Le petit bourgueil était bien frais. Nous avons rongé des rillons, mordu dans des tartines de rillettes épaisses comme des édredons, savouré des tomates tièdes, du fromage de chèvre et des poires du verger.
Les enfants justifient les réunions de famille et nous en consolent. Ils sont toujours ce qu'il y a de mieux à regarder. Ils sont toujours les premiers sur la piste de danse et les seuls à oser dire que le gâteau est écœurant.
A part me foutre dans la merde, t'es bon à quoi ?
Vivre, pour elle, est une occupation harassante.
Nous sommes bien différentes pourtant...Elle a peur de son ombre, je m'assois dessus. Elle admire les peintres, je préfère les photographes. Elle ne dit jamais ce qu'elle a sur le coeur, je dis tout ce que je pense. Elle n'aime pas les conflits, j'aime que les choses soient bien claires. Elle n'aime pas sortir, je n'aime pas rentrer. Elle ne sait pas s'amuser, je ne sais pas me coucher. Elle ne s'enerve jamais, je pète les plombs. [...] Elle est romantique, je suis pragmatique. Elle s'est mariée, je papillonne. Elle ne peut pas coucher avec un garçon sans être amoureuse, je ne peux pas coucher avec un garçon sans préservatif. Elle...elle a besoin de moi et moi j'ai besoin d'elle.
"_Tu sais Nathalie, ajoutai-je en lui souriant, le jour où tu aimeras faire pipi dans l'herbe, tu seras beaucoup plus heureuse..."
[...] elle se regardait longtemps pleurer dans le miroir de l'entrée.
Pour se diluer.
Nous n’avons besoin de personne pour nous appuyer sur la nuque. Nous sommes assez grands pour la courber seuls et quel que soit le nombre de bouteilles vides, nous en arrivons toujours à la même conclusion. Que si nous sommes ainsi, silencieux et déterminés mais toujours impuissants face aux cons, c’est justement parce que nous n’avons pas la moindre parcelle de confiance en nous. Nous ne nous aimons pas.
Nous sommes remontés en voiture sans échanger un mot. Carine a sorti une lingette d'alcool de son vanity pour se désinfecter les mains.
Carine se désinfecte toujours les mains quand elle sort d'un lieu public.
C'est à cause de l'hygiène (...). Elle interdit à ses enfants de s'asseoir sur un banc ou de toucher les rampes des escaliers. Elle a du mal à les emmener au square. Elle a du mal à les poser sur un toboggan. Elle a du mal avec les plateaux des McDonald's et elle a BEAUCOUP de mal avec les échanges de cartes Pokémon. Elle déguste avec les charcutiers qui ne portent pas de gants et les petites serveuses qui n'ont pas de pince pour lui servir son croissant. Elle souffre avec les goûters communs de l'école et les sorties de piscine où tous les gamins de donnent la main avant de s'échanger leur mycoses.
Vivre, pour elle, est une occupation harassante.
Je ne dis pas que c'est un saint, je dis qu'il est mieux que ça.