L’homme d’aujourd’hui cherche à se connaître en explorant la physiologie du cerveau humain. Il s’y examine comme dans un miroir mais, nécessairement, complète l’image. Les faits, a-t-on dit dans un certain jargon scientifique, parlent d’eux-mêmes. A-t-on jamais entendu un fait élever la voix pour se faire connaître ?
La conscience est intégration — multiple et diverse dans ses aspects, indivisiblement une dans son champ. Les neurobiologistes ont unanimement donné leur accord à cet énoncé 28. Ils reconnaissent également que l’intégration n’est nulle part localisable au sens strict de ce mot. Centraliser, intégrer n’est point l’apanage d’une cellule suprême et privilégiée. La genèse du plus simple état de conscience requiert l’intervention active de neurones liés par millions dans l’interaction en un tout ordonné.
Les hommes nouveaux qui osèrent aborder un aussi obscur problème à travers l’esprit d’investigation nous étonnent aujourd’hui par leur témérité autant qu’ils scandalisèrent leurs contemporains. Leur curiosité n’était point d’ordre purement métaphysique, elle répondait à une exigence logique du meilleur aloi. Et c’est bien ainsi qu’ils devaient — nécessairement — ouvrir l’ère de la recherche scientifique.
Le miroir où l’homme se contemple lui renvoie un reflet. Il y découvre ce qu’il est apte à voir. Un temps arrive où il devra prolonger l’expérience derrière le cristal ; il s’interroge en face de son visage.