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Mon premier achat dans une libraire néo-calédonienne se devait de porter les couleurs du Territoire. Aussi, un recueil de nouvelles m'a semblé être la bonne porte d'entrée.
La courte biographie des sept autrices et auteurs témoigne déjà de la diversité populationnelle présente sur l'île. Kanaks et plus largement Mélanésiens, Caldoches ou Métros, tous vivent aujourd'hui dans une harmonie certainement perfectible, mais néanmoins acquise. Les textes sensibles de ce recueil mettent en lumière des différences culturelles précieuses. Comme souvent, ils préservent la mémoire d'hier et d'aujourd'hui.
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“Nenë, est-ce que mon avis compte vraiment ? Si je dis oui, tout le monde sera content. Si je dis non, personne ne sera content mais tout le monde fera comme si j'avais dit oui !”
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“Elle lui répétait sans cesse que ce n'était pas parce qu'on vivait en tribu qu'il fallait être négligé ou se négliger !”
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“Aujourd'hui elle est goudronnée, les courbes sont mieux tracées, les lignes droites semblent plus courtes, peut-être parce que nous y roulons plus vite maintenant qu'il n'y a plus aucun nid-de-poule, la magie n'est plus sur cette route…”.
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“Après la rafle et mon évasion du commissariat, j'étais passé de main en main, toujours à couvert, toujours caché, pour aboutir ici, à cette grande maison sous les arbres, avec monsieur Lucien, Madame et Yasmina.”
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“Pas l'illusion, pas le mensonge, pas les noeuds, pas les vagues, pas le trou vide creusé par une main humaine dans lequel tous vont comme un seul, non, juste mon horloge naturelle comme étoile et même si celle-ci erre dans l'éther, cet espoir, j'y crois.”
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“Mais au matin, les jambes bien assurées et le chapeau en arrière, il était à la Flottille, prêt à embarquer pour l'île des Lépreux.”
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“Ces Blancs, tout de même, quelle drôle d'allure ils avaient, toujours allant vers on ne savait où, avec une certitude dont elle avait vite appris qu'elle n'était bien souvent qu'apparence.”
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Le mois de Juillet s'annonçait sec et ensoleillé le jour, humide et froid la nuit. Le temps des labours se présentait sous les meilleurs auspices. La grand mère aidée de Hula préparait les affaires pour une semaine de retraite dans les champs. Comme chaque année, la vieille dame disparaissait de la tribu, s'isolait dans les champs, s'attelait aux travaux de la culture d'igname et ne réapparaissait à la tribu que quand le fameux tubercule était enfin en terre et qu'elle n'avait plus qu'à attendre qu'il veuille pointer ses jeunes feuilles bourgeonnantes.