Ce tome fait suite à "Style > Substance" (épisodes 1 à 5). Il contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2013, tous écrits par
Kieron Gillen. L'épisode 6 est dessiné et encré par Kate Brown, les épisodes 7 à 10 sont dessinés et encrés par
Jamie McKelvie et
Mike Norton
Épisode 6 - David Alleyne (Prodigy, un jeune ancien mutant) est employé comme opérateur téléphonique pour un numéro d'urgence à destination des individus dotés de superpouvoirs et ayant besoin de réponse à des questions comme "Comment échapper à Elektra ?", ou "Comment désamorcer une bombe extraterrestre ?". Il n'en peut plus de ce boulot ingrat. La même entreprise emploie Tommy Shepherd (Speed) pour effectuer des montages électroniques complexes dans des délais très courts. Ensemble, ils vont enquêter sur un vol dans l'entrepôt de l'entreprise.
Épisodes 7 à 10 - Suite à leurs aventures du premier tome, les Young Avengers effectuent des missions au fil de l'eau, la dernière en date consistant à intercepter des extraterrestres (des Skiflefluffes) se faisant passer pour des Skrulls en goguette. Après cette interception, ils se rendent dans leur café préféré pour débriefer. C'est là que Hulkling, Marvel Boy, Kid Loki, Wiccan, Miss America et Hawkeye sont interpellés par David Alleyne (Prodigy) qui leur décrit une apparition de Patriot. Grâce à un nouveau pouvoir de Miss America, les Young Avengers se lancent à travers les dimensions pour retrouver leur coéquipier.
Le premier tome dégageait un arôme de fraîcheur, au sein de métacommentaires discrets et efficaces. C'est donc plein de confiance (et avec un haut niveau d'attente) que le lecteur plonge dans ce deuxième tome. Il découvre une scène statique et drôle avec David Alleyne répondant à des questions saugrenues. La découverte du boulot de Tommy Shepherd est déjà plus conventionnelle. Si l'intrigue n'est pas désagréable, le fait qu'elle soit apparemment déconnectée des 5 épisodes précédents (sauf pour la participation de Speed) diminue fortement son intérêt. La réapparition d'un personnage comme Prodigy risque de ne pas susciter beaucoup d'émoi, sauf parmi les fans les plus acharnés des nouveaux mutants. Qui plus est,
Jamie McKelvie cède sa place à Kate Brown, pour un style également épuré, mais avec une propension agaçante à dessiner la tête de Speed à la manière d'
Akira Toriyama, en décalage avec le reste des personnages.
Le lecteur reprend confiance avec les 4 épisodes suivants qui mettent en scène l'équipe.
Kieron Gillen retrouve son dosage de comédie (avec les interactions personnelles entre les Young Avengers), de ressorts superhéroïques (voyages d'une dimension à l'autre et échanges de coups et de superpouvoirs), d'intégration de références pointues de la mythologie Marvel, et d'un soupçon de métacommentaire. C'est ainsi que les doutes de l'authenticité de la relation entre Hulkling et Wiccan sont creusés. Il apparaît un antagonisme immédiat entre Loki et Prodigy. le lecteur assiste à un nouveau baiser aussi surprenant qu'inattendu. Côté superhéros, chaque épisode comprend un ou deux hauts faits d'un superhéros, mais il s'agit d'une composante secondaire.
Kieron Gillen fait partie de ces scénaristes disposant d'une grande culture Marvel, et utilisant à bon escient des personnages méconnus ou oubliés. Dans ce tome, il y a donc le retour de Prodigy (personnage de la série New Mutants), mais aussi l'inclusion d'Ultimate Nullifier (en provenance de Vengeance, ancien compagnon d'armes d'America Chavez), une réapparition de Leah (en provenance de "Journey Into Mystery", voir "Fear itself fallout"). Gillen va également piocher dans la minisérie "Marvel Boy" de
Grant Morrison et JG Jones pour ramener les anciennes relations amoureuses de Noh-Varr (Meree et Exterminatrix). Évidemment le risque de ce genre de procédé est de perdre une dimension de signification pour le lecteur occasionnel ; c'est ici le cas pour ces références très pointues. D'un autre côté le lecteur au fait de cette continuité attend que Gillen l'étoffe ou s'en serve pour faire ressortir des aspects inattendus. Or ici, une personne comme Exterminatrix semble finalement sous-employée, une référence sous-exploitée, pas vraiment gratuite mais manquant de signification.
Sur le plan des thèmes,
Kieron Gillen reste parcimonieux. Il y a bien sûr le thème central de la série sur l'émancipation des adolescents, et le rapport à l'amour maternel. Il y a la séquence plus imagée dans l'épisode 10 où Mother s'empare et manipule les phylactères de plusieurs personnages. Il y a également toutes ces séquences qui se déroulent sur fond blanc, avec quelques traits droits figurant les bords de parois rectilignes. Cela permet à McKelvie de jouer légèrement avec le bord des cases, et surtout de s'économiser sur les décors. le partage des tâches entre lui et
Mike Norton n'est pas précisé. Il semble que McKelvie est réalisé la majeure partie, voire l'intégralité des visages, qui conservent leurs traits fins et leur délicatesse, ainsi que leur expressions nuancées. Il est probable que Norton l'ait aidé pour les silhouettes et une partie des décors. Globalement ces épisodes conservent l'apparence délicate du premier tome, avec une impression de vacuité dans quelques séquences.
Alors que le premier tome avait impressionné par son intelligence et sa sensibilité (tant pour l'intrigue que pour la mise en image et les personnalités), ce deuxième tome déçoit par son manque de substance, sa propension à faire usage d'une continuité complexe (tout en la sous-exploitant), et à proposer des visuels parfois trop épurés. Entre 3 et 4 étoiles en fonction de l'investissement émotionnel du lecteur dans les personnages. Cette saison des Young Avengers se termine dans "Mic-drop at the edge of time and space" (épisodes 11 à 15).