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3,52

sur 1246 notes
Quand j'ai lu le résumé la 1ere fois, j'ai pensé que l'on aurait une histoire d'adolescents, que Mattia allait voir en Alice quelqu'un qui le comprenne, qu'ils allaient se rapprocher et ne jamais se quitter. Que nenni.
Cette histoire de jumeaux de nombre 1er arrive tardivement et brièvement dans l'histoire, et ne semble pas avoir autant d'importance que dans le résumé. Si l'on prend du recul on s'aperçoit que c'est toute la philosophie de l'histoire. de 1983 à 2007 Mattia et Alice seront ensemble au lycée, un peu pendant leurs études et brièvement une fois entré dans l'âge adulte, le tout entrecoupé de longues périodes de silence et d'absences, si bien que l'on suit leurs parcours en parallèle. Et c'est bien de ça qu'il s'agit, de parallèles qui jamais ne s'atteindront bien qu'elles se rapprochent, d'êtres proches mais qu'un gouffre sépare. La relation des deux personnages est silencieuse, faites de moments clés brisés par le manque de communication et les non dits, tout comme peut l'être celle qu'ils ont avec leur entourage. L'univers de chacun est très confiné et clos, quelques personnages viennent brièvement s'y accrocher.

Chacun des deux a vécu son drame, bien que fugace dans les mémoires les années passantes, reste bien présent et a forgé en chacun un caractère les éloignant encore plus des autres. L'impression de voir des gens qui vivent à côté de leurs vies, ils subissent la vie plus qu'ils ne la vivent. Comme tant d'autres, j'ai eu envie de les secouer, et quand vient une des moments fatidiques de la fin où l'auteur fait briller une lueur d'espoir, elle est écrasée par le gâchis de la vie.
Jamais on ne tombe dans le pathos, mais il y a dans la description des relations un réalisme qui fait mal. Ce fût très douloureux de lire certains passages, que se soit celui où Mattia s'ouvre la main avec un scalpel, où encore quand Alice essaye de faire disparaitre son tatouage à coup de fragments de miroir enfoncé dans la chair, puis finalement chaque fois que Mattia posait les yeux sur un objet tranchant.
Il y a quelque chose de froid et chirurgical dans l'écriture. Ça me rappel la littérature japonaise, et en lisant je pensais sans cesse à "l'appel du pied" de Risa Wataya.

Il doit être difficile pour certains de s'identifier aux personnages, sentir de l'empathie, tellement ils peuvent paraitre éloignés.
Ces ambiances familiales, ce mode binaire de communication qui se résume à "oui, non, je sais pas", vaquer au quotidien en se disant que tout va bien, noyer la douleur, retarder le moment fatidique, prier pour que tout s'arrête...

Ce qui est bien avec ce livre, c'est qu'il marque autant qu'il fait réfléchir.
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"Les années du lycée avaient constitué une blessure ouverte, que Mattia et Alice avaient jugé trop profonde pour qu'elle cicatrise. Ils les avaient traversées en apnée; lui, refusant le monde; elle, se sentant refusée par le monde, et ils s'étaient aperçus que cela ne faisait pas de différence. Ils s'étaient construit une amitié bancale et asymétrique, composée de longues absences et de grands silences, un espace vide et propre où ils avaient tout loisir de reprendre haleine quand les murs du lycée se rétrécissaient au point de les étouffer."

Alice est boîteuse et anorexique, Mattia se sent coupable de la disparition de sa soeur jumelle, tous les deux font connaissance au lycée. Pendant des années, ils vont se croiser, se rapprocher, s'éloigner, se perdre.

Ce livre doux-amer est écrit avec finesse, sans appuyer, éclairant bien l'incommunicabilité de ces personnages adultes ou adolescents. Un tel sujet aurait pu être traité "avec de gros sabots", mais Paolo Giordano avance de manière feutrée, il raconte magnifiquement cette histoire.

