Dans le premier livre :
Werther est un jeune homme qui décide de vivre à W pour tenter de s'établir et d'y faire carrière. Il marche dans la nature, observe le voisinage et il noue des relations avec des personnes dont un bailli. La femme de ce dernier est morte et il élève seul ses 9 enfants en compagnie de sa fille aînée, Charlotte. Werther rencontre Charlotte est il ressent immédiatement une puissante attirance pour elle. Cependant, cette dernière est fiancée à Albert. Werther est amené à le voir et il lui trouve de belles qualités. Amoureux fou de Charlotte, il décide de quitter W et d'aller vivre en ville.
Dans le second livre :
Werther délaisse sa lecture d'
Homère pour celle d'Ossian. Il tente de nouer une relation avec une jeune femme. Lors d'un événement social auquel il participe et auquel prend part aussi la jeune femme, il est amené à comprendre qu'il ne fait pas partie de la société aristocratique et il vit très mal cette humiliation. Il quitte la ville et retourne à W plus amoureux que jamais de Charlotte qui est alors mariée à Albert. En lui faisant un soir la lecture, il réalise à quel point son amour pour Charlotte s'avère impossible. Il met fin à ses jours.
Mes impressions
J'ai dévoré ce classique allemand… Je dois avouer que j'adore la littérature épistolaire qui permet à mon humble avis de connaître plus en profondeur les personnages. Je comprends aussi l'engouement pour ce livre. Werther est un jeune homme tourmentée, éveillé, possédant une lucidité désarmante.
«La vie humaine est un songe : d'autres l'ont dit avant moi, mais cette idée me suit partout. Quand je considère les bornes étroites dans lesquelles sont circonscrites les facultés de l'homme, son activité et son intelligence ; quand je vois que nous épuisons toutes nos forces à satisfaire des besoins, et que ces besoins ne tendent qu'à prolonger notre misérable existence ; que notre tranquillité sur bien des questions n'est qu'une résignation fondée sur des revers, semblable à celle de prisonniers qui auraient couvert de peintures variées et de riantes perspectives les murs de leur cachot ; tout cela, mon ami, me rend muet. Je rentre en moi-même, et j'y trouve un monde, mais plutôt en pressentiments et en sombres désirs qu'en réalité et en action ; et alors tout vacille devant moi, et je souris, et je m'enfonce plus avant dans l'univers en rêvant toujours. Que chez les enfants tout soit irréflexion, c'est ce que tous les pédagogues ne cessent de répéter ; mais que les hommes faits soient de grands enfants qui se traînent en chancelant sur ce globe, sans savoir non plus d'où ils viennent et où ils vont ; qu'ils n'aient point de but plus certain dans leurs actions, et qu'on les gouverne de même avec du biscuit, des gâteaux et des verges, c'est ce que personne ne voudra croire ; et, à mon avis, il n'est point de vérité plus palpable.» (p. 49-50)
Je trouve cette citation tellement juste, tellement moderne, que je me retrouve dans cette dernière (satisfaction des besoins, prison de l'être humain, rêve versus action). Werther jette un regard sur la société qui l'entoure et sur la vie. Grâce à ses confidences, Werther partage sa vision et il s'avère facile de s'identifier à lui.
Mais encore, comme le mentionne le titre, Werther souffre. Ses souffrances sont liées aux sentiments qu'il ressent pour Charlotte et à l'impossibilité de concrétiser l'amour qui le consume. le feu de la passion brûle sa chair, imbibe ses pensées, anime son âme. Sa perception de la vie est filtrée par ses sentiments et ses souffrances. Comme il le mentionne à Charlotte car c'est elle qui remet les armes de son mari (qui serviront à son suicide) à son domestique :
«Et toi, esprit du ciel, tu favorises ma résolution, et toi, Charlotte, tu me présentes cette arme, toi des mains de qui je désirais recevoir la mort. Ah! et je la reçois en effet de toi! […]M'aurais-tu fermé ton coeur, à cause de ce moment même qui m'a uni à toi pour l'éternité? Charlotte, des siècles de siècles n'effaceront pas cette impression, et, je le sens, tu ne saurais haïr celui qui brûle ainsi pour toi». (p. 184)
Je ressens à quel point les pulsions de vie versus les pulsions de mort sont étroitement liées (le feu = l'amour, l'arme = la mort).
Werther ne peut concrétiser son amour dans la vie. La seule option qu'il a et sur laquelle il peut jeter son dévolu : l'éternité. Comme il le soulève à Charlotte :
« Charlotte, dis-je en lui tendant la main et en sentant mes larmes couler. Nous nous reverrons! En cette vie ou en l'autre nous nous reverrons!» (p. 106)
Les Souffrances du jeune Werther est un grand livre mettant en scène un homme tourmenté et habité d'une sensibilité artistique hors du commun. Son amour pour Charlotte est immense, tragique, unique. Si vous n'avez jamais lu ce classique, je vous le recommande fortement. Vous allez naviguer dans les méandres d'une âme tourmentée et exaltée. J'espère que vous aimerez autant que moi cette histoire qui a traversé le temps car c'est surtout une magnifique confession amoureuse.
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