J'ai reçu ce livre lors de la dernière masse critique "mauvais genres", et j'avoue que c'est plutôt une bonne surprise! En effet, j'ai choisi ce livre un peu par défaut puisque j'avais atterri sur Babelio le 8 mars vers 10h du matin pour une masse critique commencée la veille à 18h. J'ai coché ce qui restait!!!
Et bien quelquefois, on a simplement de la chance. J'ai lu ce roman d'une traite en moins d'une journée. Il faut dire que le sujet m'intéresse: la pollution des petites îles que sont la Guadeloupe et la Martinique par un intrant chimique d'origine américaine: le Chlordécone.
Il s'agit d'un scandale sanitaire qui touche tous les habitants des deux îles puisque les nappes phréatiques, les rivières et la terre sont touchés. Tout le monde là-bas est potentiellement victime de cet insecticide qui servait à lutter contre le charançon des bananiers.
L'auteur,
Philippe GODOC, vit en Guadeloupe, et a trouvé dans son environnement immédiat, de quoi écrire une enquête vraiment intéressante: sur les origines du scandale et sur les responsables de l'empoisonnement de tous petits territoires qui mettront des siècles à s'en remettre si on en croit les études en cours.
Donc, le héros du roman, Marc Montroy, journaliste pour un organe de presse écologiste mène une enquête, de routine ,sur un insecticide appelé le
kepone dont la molécule principale est le chlordécone.
Il est aux Etats-Unis dans le cadre de son enquête lorsqu'il apprend que son père, guadeloupéen, est atteint par un cancer. Après son retour en Guadeloupe, il commence à soupçonner que le cancer de son père pourrait bien être dû au chlordécone présent dans l'environnement suite à des épandages continus sur des années. Et c'est le début d'une enquête haletante en Guadeloupe mais avec des ramifications en Martinique et en métropole.
Le roman est bien documenté. Je connais un peu l'affaire pour avoir des liens avec les Antilles et j'ai appris pas mal de choses (vérifiées ensuite par la lecture de différents articles).
De plus les personnages fictifs sont vraisemblables et intéressants. Marc n'est pas un super héros qui décide de faire justice, mais un gars un peu en perdition qui se retrouve malgré lui mêlé à une affaire qu'il découvre petit à petit. On y croit et on peut s'identifier à lui. Ses ressorts sont le chagrin et la colère, pas la soif de justice ou un quelconque idéal de vérité. En plus, si on connait un peu les Antilles on reconnait certains personnages, non fictifs ceux-là parmi les hommes politiques et les hommes d'affaire.
Pendant une bonne partie du roman, j'en avais mal au ventre tellement c'est au plus près de la façon dont la population des îles vit cette affaire; avec l'indifférence des autorités (janvier 2023: non lieu suite à la plainte pour empoisonnement déposée par des associations antillaises) et la situation sanitaire explosive (des études montrent que la Martinique et la Guadeloupe ont le taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde!).
Philippe GODOC, au travers de son héros, démonte les transactions et les approximations qui ont eu lieu, de l'interdiction d'utilisation du produit à nos jours et nous amène à comprendre comment tout ça a pu être possible.
Bon, vers la fin, le suspense a un peu perdu en intensité. Il fallait trouver un responsable et Marc Montroy en trouve un.
Mais malgré une petite déception sur les dernière pages et quelques petites critiques sur le style, je suis enchantée par cette découverte. Si jamais Marc Montroy reprenait du service et se lançait dans une nouvelle enquête, je le suivrais bien volontiers.
Je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions Viviane Hamy pour cette lecture.