En fille du sud, "
regain" a longtemps été pour moi uniquement le titre du roman emblématique de
Jean Giono. Adolescente, J'en avais saisi le sens par association d'idées, puis cette fois-ci j'ai découvert qu'il y avait bien un nom commun derrière ce mot qui pour moi représentait tout un monde cher à mes yeux, un univers intime.
Préparez-vous à sentir la chaleur du midi vous accabler, à croiser ces nomades pittoresques, le rémouleur, le puisatier, à guetter les cailles et surtout à avoir le visage fouetté par le mistral, personnage à part entière du roman. Toute la nature par ailleurs prend vie et joue son rôle. C'est un véritable conte terrien, on entend le patois toutes les lignes, la terre rocailleuse, les relations rugueuses mais aussi la vie qui jaillit, la nature qui prend le dessus. Et c'est bon. comme les draps blanc rêches qui sont ressortis de l'armoire par la femme qui s'installe chez Panturle.
« ça fait chaud dans tout son corps comme si d'un coup, l'été avec toutes ses moissons se couchait sur elle ». Oui ne faire qu'un avec le pays et s'y laisser engloutir
Un drôle de conte contemporain par les temps qui courent en chantant le retour à la terre, mais des décennies avant notre époque. On assiste ainsi aux prémices de la renaissance de ce village, avec les essentiels, une pomme d'automne à savourer, la moisson, la promesse d'une naissance…
Enfin il y a la langue de
Giono si riche et crue, qui s'accorde avec ce récit de reviviscence d'un homme, d'un village, qui suit le rythme de la Nature. Ses images suffisent et les figuiers, la grangette, les genévriers s'animent et deviennent les éléments d'un seul monde tangible et poétique.
« alors on s'en est allé hors de la bonne route, dans des quartiers perdus où le ciel était collé si fort contre la terre qu'il fallait forcer de la tête pour passer entre les deux ».