Oui, tu as bien raisons, l'amour comporte des moments vraiment exaltants, ce sont les ruptures ...
Pâris (parlant d'Hélène) - Elle n'a pas l'air d'une gentille petite gazelle?
Cassandre - Non.
Pâris - C'est toi-même qui m'as dit qu'elle avait l'air d'une gazelle!
Cassandre - Je m'étais trompée. J'ai revu une gazelle depuis.
CASSANDRE. – Tu parles trop. Le destin s’agite, Andromaque !
ANDROMAQUE. – Il s’agite dans les filles qui n’ont pas de mari. Je ne te crois pas.
CASSANDRE. – Tu as tort. Ah ! Hector rentre dans la gloire chez sa femme adorée !… Il ouvre un œil… Ah ! Les hémiplégiques se croient immortels sur leurs petits bancs !… Il s’étire… Ah ! Il est aujourd’hui une chance pour que la paix s’installe sur le monde !… Il se pourlèche… Et Andromaque va avoir un fils ! Et les cuirassiers se baissent maintenant sur l’étrier pour caresser les matous dans les créneaux !… Il se met en marche !
ANDROMAQUE. – Tais-toi !
CASSANDRE. – Et il monte sans bruit les escaliers du palais. Il pousse du mufle les portes… Le voilà… Le voilà…
La voix d’HECTOR. – Andromaque !
ANDROMAQUE. – Tu mens !… C’est Hector !
CASSANDRE. – Qui t’a dit autre chose ?
- A quoi ressemble-t-elle, la guerre, maman ?
- A ta tante Hélène.
HECTOR : Laissons les guerres, et laissons la guerre… Elle vient de finir. Elle t'a pris un père, un frère, mais ramené un mari.
ANDROMAQUE : Elle est trop bonne. Elle se rattrapera.
Après les guerres, il naît plus de garçons que de filles.
HECTOR : Il y a eu beaucoup de ces autres, avant Pâris ?
HELENE : Quelques-uns.
HECTOR ; Et il u en aura d'autres après lui, n'est-ce pas, pourvu qu'ils se découpent sur l'horizon, sur le mur ou sur le drap ? C'est bien ce que je supposais? Vous n'aimez pas Pâris, Hélène. Vous aimez les hommes !
HELENE ; Je ne les déteste pas. C'est agréable de les frotter contre soi comme de grands savons. On en est toute pure...
Andromaque : Cela ne te fatigue pas de ne voir et de ne prévoir que l'effroyable ?
Cassandre : Je ne vois rien, Andromaque. Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments.
Un seul être vous manque et tout est repeuplé.
Le visage d'un roi que pince un crabe n'a jamais exprimé la béatitude.