AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 1468 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Un roi sans divertissement", avant d'être un livre de Giono, c'était pour moi un film, avec une chanson magnifique de Brel. Puis, par curiosité et désoeuvrement, j'ai lu l'histoire. Et il n'y avait pas d'histoire, ou alors celle d'un homme perdu entre ses convictions, ses habitudes, et ses visions fugaces d'autre chose. Un homme qui traque un tueur en série. Puis un loup gigantesque. Puis qui n'a plus personne à traquer, et alors il part à la chasse de lui-même.
Quand j'ai refermé ce livre, j'ai senti que je n'étais plus la même, ça a dû vous arriver aussi ? Depuis je ne l'ai plus jamais relui, et même si ça m'arrivait, je sais que ce ne serait plus le même livre.
Mais je vous souhaite, de tout coeur, une rencontre comme celle-ci avec un texte aussi grandiose
Commenter  J’apprécie          70
Les années de guerre ont dévié la trajectoire de Jean Giono : l'écrivain-poète, chantre des plateaux de la Haute-Provence, le célébrateur de la communion entre l'Homme et la nature, l'auteur de la « Trilogie de Pan » et du « Chant du monde » (entre autres), cet homme-là a été rudement touché par les attaques dont il a été l'objet pendant l'Occupation et la Libération. Son pacifisme, le retour à la terre qu'il prônait (et que Vichy récupérait à son compte) ont amené à son encontre un ostracisme littéraire qui l'interdira de publication. C'est dans cet état d'esprit qu'il se résout à une écriture plus alimentaire : les « chroniques » (c'est le nom qu'il donne à ce type de romans) indiquent une orientation nouvelle, avec moins de lyrisme et moins de poésie, mais plus d'ironie et un humour teinté d'amertume, voire de dérision. le nom « chroniques » est révélateur : il fait directement référence aux « Chroniques italiennes » De Stendhal (Stendhal, un des dieux de son panthéon). La première de ces chroniques est « Un roi sans divertissement », la deuxième « Noé » que suivront « Les Ames fortes », « Les Grands chemins », « le Moulin de Pologne » etc. en attendant le cycle du « Hussard ».
« Un roi sans divertissement » trouve donc un intérêt majeur dans sa place dans le parcours littéraire de Giono. Ce n'est pas le seul : ce roman est singulier également par son sujet, et par la façon dont il est traité : dans les années 1843-1848, dans la région de Trièves (où se déroulait déjà l'action des « Batailles dans la montagne », un gendarme, Langlois, traque un tueur en série (un sérial killer, en français moderne), puis revient dans le pays, envisage même de se marier, mais, obsédé par la vue du sang, ne pourra échapper à son destin. Giono, même nouvelle manière, reste Giono : toujours aussi fluide et limpide, apte à nous faire deviner sous l'immaculé de la neige, la noirceur des caractères, (et leur désarroi), une humanité sans fard, aussi cruelle que la nature dont elle fait partie.
Pourquoi ce titre ? « Un roi sans divertissement » fait référence à une des « Pensées » de Pascal : « … de sorte que s'il (le roi) est sans ce qu'on appelle divertissement, il est malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit ». Il faut donc se divertir, non pas pour être heureux, mais pour ne pas être malheureux. Langlois, par ce qu'il a vécu et par ce qu'il vit encore (une obsession de nature psychotique) ne peut qu'être malheureux, et donc privé de divertissement. Mais on peut pousser l'analyse plus loin : le divertissement est également tout ce qui permet de ne pas penser à la mort. Et Langlois est bien dans ce cas de figure : la mort l'habite depuis qu'il a tué le tueur, et lui interdit donc tout divertissement. « Un roi sans divertissement » est un roman où la mort rôde. Pas sur le mode fantastique, mais sur le mode personnel, intime, et là encore, en communion avec cette nature secrète, mystérieuse, sourdement hostile.
La lecture de ce roman n'est pas des plus facile : la multiplication des narrateurs, celle des personnages, les allers-retours entre le présent et le passé, la complexité du thème, tout cela peut rebuter le lecteur ou la lectrice, surtout s'il (ou elle) a encore en tête la luminosité et la simplicité biblique de « Colline », « Un de Baumugnes » et « Regain ». Il y a sans doute une autre façon de lire Giono : c'est simplement s'installer dans la barque de ce batelier pas comme les autres, lui faire confiance et se laisser aller au fil de l'eau, les images feront le reste.

