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EAN : 9782955891063
59 pages
Éditions de la Reine Blanche (07/08/2019)
4.07/5   7 notes
Résumé :
On pense à Annie Ernaux et aux photographies qui, dans "Les Années", organisent le récit et restituent le temps social et intime, images absentes que le lecteur, par procuration, découvre et souvent reconnaît, car ce sont les photos de tout le monde, ou du moins les photos d’un monde qui a la familiarité de l’album de famille, sorte d’objet universel et partagé. Arnaud Genon inscrit son projet dans ce qu’il convient peut-être de considérer désormais comme un genre :... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai été agréablement surprise à la lecture de ce petit livre reçu à l'occasion d'une "masse critique". Je remercie en conséquence beaucoup Babelio et les éditions "La reine blanche" pour ce cadeau.
Trois personnes ont contribué à l'élaboration de cet ouvrage.
- L'auteur, Arnaud Genon, reconstitue l'enfance de sa mère, décédée prématurément, ainsi que ses propres souvenirs de jeunesse, à l'aide de photographies argentiques sorties de leur boîte à l'occasion d'un jour pluvieux. Il les examine en compagnie de sa propre fille. Tout en les détaillant dans une langue claire et concise, il s'interroge et nous permet de réfléchir sur la mémoire et le temps.
- le photographe, Hugues Castan, immortalise cet instant et ce lieu (la maison où ils se trouvent) en nous montrant les photographies éparses autour d'eux, ces photos qui ressuscitent des détails oubliés.
- La préface de Marta Caraison nous permet de mieux entrer dans le récit.
Les manchettes de la couverture présentent une courte biographie de chacun-e des contributeurs et contributrice à ce livre.
Celui-ci m'a plu et je le relirai aisément.
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Le titre m'a attiré, je l'ai trouvé paradoxal pour évoquer le rapport que l'on entretient avec les photos de famille.
Il s'agit d'un recueil de courts fragments dans lesquels Arnaud Genon, d'une plume élégante et sensible, tente de reconstituer une généalogie en regardant des photographies familiales à propos desquelles il ne sait pas grand-chose.
Il explore sa famille maternelle sans le récit maternel puisqu'il a perdu sa mère à l'adolescence.
Cette exploration des traces le conduit à toutes sortes de réflexions dans lesquelles le lecteur, sensible au temps qui passe, peut piocher matière à penser.
L'auteur se livre avec pudeur au détour de quelques- uns de ces fragment ( le talisman- les photos à blanc) On passe du général au particulier puis du particulier au général.
Voilà un petit livre bien agréable ( 104 pages ) illustré de quelques photos qui ne sont pas celles contemplées avec acuité par l'auteur, à laisser sur sa table de nuit pour y glaner de jolies pépites.
Merci à Babelio et son opération Masse critique ! Merci aux éditions de la Reine Blanche pour ce bel objet.
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C'est un joli livre mince édité avec soin - une centaine de page - presque plus petit qu'un poche. Il est composé d'une préface de Marta Caraion, prof à l'Université- préface que j'ai re parcourue après avoir lu le livre - qui décrit plutôt justement la réalisation de Arnaud Genon. le "niveau" - université oblige sans doute -y est assez élevé : on comprend mieux si on connait les mots herméneutique, narrativisation, ontologie, topiques, phénoménologie, intertextualité.. J'ai donc redouté un texte par trop exigeant pour mes neurones, comme l'avait été, il me semble, le livre de Susan Sontag cité dans le livre.
L'écrit de Arnaud Genon est plus accessible : une quarantaine de parties brèves (souvent 2 petites pages à peine remplies, voire une seule) de réflexions qui nous ont probablement déjà tous effleuré (en tous cas pour ceux d'entre nous, très nombreux, qui avons connu l'expérience de la photographie argentique et des photos sur papier qu'on a plus ou moins classées dans des albums) mais qui ont le mérite d'être exprimées ici, dans un langage simple mais juste. Il l'a dit lui-même : ce sont des fragments
Le plus intéressant, le plus pertinent, se trouve dans le dernier paragraphe de ces brèves pages, voire dans la dernière phrase. Et cette dernière phrase - voire le dernier mot - est, au moins par 2 fois émouvante.
A. Genon, qui a eu l'intelligence avec l'éditeur, de ne pas nous montrer les photos qu'il évoque (qu'il invoque ?) pour que nous puissions y substituer les nôtres, pointe davantage ce que ne peut pas ces images et exprime, entre autres, le paradoxe apparent de la photographie dont on attend vainement qu'elles remplacent les souvenirs non-photographiques que nous avons dans notre mémoire.
Lui (l'homme qui a écrit) est d'ailleurs le grand invisible de cela car il ne se décrit pas, parle peu de sa vie récente, reste plutôt en retrait et ne se montre pas ni ne se fait entendre - préférant confier cela à sa petite fille - sur le site internet où l'on peut voir les photos qui ont inspiré ce travail d'écriture et que je conseille d'aller visiter après la lecture et non avant.
Au risque de me tromper, je pressens un homme pudique, qui ne lève pas la voix, doux, sensible, discret, voire un peu solitaire et qui a été sans doute irrémédiablement imprimé par ce qu'il s'est passé beaucoup trop tôt dans sa vie et que quelques photographies ne permettent pas d'en atténuer l'effet.
J'ai songé à Vincent Delerm et ses chansons.
Photographe, j'étais intéressé par ce livre, entre autres, lors d'une Masse Critique et je remercie la maison d'édition la Reine Blanche, ainsi que Babelio, de m'avoir offert l'occasion de nourrir mon questionnement sur cette pratique somme toute étrange de "faire" ou de "prendre" des photos et, ce qui est le sujet de ce "récit" (d'une expérience largement partagée mais peu interrogée), de regarder ces éléments matériels tirés d'un passé mais qui ne le font revivre que très partiellement et imparfaitement
Mieux que moi, Arnaud Genon écrit (p.14) : " la photographie, en saisissant un présent instantanément mué en passé, joue les revenants, en éternisant ce moment révolu".
Mais elle ne fait pas revenir ceux qui sont partis.
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Étrangement c'est d'abord son physique qui m'a séduit. Ce petit livre est un très bel objet. Couverture sobre, papier épais de qualité, pages légèrement sépia, police de caractère simple et élégante.

