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EAN : 9782072828607
Gallimard (21/03/2019)
3.43/5   22 notes
Résumé :
Trois hommes et une femme dans le Tennessee dans les années 70. Plus tordu que le traditionnel triangle amoureux et très éloigné du carré d’as : Stoneburner et Thibodeaux sont rentrés du Vietnam fracassés, comme les autres. Stoneburner, détective privé qui rêve de se la couler douce au bord du fleuve, accepte cependant de récupérer pour le compte de Cap Holder, ex-shérif et vieux débauché cynique, l’argent d’un deal de coke qui a mal tourné. Et si pour le même prix ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Sandy Thibodeaux et John Stoneburner dans les années soixante-dix, deux pauvres types qu'une guerre du Vietnam a déglingué un peu leurs ambitions et flingué leur avenir. du genre, c'était par leurs guerres, pourtant ils y sont allés, y ont survécu, et se retrouvent maintenant au retour de carnages perdus dans cette Amérique-là. Thibodeaux traîne ses guêtres parmi les décharges du Tennessee, Stoneburner est dans le genre détective privé, sans secrétaire bien roulée. Ils se sont perdus de vue, l'un a sauvé l'autre au Vietnam, à moins que ça soit l'inverse. Ils vont se retrouver dans une affaire de magot, de fuite et de drogue, l'un ayant été engagé par Cap Holder pour retrouver l'autre.

Une Cadillac noire, parait-il qu'elle aurait appartenu à Elvis, Thibodeaux sème ses dollars entre les envolées de poussière. A son bord, Cathy Meecham, si célèbre qu'elle a son nom gravé sur les toilettes des hommes du tribunal. CATHY MEECHAM A UNE CHATTE SUCCULENTE est gravé pour l'éternité à la vue du comté. Je ne demande qu'à goûter, Stoneburner aussi. Comme Thibodeaux. Mais c'est la poule de Cap... Gare à tes couilles, l'ami. La femme de l'autre est sacrée dans cette contrée, même dans les bars où elle affiche le haut de ses cuisses bronzées sur ces hauts tabourets, pendant que quelques barbus louchent en maniant la queue du billard.

Je recherche l'Eldorado noire au fond d'un parking, comme d'autres cherchent des amphores au fond des criques. Une bourrasque de vent fait s'envoler mon stetson, dans un tourbillon de poussière. Je pénètre l'antre de la taverne, odeur de musc et de sueur. le temps que mes yeux s'acclimatent à la violence des néons, je la sens, cette femme pas si fatale, qui fait tant tourner la tête des hommes gravitant autour de son bronzage intégrale. Je m'accoude au comptoir, m'accorde une bière, un rye. La serveuse doit préserver son sourire pour d'autres clients, plus acceptables qu'un vieux bison triste. Verres vides, allégorie d'une vie vide, je remonte dans ce pick-up qui me sert d'autoradio ambulant, un air de Chris Stapleton sur les ondes. Fondre dans le Tennessee, refaire surface dans le Texas, suivre le Mississippi... peu importe la route, la poussière, je poursuis juste ma voie de loser, avec ce polar d'ambiance signé William Gay. Une atmosphère toute en poussière, où il est question de musique country à faire pleurer, tristesse des vies et des histoires d'amour qui finissent toujours mal, Tennessee Whiskey.

J'entends cette guitare, un harmonica, le vent ce cri de jouissance et celui du désespoir après l'éjaculation lorsque tu découvres qu'en plus la bouteille de Tennessee whiskey est vide, une dernière goutte, la meilleure la plus goûtue, celle qui concentre toute son essence. Comme un roman noir, la Cadillac noire s'enfuit dans son road trip semé de poussière et de violence, j'ai tout simplement adoré cette ballade à travers le Tennessee et le Whiskey.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Trois hommes et une femme dans le Tennessee dans les années 70. Plus tordu que le traditionnel triangle amoureux et très éloigné du carré d'as : Stoneburner et Thibodeaux sont rentrés du Vietnam fracassés, comme les autres. Stoneburner, détective privé qui rêve de se la couler douce au bord du fleuve, accepte cependant de récupérer pour le compte de Cap Holder, ex-shérif et vieux débauché cynique, l'argent d'un deal de coke qui a mal tourné. Et si pour le même prix Stoneburner pouvait aussi récupérer Cathy, ravissante blonde à la séduction ravageuse… Seulement voilà, Thibodeaux qui passait par là a repéré la blonde, ainsi que la valise pleine de billets verts qui attendait dans une voiture, la nuit, près d'une piste d'atterrissage désaffectée. La cavale de la blonde et du camé à bord d'une Cadillac noire est à la hauteur des meilleurs films du genre. Étourdis par tant d'argent, ils ne cherchent même pas à brouiller leur piste, entre Tennessee, Mississippi et Arkansas. S'y engouffrent, l'un après l'autre, Stoneburner puis un baron de la drogue local, fort mécontent d'avoir été roulé. L'humour féroce et la noirceur poétique de William Gay sont inégalables.