Commenter  J’apprécie          199
Une première lecture difficile, j'avais l'impression de passer totalement à côté du sujet de l'oeuvre. Pourtant, je pouvais sentir au fond de mon coeur de lectrice, une curiosité en ébullition qui me hurlait de relire afin de comprendre ce qu'essayait de nous communiquer Giono. Mais cette fois-ci, je ne voulais pas partir sans armes, je voulais être sûre de saisir le sens implicite de ce roman. J'ai cherché, j'ai lu des articles, et après je me suis replongée dans "Un roi sans divertissement". Et là, j'ai compris quel chef-d'oeuvre j'avais entre les mains. J'ai découvert un monde fascinant, une vérité troublante et tout ce qui fait un récit stupéfiant de génie. J'ai été bousculée dans mes habitudes et quelle sensation extraordinaire que de rencontrer une histoire avec laquelle vous vous sentez en phase ! Merci monsieur Jean Giono pour ce moment privilégié, merci la lecture pour toutes ces aventures !
Commenter  J’apprécie          00
Moi qui pensais lire avec Les âmes fortes un roman particulier de Jean Giono, je découvre avec Un roi sans divertissement que je me suis trompée sur toute la ligne. Les déconstructions narrative et stylistique, mimant à la perfection l'oralité des histoires racontées au coin du feu, nous mènent cette fois dans un village du Vercors, qui assiste, à partir de l'hiver 1843, à des disparitions hivernales. Disparitions qui trouveront leur explication avec l'arrivée de Langlois, capitaine de gendarmerie venu d'abord pour enquêter, qui deviendra ensuite, jusqu'à la fin, le personnage principal, que l'on suivra par l'intermédiaire de divers villageois.

Cette histoire, qui commence dans la noirceur d'une manière paradoxale, puisqu'elle décrit dans le même temps, avec une magnifique poésie, la beauté du silence et de la blancheur hivernaux, se termine aussi dans la noirceur, bien que les évènements, et Langlois, aient taché d'en sortir. Noirceur qui symbolise, avec beaucoup de force, le divertissement humain, ou plutôt le manque de divertissement humain, Pascal et ses pensées bien sûr en exergue de cette histoire, et de ce roman, qui nous décrit, au bout du compte, avec une incroyable lucidité, la banalité du Mal.

C'est une deuxième lecture réussie de Giono, romancier que j'aurai donc découvert sur le tard, et que j'aimerais avoir découvert plus tôt, finalement.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
Commenter  J’apprécie          352
Là où la plupart des romans de Jean Giono débordent de la lumière et de la chaleur de la Provence, Un roi sans divertissement est son grand livre de l'hiver et de l'obscurité. Dans un village au pied du Vercors, de mystérieux meurtres sont commis par un criminel insaisissable. Éloigné de tout, bientôt enseveli sous la neige, le village ne peut compter que sur la sagacité du capitaine Langlois, dépêché sur place pour identifier le coupable. Mais celui-ci, une fois découvert le mobile des meurtres, pourrait bien se trouver quelques points communs avec l'assassin...

De l'embrasement de l'automne aux traces de sang dans la neige, la nature chère à Giono se fait ici plus que jamais menaçante, comme si elle était complice du noir secret des âmes. D'une modernité toujours aussi éclatante par sa forme qui oscille entre roman policier et psychologique, Un roi sans divertissement renouvelle ainsi radicalement les thématiques qui parcourent toute l'oeuvre de Giono en leur conférant une aura de solennité et de mystère évoquant une initiation rituelle. Car dans le silence feutré du village endormi sous la neige, c'est la puissance du Mal en chacun qui se révèle peu à peu, et cette implacable cruauté dont les hommes peuvent faire preuve pour tromper l'ennui.
Commenter  J’apprécie          100
J'ai longtemps été fascinée par ce roman, sa réflexion sur le sens de la vie, la vacuité de l'existence. La réflexion de Giono reste très contemporaine. Qu'est-ce qui pousse un individu à donner la mort ? que recherche t-il ? à quel besoin ou pulsion répond t-il ? C'est la question que pose ici Giono.

Commenter  J’apprécie          00
Un récit flou qui nous emporte et dont on sort vidé, sans nécessairement être capable d'en retracer le cheminement, tous les éléments qui se superposent tendant à effacer les précédents.
En tâtonnant, on parvient à penser : l'arbre, la scierie, la rivière, les meurtres, Chichiliane... puis Langlois et la façon dont, tout naturellement, il vient s'intégrer au récit, pour en devenir presque le point central.
Ainsi, on pourrait dire que la narration - qui semble morcelée, issue de vieux souvenirs ou de récits épars - nous déplace entre divers éléments du récit, qui se superposent afin de l'étoffer et de le faire avancer, mais laisse parfois lae lecteurice sans éclaircissement sur certains points, en laissant des non-dits quant aux liens entre certains événements. Dans cette superposition interviennent des personnages, qui semblent chaque fois débarquer de nulle part et pourtant s'intégrer à l'histoire comme si toujours leur place avait été au coeur de ce récit mystérieux. de ces personnages, on retiendra, en apprenant peu à peu à les connaître, une impression globale assez étrange, constituée de cet amas d'éléments qui s'ajoutent au fil des divers événements.