Le sujet ensuite. L'après-midi d'un dimanche pluvieux, Arnaud Genon regarde des photos de famille. Des portraits d'aïeux inconnus, des photos de ses parents, d'autres époques, d'autres lieux, d'autres attitudes. Une succession de clichés pour parcourir un passé familial figé en noir et blanc, parfois inconnu et dans lequel flotte quelques souvenirs.

Au fil d'une succession de très courts chapitres d'une à deux pages, il nous livre les émotions et les réflexions qui le traversent en regardant ces clichés. Il parle simplement du pourquoi des photos, des photos floues et des photos ratées, des photos de famille, des portraits de ses aïeux, des parents redevenus enfants, du photographe toujours absent des clichés, de ce que dévoilent les objets et le décor.

Et pourtant on ne verra pas les photographies qui provoquent tant de choses chez Arnaud Genon. Quelques beaux clichés pris par Hugues Castan illustrent le l'ouvrage mais les photos originales, elles, sont absentes pour que chacun puisse y superposer les siennes.

A noter l'introduction de Marta Caraion sur la photographie. Brillante mais un peu difficile pour moi (quelques mots que je ne connaissais pas comme "herméneutique").

Voilà, j'aime ce livre et je vous invite à le lire. Merci a Babelio et masse critique pour cette belle découverte.
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« Comment établir un dialogue avec ce qui n'était que des surfaces photosensibles ? » (3). C'est à cette question que songe, en 2003, au coeur du cinquième livre de Nathalie Rheims, une narratrice quelque peu déboussolée qui, alors qu'elle vient de prendre possession d'une maison qu'un mystérieux inconnu lui a léguée par testament, découvre, tapissant les murs de chacune des pièces, agencée en une sordide scénographie muséale, toute une collection de portraits. Hommes, femmes, enfants, célébrités ou anonymes, y sont représentés, sereins, les yeux clos. Sur la pellicule ils posent, ils reposent ; à jamais ils se reposent, paradoxalement immortalisés, fixés, figés pour toujours, dans l'éclatante noirceur et l'éternelle fulgurance du dernier souffle.

Les formules oxymoriques de la phrase précédente ne sont pas choisies par hasard. Parce qu'elles expriment, peut-être mieux que nulle autre, l'ambivalence constitutive du tout « geste photographique » (p. 57, 87), même lorsque celui-ci est raconté a posteriori avec le recul de l'analyse objective : faire (per)durer l'éphémère, rendre compte d'un flux temporel tout en cherchant à l'interrompre. Cette dualité, me semble-t-il, est cruciale pour qui veut percer la mécanique souterraine des Indices de l'oubli, le dernier récit d'Arnaud Genon, remarquablement préfacé par Marta Caraion et illustré par les belles photos d'Hugues Castan, que les Éditions de la Reine Blanche ont fait paraître en août 2019. En effet, bien que ce mince ouvrage ne soit pas exclusivement tourné vers l'imagerie mortuaire (la problématique du deuil n'en sera pas pour autant écartée ; l'auteur l'abordera avec pudeur par le truchement de la figure maternelle qui innerve l'ensemble du texte), force est de constater que, dans ce « roman archéologique sans mot » (p. 18), l'inlassable travail de « fouille photographique » (p. 8) – qui a tout d'une exhumation – reste au service d'une réflexion (tant lumineuse qu'intellectuelle), voire d'une « épreuve métaphysique » (p. 102).

