soulèvement étudiant de mai 68, du carnaval au temps de Villon. On croise Rimbaud, Verlaine, Hugo et Artaud, tandis que plane sur notre promeneur l'ombre de son père décédé.

Un récit entre rêve et réalité. Une pérégrination qui convie histoire et philosophie, mélange les morts et les vivants, suscite souvenirs et émotions. C'est toute la diversité et tous les mystères de la ville-lumière qui sont questionnés. 1000 vies, au souvenir toujours vivace ou effacé, à évoquer, rencontrer, explorer, célébrer.

Une lecture qui en période de confinement donne encore plus envie de renouer avec la vraie vie, celle des promenades le nez en l'air à l'affut d'une plaque, d'une architecture, celle des rencontres inattendues, des cafés en terrasse, des diners entre amis, des pauses amoureuses sur les bancs. L'envie de partir à la rencontre de ces mille vies qui nous attendent dans cette ville aux cent villages, aux mille visages.

Une rêverie hors du temps, comme une bouffée d'oxygène en temps de confinement. Un livre trop court qui appelle d'autres flâneries poétiques impulsées par la fine et riche plume de Laurent Gaudé.
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