Cet ouvrage est le premier d'un thème de pensée. Il est rationnel, logique, méthodique, il ne laisse rien passer. Il mérite d'être lu pour la compréhension des raisons anti-nataliste que l'auteur expose brillamment, mais aussi pour l'humour et la richesse du style. On ne peut pas s'ennuyer en le lisant. C'est un livre de chevet à mettre aux mains de toutes les jeunes filles et de tous les jeunes hommes avant qu'il ne fasse la bêtise ultime, l'acte de procréer sans y avoir réfléchi à fond. Car, la procréation n'est-elle pas l'acte le plus important qui soit au monde, donc l'acte qui doit être le plus réfléchi? L'école apprend la sexualité, mais pas les dangers que l'on fait courir à l'autre non encore existant, mais que l'acte sexuel, pourtant si agréable, on en convient, lui fait encourir pour rien. Ce livre est là pour inciter à réfléchir aux conséquences de cet acte absurde qu'est la procréation. Il explique clairement cette absurdité.
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[...] il faut dire : la femme a mieux à faire de ses plus belles années que d'élever des enfants dont notre humanité déjà trop pullulante n'a plus le moindre besoin. Il faut dire : la femme a mieux à faire de ses formidables potentialités que de les étouffer sous un coulis de couches-culottes. Il faut dire : la femme a tort de dissoudre ses talents dans la futilité des biberons. Il faut dire : la "vraie femme" est la femme artiste ou philanthrope et non la femme populatrice. [...] Il faut dire : la femme doit désormais jouir des conditions les plus favorables à la création des chefs-d’œuvre dont le phallisme sociétal de jadis visait à les bannir. [...] Il faut dire : une femme est d'autant plus belle qu'elle a du génie, et d'autant plus insignifiante qu'elle a une abondante nichée. [...] Il faut dire : l'enfant est une prison pour l'âme féminine, et un étouffoir pour ses virtualités, les soins constants qu'il requiert éloignant le plus souvent sa génitrice de vocations plus nobles, plus exaltantes, et surtout plus méritoires. Il faut dire : depuis des temps immémoriaux, c'est trop souvent à cause du fardeau de l'enfant que la femme passe à côté de la mise en œuvre de ses facultés supérieures. Il faut oser dire : la femme qui procréé n'accomplit rien d'autre que son animalité et ne mérite pas d'avantages d'éloges qu'une chatte qui offre ses mamelles ou qu'une guenon attentive à ses petits. Il faut oser dire : la grandeur de la femme réside dans son cœur et dans son intellect, aucunement dans son placenta. [...] Il faut oser lyriquement dire : des figures symboliques comme Athéna, Maât, Seshat, Kuan-yin et les Muses sont le véritable avenir de la femme, définissent sa réelle ampleur : opulente en Âme, surabondante en Savoir, plantureuse en Logos, munificente en Talents, prodigue en Vérités, gorgée de Sensualité complice, généreuse en Vertus civilisatrices, éthiques et rédemptrices mais hautainement stérile du Ventre, ne voulant en aucun cas se compromettre avec la fécondité monstrueuse de Gaïa ni avec l'humiliation de l'accouchement, de la tétée ou du décrottage de croupion...
L'orgueil du père, [...], s'avère pour sa part d'ordre essentiellement testiculaire, le bébé jouant à cet égard le rôle de témoin du bon fonctionnement de ses fielleuses spermatothèques et clamant obviement à tous les badauds qu'il eut l'heur d'introduire au moins une fois son misérable vit entre les jambes d'une féminité consentante...
Dans le perfide inconscient du père, son rejeton n'est jamais qu'une prolongation de ses facultés érectiles et on le surprend d'ailleurs sans cesse à le lever vers le ciel comme un trophée conquis aux olympiades de la copulation. Les véritables taureaux ont davantage de modestie : ils se contentent de continuer à brouter lorsqu'un veau leur est né.
Bref, le bambin est à ses géniteurs ce que le drapeau est à une nation : un vaniteux emblème de souveraineté ; l'enfant ne paraît le plus souvent que pour permettre à ses parents de paraître...
Il faut oser dire : ce qui nous émerveille, ce qui nous exalte, ce qui force notre respect, ce ne sont guère les reproductrices, ce sont les femmes qui s'engagent dans l'art, dans la science, dans la littérature, dans la politique, dans la religion, dans la culture, dans la vie universitaire, dans la médecine, dans l'aide humanitaire, dans les chemins de la justice, dans le militantisme écologique, dans la spiritualité, dans l'activité philosophique ou encore dans le maquis de la Révolte transmutatrice, bref dans tous les domaines où l'humain trouve à se transcender ainsi qu'à déployer ses qualités noétiques et chevaleresques.
La Convention des Droits de l'Enfant se profile comme un gigantesque pas dans cette direction et peu d'années s'écouleront avant que les esprits les plus éclairés admettent que le droit premier de tout Enfant consiste à se trouver dispensé de naître, sachant que sa naissance n'a d'autre fonction que de satisfaire des besoins qui ne le concernent pas !
À partir de ces deux théorèmes :
1. Éthique = ne pas infliger de préjudices à son prochain
2. Naître = se trouver exposé à tous les préjudices
nous pouvons distiller deux prémisses en vertu desquelles, ô nectar, le syllogisme suivant s'impose :
Faire souffrir autrui est incompatible avec l'Éthique.
Or vivre signifie souffrir.
Donc donner la vie est incompatible avec l'Éthique.
Théophile De Giraud. Contre la procréation.