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Ça aurait pu s'appeler le bon, la belle et le magot. Dans le roman de William Gay, il y a d'abord le gars Thibodeaux, ce mec un peu paumé, rentré depuis peu du Vietnam et qui sur un coup de tête va embarquer et la valise de dollars tombée d'on ne sait trop où par une nuit sans lune, et Cathy Meecham, la plus belle fille du pays, dans la Cadillac noire d'Elvis. Mais elle c'est la poule de Cap Holder et ce dernier n'est pas content du tout ! Et puis il y a Stoneburner, le détective que Cap Holder va lancer sur la trace bien trop visibles des deux fuyards.
Comme dans un bon vieux film américain des années 50, William Gay nous trimbale à travers Tennessee, Texas, Mississippi, à la poursuite de ces deux abimés de la vie et de son détective. Et l'on y retrouve tous les standards du genre, les motels, la boisson, la belle et le junky. Dans cette atmosphère de western des temps modernes, le lecteur embarque, parfois un peu laborieusement du fait de l'écriture si singulière de l'auteur, mais avec bonheur, dans la cavale pas du tout discrète de ces deux paumés...
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Dans les années 70, Sandy Thibodeaux et John Stoneburner ont réchappé à la violence de la guerre du Vietnam et n'en sont évidemment pas sortis indemnes. Ils s'étaient perdus de vue alors qu'ils s'étaient sauvés la vie et se retrouvent par hasard dans une sombre affaire de trafic de drogue…
Ce roman noir, non dénué d'humour, est une sorte de road trip désenchanté à bord de la Cadillac de Sandy Thibodeaux et de la belle Cathy Meecham. Stoneburner, devenu détective privé, est missionné par Cap Holder pour mettre la main sur eux. le lecteur assiste donc à la cavale et emmène le lecteur en voyage à travers le Tenessee, le Texas et le Mississipi. Les deux anti-héros masculins, pour ne pas dire losers, vivent au rythme des bouteilles d'alcool, des arrêts dans les motels, de la musique country et de trafics en tous genres… Une ambiance western agréable et dépaysante qui fait de ce roman une lecture atypique !
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J'ai beaucoup apprécié la construction originale de ce roman noir : les 2 points de vue constituent chacun une partie du livre ; les événements se chevauchent. Cela change de la construction classique où les points de vue sont alternés d'un chapitre à l'autre.
Ambiance noire parfaitement maitrisée ; j'ai trouvé toutefois les personnages un peu stéréotypés (les losers et la blonde fatale). La fin m'a semblé un peu confuse pour la restitution des actions.
Je suis moins emballée que d'autres membres du PicaboRiverBookClub !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Je viens de comprendre ce que tu es. Tu es amorale, déclara-t-il.
Je suis quoi ? Amorale ? Tu te balades avec une mallette remplie de billets de banque volés, et tu me juges immorale ?
Amorale.
Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que les gens écrivent ton nom sur les murs des toilettes publiques. J'ai vu le tien dans celles du tribunal, à Ackerman's Field. Quelqu'un avait marqué : CATHY MEECHAM A UNE CHATTE SUCCULENTE.
Tu mens comme tu respires.
Non, c'est vrai. Si on repasse par là, je te montrerai.
Si c'est marqué sur un mur, c'est toi qui l'a écrit.
Non, ce n'est pas moi. A ce moment-là, je ne savais pas si elle était succulente ou pas.
C'est toi qui a inventé tout ça.
Elle réfléchit quelques instants, puis elle sembla se détendre de nouveau, et Thibodeaux en conclut qu'elle avait décidé de prendre ça comme un compliment.
Ma foi, c'est peut-être vrai, dit-elle.
C'est bien ce que je pense aussi, fit Thibodeaux. Ça aurait pu être pire. Imagine qu’on ait marqué : Cathy Meecham a une chatte sans intérêt.
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Elle ralluma la radio, balayant les fréquences pour trouver une station diffusant de la musique country.