En définitive, j'ai beaucoup apprécié ce roman de Jean Giono qui semble véritablement se construire au fil de la lecture, sans que l'on sache jamais vers quoi on se dirige, la narration semblant parfois elle aussi confuse à ce sujet. Des mots qui s'agencent et qui sonnent toujours bien, un récit flou et déroutant au coeur de paysages dans lesquels Giono parvient véritablement à nous plonger, situant à merveille son cadre qui est celui d'un petit village dans la montagne, dans la région de la Drôme, c'est ce que je tâcherai de retenir de cette lecture qui me fut très agréable.
Commenter  J’apprécie          130
J'ai éprouvé une passion pour Jean Giono dans mon adolescence ; en lisant la majorité de son oeuvre dans ces année-là j'ai découvert un auteur puissant et pourtant simplement limpide dans son écriture. Il faut dire que pour ce roman-là en particulier le fait de vivre dans le village de Chichilianne où se situe le drame m'avait accrochée.
Ce village est le lieu de disparitions inexplicables et terrifiantes en l'an 1848. le capitaine Langlois, est envoyé au village pour résoudre l'affaire. Il y parvient, mais sur un non-dit. Entre le responsable des disparitions et Langlois il s'est passé quelque chose que l'on découvrira ensuite comme une révélation de secret de famille.
L'auteur fait rapporter les faits par les villageois qui, depuis la première apparition du capitaine dans leur hameau, ont appris à l'apprécier et se sont même liés avec lui. Cela rend plus ardue la lecture mais enrichit énormément la compréhension de l'histoire et l'atmosphère étouffante et silencieuse, rendue par l'omniprésence de la neige, nous rend attentif jusqu'au dénouement que chacun analysera selon son propre vécu.
L'aspect fantastique et fable métaphysique de ce roman m'a conquise et réjouie tout au long de ma lecture. Ce roman est finalement l'un des meilleurs polars que j'ai jamais lu sur les rapport de l'homme et du « Mal »,… et tout est dans le titre …
Commenter  J’apprécie          90
Quel style ! je suis resté sous le charme tout au long du roman. Les héros sont parfois un peu caricaturaux et l'intrigue très prenante dès le premier chapitre finit par s'essouffler mais là je fais la fine gueule. Allez y sans hésitation !!!
Commenter  J’apprécie          00
"Un roi sans divertissement "est un roman fort , puissant et dense .Il a été écrit en 1946 mais il ne fut publié qu 'en 1947 car l 'Union des Écrivains français sous la férule des communistes l 'a interdit en laissant entendre que l 'auteur a collaboré avec les nazis durant l 'occupation de la France durant la Deuxième Guerre mondiale .L ' Histoire l ' a innocenté car Jean Giono certes n 'était pas un maquisard ni un Résistant mais il est resté loin de toute compromission avec les nazis . Lire les romans de cet auteur est toujours un vrai plaisir car il a des qualités qui font qu 'on respecte et on estime ce grand écrivain .C 'est un pacifiste qui est contre la guerre et toutes les guerres quelques soient les raisons avancées pour les justifier . C 'est un anticonformiste et un Humaniste C'était un homme de bonne volonté .Il est un grand ami de la Nature dans toutes ses manifestations et il fait tout pour la défendre .Un écologiste .Il est très attaché à son terroir qu 'il décrit bien dans ses livres .
Un roi sans divertissent est un roman où le principal protagoniste est l 'officier de gendarmerie Langlois .Ce dernier est envoyé avec un groupe de six agents pour élucider les mystérieuses disparitions d 'hommes , de femmes et d 'enfants dans un bourg du Dauphiné .Le tueur en série a sévi dans le village durant des années mais les gendarmes n 'arrivent pas à mettre la main sur lui .Mais c 'est par un heureux hasard qu 'il fut remarqué
par un habitant du village .L 'assassin est remis aux gendarmes qui l 'arrêtent .Le commandent Langlois est chargé de le ramener au siège de la gendarmerie mais au
cours voyage , l 'officier sort son arme de service et l 'abat.
L 'officier qui n 'arrive pas à s 'expliquer son geste se fait exploser sa tête mais avant il a donné sa démission .
Deux graves drames ! Comment expliquer qu 'une personne puisse passer à l 'acte de flinguer des innocents? l''auteur nous donne aucune explication sur ces actes démentiels .
Peut-on l 'expliquer par l 'ennui ?
La conclusion on la laisse au philosophe Passcal qui dans
Les Pensées écrivait :"Qu 'on laisse un roi tout seul sans compagnie , penser à lui à loisir ; et l 'on verra qu 'un roi
sans divertissement est un homme plein de misères ".











Commenter  J’apprécie          5711




Lecteurs (4617) Voir plus



Quiz Voir plus

Jean Giono

Né à Manosque en ...

1875
1885
1895
1905

12 questions
403 lecteurs ont répondu
Thème : Jean GionoCréer un quiz sur ce livre

{* *}