J'ajouterai que la partie intitulée "Mise au point" qui narre le mariage de Viola pourrait être considérée comme une excellente nouvelle. L'auteur, dont c'est le premier roman, devrait donc encore nous étonner.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Voilà l'exemple même d'un style et d'une écriture évocateurs crus sans être vulgaire. Giordano conte l'univers, les destins de deux personnages que la vie a écorchés vifs, et laissés sans espoir. Complémentaires dans leur douleur, ils ne sauront, n'oseront jamais vraiment se toucher, au propre comme au figuré., le silence habitant littéralement leur relation. Si l'auteur nous dit beaucoup de ses personnages, ces-derniers gardent tout de même un certain mystère, chose que j'ai beaucoup apprécié: on ne nous sert pas les raisons et les solutions aux questions que le lecteur peut se poser sur un plateau.
Giordano termine son roman sur un semblant d'espoir, pour une vie enfin ouverte au bonheur ou du moins à la sérénité. Si je n'ai pas été aussi touchée par les personnages que certains lecteurs, j'ai été happée par cet ouvrage.
Lien : http://ya-dla-joie.over-blog..
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C'est un livre dont je ne savais pas trop qu'attendre.
A la lecture du topo, j'ai failli le refuser, incapable de m'y projeter.
J'ai pourtant accepté quand j'ai vu qu'il avait obtenu en Italie un grand succès et le prix Strega. Me battant contre mon côté snob lattant pas snob, je me dis que ce qui plait au plus grand nombre doit être appréciable, et que, s'il en plus il est primé, il ne doit pas être idiot!

Jusqu'à présent les livres "offerts contre critique" avaient tous été des déceptions.
Heureusement "la solitude des nombres premiers" est arrivé et c'est enfin la bonne surprise que j'attendais pour me convaincre de continuer cet "échange" de bons procédés.
Parce que recevoir des bouquins gratuits c'est quand même chouette, mais ça devient lourd si on ne doit critiquer que des premiers romans introspectifs, ou des livres franchement loupés.
Ici, c'est un premier roman certes mais il n'est en aucun cas loupé.

Les 2 personnages, Mattia et Alice, sont tous les deux traumatisés par un évènement de leur enfance. L'un, génie des mathématiques, rongé par une terrible culpabilité, ne cherche pas à combler le fossé qu'il a creusé entre lui et les autres.
L'autre, vacille entre son envie d'être "comme les autres" et son mal-être.
Ce sont 2 personnages originaux et leur histoire conjointe ne peut que l'être aussi.
L'auteur ne fait jamais le choix de la facilité dans le développement de leur relation. Rien n'est téléphoné et du coup on s'attache à ces 2 personnes bancales, luttant avec eux-même, avec les autres, l'un contre l'autre, et ensemble.

C'est un livre sur la souffrance. C'est un livre qui tout le long, et encore plus à la fin parle de solitude.
Et pourtant je l'ai aussi trouvé réconfortant.
C'est un livre qui dit, selon moi, comment, parfois, le simple chemin que l'on fait pour se détacher de la souffrance peut, à lui seul, être le but d'une vie aboutie.

Il donne à la vie de ses personnages un sens qui s'il n'est pas le bonheur n'en est pas moins essentiel.

Lien : http://vanillabricot.canalbl..
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Dans "La Solitude des nombres premiers", Paolo Giordano déploie avec une finesse psychologique remarquable l'histoire de deux êtres singuliers, semblables aux nombres premiers par leur solitude intrinsèque et leur incapacité à vraiment se connecter avec les autres, excepté entre eux. Avec une plume élégamment sobre et une sensibilité à fleur de peau, l'auteur nous invite dans l'univers de Alice et Mattia, deux âmes endommagées par des tragédies enfantines qui les marquent d'une empreinte indélébile.

L'histoire, tout en nuances et en subtilités, nous fait traverser des paysages émotionnels complexes, où l'intimité semble à portée de main mais reste toujours aussi insaisissable que le véritable contact entre deux nombres premiers jumeaux, proches mais jamais tout à fait ensemble. La construction narrative, alternant entre les perspectives de chacun, construit une attente, un espoir chez le lecteur qui, au fil des pages, aspire à une union rédemptrice.