Que les lecteurs se rassurent ! Ils ne trouveront dans ce livre ni commentaires techniques professionnels ni dissertations philosophiques poussées. Non, Les indices de l'oubli n'a rien d'un essai. Il ne s'agit pas (ou pas uniquement) d'interroger la photographie en tant que discipline artistique. On a plutôt affaire à une (en)quête des sensations. Ce qui prime dans ces pages, en réalité, c'est, bien plus que la chronologie d'un passé que le sépia tenterait froidement de re(con)stituer, l'impression esthético-mnésique que les clichés sélectionnés au gré des découvertes – saines oasis « abandonnée(s) au milieu d'un désert d'images » (p. 25) – laissent, de façon plus ou moins durable, sur la rétine du narrateur-observateur. Ce dernier, en une paradoxale « variation proustienne » (p. 65) qui s'efforce de « rester en-deçà de la tentation fictionnelle » (p. 9), se penche sur l'oubli, les fluctuations de la mémoire et du temps. Il ouvre, pour lui-même et avec nous, sa chemise bleue. C'est un porte-documents cartonné tenu par des élastiques, on le sait. Mais quand bien même il aurait été question du vêtement, l'effet eût été identique.

Car ce qu'Arnaud Genon construit dans cette petite centaine de pages, ce n'est ni plus ni moins que son très guibertien « mausolée des instants de vie » (p. 55) : en cherchant à se retrouver lui-même à travers les autres, dans l'ailleurs de ses aïeux, il esquisse (autant qu'il révèle) une sorte d'autoportrait oblique, une autobiographie de la lumière dans laquelle, par petites touches discrètes, avec pudeur et délicatesse, il se met métaphoriquement et progressivement à nu.

Ce n'est pas son anatomie qu'il dévoile, mais plutôt les chemins de son intimité, les petites routes, les sentiers buissonniers de sa vie, avec leurs tours et leurs détours, Les souvenirs de l'ombre resurgissent, recomposés verbalement dans le présent éclairé de l'énonciation littéraire, avec, comme maîtres-mots, partage et universalité.

Alexandre Dufrenoy
Lien : http://www.autofiction.org/i..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L’instantanéité du numérique a bouleversé le geste photographique. Il suffit désormais de sortir son smartphone de sa poche et de saisir tout et n’importe quoi...
Le résultat est immédiat, on conserve ou on jette l’image qui gagne la mémoire virtuelle de notre appareil ou de notre ordinateur. Les photos s’accumulent dans l’espace de nos disques durs, se perdent parfois ou s’effacent par de fausses manipulations. Peu importe, elles sont si nombreuses qu’on ne les regarde plus ou quelques instants seulement. L’important est de les prendre. On les poste sur les réseaux sociaux pour que nos amis, nos followers, les voient. Elles ne sont plus ce que l’on souhaite garder mais ce que l’on désire montrer de nous. Une fois diffusées, on recommence. Les photos ne sont plus le refuge du passé mais la mise en récit de notre présent.
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Pourtant, ces images-là, celles qui ne correspondent pas à l'esthétique conventionnelle de la photo de famille ( centrage, sourire de circonstance, tenue appropriée, coiffure maîtrisée) possèdent un charme inné, révèlent les failles, les accidents et les abandons. Peut-être mentent-elles moins que les photos conservées qui nous suivront une partie de notre vie, elles en disent plus par leurs maladresse, que les masques artificiels appelés à venir trôner au dessus de nos cheminées.
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C’est une chose étrange que de regarder des photos de ma mère lorsqu’elle n’était âgée que de quelques années. J’y vois tout d’abord l’enfant qu’elle fut et tente ensuite d’y reconnaître l’adulte qu’elle devint. Il y a les traits, le regard, le sourire, la posture, le pli des cheveux...Mais ma mère n’est plus là aujourd’hui. Les photos où elle figure à cet âge n’appellent pas à être reliée à un présent d’où elle est absente : le fil du temps a été rompu. Le présent est désormais le mien la regardant enfant, moi qui suis père d’enfants ayant l’âge qu’elle avait sur ces images. Et je ne peux m’empêcher de la voir avec une tendresse paternelle, d’y trouver une petite fille que j’aimerais enlacer, embrasser, que j’emmènerais à la plage. En fait, cette petite fille, rendue à elle-même, à ce qu’elle est sur la photographie (et non pas à ce qu’elle deviendra plus tard), pourrait être ma fille .Le temps d’une photo, devenir le père de sa mère…
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Ce que l’on aime généralement dans la photographie de famille, c’est qu’elle nous restitue son histoire. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas tant –ou pas seulement -le moment de l’image volé au temps, que le temps qu’il nous rend malgré lui, malgré nous. Lorsque je regarde une photo où figurent des visages familiers, d’autres images –mentales celles-là -s’agrègent. Une narration s’élabore, une suite de petits riens qui me ramènent à moi-même, à celui que je fus. La photo est, dans ce cas-là, un retour : à la mémoire, dans le passé, verbal. Mais l’image de mes arrière-grands-parents me projette dans un continuum d’où je ne peux rien ramener. J’en reviens les mains vides, et frustré. (p. 24)
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Je fis alors l'expérience étrange de ce que racontent et de ce que ne racontent pas les photographies de notre passé, l'expérience de ce que sont des images amnésiques.
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