Thibodeaux roula un moment en silence, la route poursuivant son ascension d'une série de sommets bleutés et déchiquetés, dont les dents de scie se détachaient sur un fond de ciel de plus en plus obscur, des lumières de source inconnue surgissant çà et là, aussi imprévisibles que des lucioles. Il pensait aux deux fardeaux dont il était chargé, la mallette pleine de billets et la fille assise à côté de lui : des poids morts qu'il s'était donné beaucoup de mal à soulever, mais dont il découvrait, à présent qu'il les transportait, que s'en débarrasser serait infiniment plus difficile.
Une chanson leur parlait d'amour comme d'un poison. Thibodeaux éteignit brusquement la radio.
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Comment faites-vous pour être bronzée de la tête aux pieds ?
Il y a un promontoire derrière la maison de Cap, avec une petite cachette au milieu des cèdres. Elle est en plein soleil et elle surplombe le fleuve. C'est un endroit vraiment ravissant. Quand je m'y rends, j'emporte une couverture et je m'étends, dévêtue, au soleil.
Pour je ne sais quelle raison, j'ai été frappé par le fait qu'elle ait dit dévêtue plutôt que nue. Ce mot semblait avoir une connotation totalement différente.
C'est réellement un endroit privé. Personne ne vient jamais m'importuner, sauf un type dans son avion de tourisme qui me survole de temps en temps. Vous pourriez y venir avec moi, bien que vous n'en ayez pas besoin, vous êtes aussi brun qu'un Mexicain. Vous êtes métis ? A moitié indien, quelque chose de ce genre ?
Je ne suis qu'un plouc ordinaire.
Vous pourriez me passer de l'huile solaire sur les jambes. Même un plouc ordinaire pourrait le faire.
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La façade du bâtiment était en crépi blanc. CHEZ WILD BILL, annonçait l'enseigne au néon, sous laquelle clignotait une seconde enseigne plus petite annonçant : BIÈRE, BIÈRE, BIÈRE. Sur la vitre de la devanture, on avait peint un homme jovial portant une chemise rouge vif - Wild Bill en personne, probablement. Le personnage semblait sauter en l'air en claquant les talons, brandissant une queue de billard dans une main et une bouteille de bière dans l'autre. En entrant, j'ai capté dans la salle sombre et fraîche un mélange de relents de bière, de fumée de cigarette, de transpiration, et une atmosphère presque indéfinissable de violences anciennes. Quelque part dans un recoin sombre des lumières clignotaient, un flipper crépitait. Une queue de billard a frappé une boule qui a roulé en silence avant de s'engouffrer dans une poche avec un bruit sec. Le juke-box radotait des histoires de rêves inassouvis, des promesses non tenues, de lits désertés.
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Il repartit au volant de son véhicule, les billets soigneusement pliés dans sa poche de devant de son jean. En traversant la ville, il décida d'entrer dans un bar pour boire une bière. Accoudé au comptoir, il tendit l'oreille, intrigué par les voix du juke-box : la rhétorique incendiaire de Barry McGuire annonçant la fin du monde pour demain, puis la voix nonchalante et dédaigneuse de Dylan en personne, qui vous demandait comment vous viviez le fait de vous retrouvez tout seul, comme un parfait inconnu.
Et dans ce bar, on voyait ça et là un type aux cheveux si longs qu'ils lui couvraient les fesses, mais aussi un vrai contingent d'habitués au regard vitreux et aux sourires trahissant la consommation de substances illégales. On sentait chez eux les manies cachottières des initiés. Le monde change, mais ils ne vous diront pas ce qu'il va devenir, parce qu'il est fermé à double tour, et que vous ne saurez pas sous quel paillasson la clé est cachée.
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Vidéo de William Gay
Trois romans comme autant de variations sur les codes du polar. Ancien officier du renseignement israélien, Dov Alfon joue, avec un humour ravageur, des grammaires de l'espionnage et du thriller, entre Paris, Tel Aviv, Jérusalem et Macao. L'Américain William Gay, figure majeure de la littérature du Sud, interprète à sa manière les standards du hard boiled et de la country, sur les traces de Ross McDonald. Quant au Français Olivier Norek, il revisite pied au plancher l'enquête à l'ancienne, dans un village de l'Aveyron, façon Agatha Christie sous amphets.
"Unité 8200" de Dov Alfon (Liana Lévi) "Stoneburner" de William Gay (Gallimard) "Surface" de Olivier Norek (Michel Lafon)
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