Cependant, la fin, aussi inattendue qu'authentique, nous rappelle que la vie n'est pas une équation mathématique où les variables finissent toujours par s'ajuster. Elle est triste, oui, car elle vient concrétiser la solitude profonde des personnages, mais elle est aussi ouverte, laissant à l'imaginaire du lecteur le soin de peupler le vide laissé par cette séparation. On aurait voulu qu'Alice et Mattia trouvent dans leur compagnie mutuelle un refuge permanent, une échappatoire à leur isolement. Pourtant, Giordano choisit une conclusion plus mélancolique, une fidélité à la réalité de son allégorie mathématique.

C'est dans cette fin inattendue que réside la force déchirante du roman. L'auteur ne cède pas aux attentes romantiques mais reste fidèle à la logique interne de son récit, où chaque personnage doit continuer à naviguer dans son propre spectre de douleur et d'espoir. "La Solitude des nombres premiers" n'est pas seulement une oeuvre sur l'amour ou l'amitié; c'est une méditation sur la condition humaine, sur la difficulté de se connecter véritablement à l'autre, et sur la beauté tragique de continuer à chercher malgré tout.

Ce livre est donc une recommandation forte pour ceux qui apprécient les récits qui respectent la complexité des émotions humaines, sans jamais les simplifier pour le confort narratif. Un roman poignant et intelligemment construit, qui résonnera longtemps dans l'esprit et le coeur de ses lecteurs.
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Premier roman de Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers a déjà rencontré un sucés bien mérité. Mettant en scène deux anti-héros totalement antagonistes, l'auteur dresse deux biographies croisées. Les personnages évoluent dans un monde a part qui évoque le monde d'un autiste. Brisés par la vie, l'univers des deux personnages est hermétique aux sentiments et l'écriture de Paolo Giordano parvient a véhiculer cette sensation au lecteur par une écriture soignée, acerbe, qui ne se perd ni dans le pathos ni dans les états d'âme. Livrant avec justesse un quotidien transfiguré et brutal, où les héros ne s'adaptent que difficilement, parcourus de sentiments auxquels ils ne savent pas comment réagir.
Histoire aussi d'une amitié dont l'amour est une issue impossible, Alice et Mattias se ressemblent et se distinguent, tels des nombres premiers ils font partie du même groupe sans jamais pouvoir se rejoindre, séparés par un nombre divisible.
De façon générale, l'histoire captive et intrigue, jusqu'à la fin l'issue du destin des deux héros est masquée, entretenant un suspense constant. La narration quant à elle joue sur les non-dits et parvient à retranscrire de façon déconcertante la tension de tout le récit. L'émotion est intense, puissante, poignante et terriblement séduisante.
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Deux adolescents que la vie a isolé et cabossé se rapprochent, se cherchent, s'aiment et s'excluent.
Ce livre caresse le malheur. Je ne sais dire s'il est pessimiste ou optimiste. Ces deux héros sont enfermés dans leur solitude. Ils n'en sortent pas et demeurent seuls. Seuls mais peut être heureux.

