Nous sommes dans un univers en ruine, inhospitalier, dans lequel un colosse marche dans relâche. Ce colosse, c'est Karst Olenmyl. Il ne sait pas où il va, il sait seulement qu'il doit marcher pour se rendre jusqu'au village de Selme, mais ignore pourquoi. Il est épuisé mais il doit continuer. Il sait aussi qu'il y a eu un orage violent qui a tout détruit ne laissant que les ruines qu'il rencontre en avançant.
C'est la seule chose qu'il sache. Tous ses souvenirs sont partis avec la catastrophe, il n'a plus rien dans la tête que la nécessité d'avancer.
Il passe devant des ruines imposantes qu'il reconnait, donc il est déjà venu ici. A la limite de l'épuisement il s'écroule et un charretier va l'emmener. Karst est allongé sur des herbes médicinales que le charretier doit livrer. Tout à coup, une onde terrible ébranle l'air, une explosion et Karst disparaît. Il vient de subir sa sixième répulsion, sous les yeux ébahis du charretier.
Ce pauvre charretier va se faire arrêter par Maître Chasse et ses collègues et sera interrogé finalement par le Premier Maître Doragnus, le grand gourou de la Forteresse Terrcendres.
Nous allons suivre la progression de Karst qui sans arrêt doit reprendre la route à la suite de chaque répulsion, ainsi que l'évolution des Maîtres de la Forteresse et les gens Selme.
Ce que j'en pense :
Je remercie vivement Masse Critique et les Editions Griffe d'encre qui m'ont permis de découvrir ce roman de
Sébastien Gollut. L'histoire m'a plu car, d'une part, le thème est intéressant : on se retrouve dans le futur après la grande explosion qui a réduit la planète en immense champ de ruine. Il y a des survivants : les hôtes de la Forteresse de Terrcendres, avec leur robe de Bure qu'on appelle les « Grands Maîtres » qui représente l'autorité, avec une chasse organisée contre d'autres personnes, celles qui habitent le village de Selme, où veut se rendre notre héros et qui pratiquent la magie.
Karst, notre héros doit revenir dans ce village et chaque fois qu'il approche un peu trop, la magie le renvoie d'où il vient, par mécanisme de Répulsion, chez un « moine herboriste » Maître Podrik (dissident en fuite des Maîtres de la forteresse qui veut, lui, faire repousser la végétation sur la terre.
On assiste donc, à une tentative de détection et de neutralisation des effets de la magie du côté des « grands prêtres »par des moyens plus ou moins violents. Dans le village par contre, un couple cherche à obtenir tous les pouvoirs conférés par la magie. Donc la lutte entre le bien et le mal.
On assiste aussi à la lutte pour le pouvoir, la lutte pour la survie. La vie de Karst ressemble à une quête, il veut comprendre ce qui le pousse à retourner vers Selme, ce qu'il va y chercher, à s'en rapprocher chaque fois davantage, au risque de se brûler les ailes, comme Icare vers le soleil.
Karst est un héros intéressant dans sa détermination, son opiniâtreté, pour trouver, se trouver, retrouver ses souvenirs. Maître Podrik, l'est dans la quête d'un sens à donner à la vie, et également retrouver une Terre habitable, dans ses manifestations de résistance, de bienveillance, laissant ainsi une petite place à l'espoir.
Il y a aussi Délione, la jeune femme qui vit dans la demeure de Maître Podrik. Elle est touchante par la façon dont elle prend soin de Karst à chacun de ses retours.
Intéressante aussi est l'évolution de Maître Chasse, fin limier chargé de repérer la magie.
Donc, dans l'adversité, les vieux démons de notre civilisation sont toujours là, même quand tout est détruit, on se bat pour une once de pouvoir ; sur un champ de ruine, ce n'est pas la reconstruction qui s'impose, ni la solidarité, ce sont toujours les egos.
L'auteur réussit à nous entraîner avec lui dans cette histoire, malgré la noirceur du tableau et on a envie que la morale de cette fable soit plaisante, car le récit est bien travaillé, avec des détails précis. On n'a aucun mal à imaginer le décor et les êtres.
La seule chose qui gêne un peu au début c'est le peu de détails que l'auteur nous donne sur le personnage, on se sent un peu frustré et on se demande si on va l'accompagner, puis tout s'emballe lors de l'entrée en scène de Podrik et Délione.
La mise en page rend la lecture aisée. La couverture est sombre et belle, elle attire l'oeil par le sens du détail, ici encore.
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