A la fin de Sailor et Lula, la terrifiante Perdita Durango mettait les voiles. Nous retrouvons la Nasty Girl Mexicaine en couple avec son double masculin, Romeo Dolorosa, tout un patronyme.
Le couple de tourtereaux n'a rien à voir avec l'univers de Shakeaspeare, mais plutôt avec celui de Tobe Hooper.
Voleur et trafiquant, Romeo est aussi un Santero, qui pratique le vaudou pour terrifier les pauvres gens et il ne dédaigne pas intégrer le sacrifice humain à ses rites, histoire d'asseoir son autorité.
Perdita Durango. Quinze degrés et temps pluvieux est le récit d'un road-tripes sanguinaire, avec enlèvement de gringos, transport illégal de placenta humain pour produits cosmétiques, et rivalités de cartels. Dans l'univers impitoyable des trafiquants mexicains et chicanos -« A trois, on peut garder un secret si les deux premiers sont morts »-, la rencontre explosive de Perdita et Romeo attise les braises.
Riche idée qu'a eu Barry Gifford de consacrer un volume à cette femme énigmatique qui ne faisait que passer dans Sailor et Lula. Sa vie n'a été que violence, elle n'est que violence, ne connait aucune inhibition, aucune barrière morale. Sailor et Lula formaient un couple romantique (version Gifford tout de même), Perdita et Romeo en sont une version nihiliste extrême, qui refuse toute norme sociale.
Comme souvent chez Gifford, les chapitres sont courts, 2 à 4 pages, les scènes se suivent vitesse grand V, comme un cartoon sanglant. Même si Alex de la Iglesia a consacré un long métrage à ce roman en 1997, avec Rosie Perez dans le rôle titre (et Javier Bardem, qui restera dans l'histoire du cinéma avec la coupe mulet à la mexicaine la plus hideuse jamais vue à l'écran), on se souvient davantage de Perdita sous les traits d'Isabella Rossellini. Son rôle, assez court, dans Wild at Heart de David Lynch, a marqué les esprits, et pas juste à cause de ses sourcils, qui faisait d'elle la fille cachée de Groucho Marx et de Frida Kahlo.
L'incursion de Gifford dans le Dark Deep South se poursuit avec Jour de chance pour Sailor, et c'est tant mieux.
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- Ça m'a toujours plu que tu mettes pas de culotte, dit-il, quand Perdita remonta dans la voiture.
- C'est plus pratique comme ça, répondit-elle. Autrefois j'en portais une, mais un jour je l'ai retirée et j'ai oublié de la remettre. Maintenant, je sais même pas s'il m'en reste une quelque part.
Tous les gens se prennent pour des critiques, de nos jours. Il ne faut pas s'étonner, après ça, que le monde soit devenu un vrai merdier. Personne n'est plus d'accord avec personne.
Cette Perdita, elle n'a pas l'air commode, mais c'est une véritable bombe sexuelle.
Le soleil se leva et coupa en deux le froid du petit matin.
Interview de Barry Gifford
Interview de Barry Gifford à l'occasion de la sortie de son roman "American Falls"