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Une sorte d'histoire d'amour, racontée à différents moments de la vie des personnages, selon différentes étapes de l'enfance, de l'adolescence, puis de l'âge adulte. Je n'ai pas vraiment accroché. Vu le nombre de critiques élogieuses, je me demande si je ne suis pas complètement passée à côté ?
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J'ai hésité à noter entre 1 et 2 sur 5 étoiles. La critique contient quelques spoilers, mais ils sont essentiels pour expliquer ma note.
Le début était bien parti, pourtant. L'auteur, dès le départ, nous présente les traumatismes qui feront la base de la solitude des 2 personnages principaux. Puis, d'une écriture simple, vraie et subtile, il montre comment Alice et Mattia se construisent autour de leur souffrance,née de ces traumatismes, comment ils vivent en vase clos avec cette souffrance, enfermés dans une profonde solitude. Jusqu'au jour où le hasard les fait se croiser. Mais comment 2 êtres incapables de sortir de leur solitude, de leur souffrance, peuvent-ils nouer entre eux un réel et solide lien affectif?
La description des années lycée est criante de douleur, de vérité. L'auteur peint avec justesse l'univers cruel du lycée, la solitude qui pèse sur ceux se sentant "hors norme", les manipulations cruelles des populaires, des influents. Un passage qui n'a pas été sans me rappeler quelques douloureux souvenirs du lycée!
Mais c'est après que, d'intérêt pour cette histoire qui rendait bien la difficulté de se construire après un traumatisme, je suis passée à la déception. Alice et Mattia deviennent amis puis, les années passant, se voient séparés par les kilomètres. L'une se marie, l'autre donne des cours et noue une liaison, vers dont on ne sait si elle se poursuivra. Mais c'est tout. Aucun de ces 2 personnages n'évolue.
Et c'est là, en refermant le livre, que je me suis sentie mal à l'aise. Car, somme toute, ce qui se dégage de la fin de l'histoire est étouffant. Malsain. Nous avons là 2 personnages qui au final se complaisent dans leur solitude, dans leur souffrance. Leur seule évolution est l'acceptation de cette souffrance, pour vivre avec plus ou moins sereinement, ce qui laisse à penser que, peut-être, ils vont davantage évoluer vers plus de sérénité. Mais ce qui m'a le plus gêné, le plus mis mal à l'aise, c'est le traitement réservé à la maladie développée par Alice. Anorexique,elle ne connaît dans le livre aucun problème de santé (hormis l'aménhorrée et un évanouissement). Et elle reste anorexique jusqu'à la fin, le livre se clôturant sur elle, contente désormais de savoir qu'elle peut s'en tirer, seule, dans la vie. Mais toujours anorexique.
L'auteur n'a sans doute pas voulu faire l'apologie de l'anorexie, mais je reste très mal à l'aise par rapport à cela.
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je partais avec quelques a priori sur ce livre, essentiellement à cause du thème et du titre : Moi qui ai une sainte horreur des mathématiques, j'avais peur que cet ouvrage soit énormement rébarbatif et nous endorme avec des équations et autres solutions algébriques

Mais en fait, je me suis aperçu que trés vite, la Solitude des nombres premiers parle trés peu de maths, mais beaucoup des êtres humains, et plus particulièrement de ceux qui vivent en dehors des normes sociétales. En suivant parrelellement l'enfance, puis l'adolescence et enfin le passage du monde adulte de ses deux anti héros, le livre sait très bien nous faire ressentir le sentiment d'étouffement et la difficulté à appréhender le monde des adultes responsables. Si Mattia, proche de l'autisme, se réfugie dans l'univers des maths pour se protéger d'un monde extérieur forcément hostile, Alice, un tout petit plus sociable que son alter égo masculin, préfère quand même rester derrière le viseur d'un appareil photo pour mieux tenir le monde à distance.

le fait que les deux personnage principaux soient aussi éloignés des stéréotypes des héros de ce genre de fiction adolescente est un vrai tour de force que Paolo Giordano accomplit avec maestria. L'auteur réussit en effet à peindre le portrait de ces deux êtres non outillés pour appréhender la vie, et tous les obstacles qui se dressent devant eux : l'autoritarisme des parents, la cruauté du monde adolescent, l'anorexie, tous ces éléments empecheront Alice et Mattia à se frotter au monde normal, et cet handicap commun ne pourra que les rapprocher et si a priori, ces personnages (surtout Mattia d'ailleurs) semble trop étrange pour susciter l'empathie, on ne peut s'empecher de s'attacher à eux au fil du récit.

Et alors qu'on s'attend à ce que ces deux paumés magnfiques, à force de se croiser, finissent ensemble, le livre ne s'achèvera pas comme prévu, et c'est tout le talent de Giordano d'éviter, tout le long du récit, de foncer tête baissée dans les stéréoptyes et les situations convenues, tout en parvenant à decrire des scénes qui marquent les esprit longtemps après l'avoir lu (la scène de ski du début, l'automutilation de Mattia, ect...)

Le livre a été adapté en film, sorti l'année dernière, et qui a reçu de bonnes critiques. Visiblement le réalisateur qui en a signé l'adaptation a pris un parti pris radical, en le tournant comme un film d'horreur, un Giallo, comme Dario Argento en filmait dans le temps.

Je n'ai pas encore vu le film, mais je serais curieux de connaitre le résultat.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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