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EAN : 9782267000986
221 pages
Christian Bourgois Editeur (01/01/1987)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Les « écrits épars » de Gombrowicz ne constituent pas un simple complément ou une annexe de sa création. Ce ne sont pas non plus des textes éphémères écrits en marge de ses chefs-d’œuvre. C’est une transcription des pensées essentielles de l’écrivain dans des formes autres que strictement littéraires. Des premiers aux derniers textes que Gombrowicz ne pouvait plus que dicter, ces textes en apparence disparates, se révèlent étonnamment conséquents et frappent par leu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Inégal, comme tout recueil d'inédits, mais de sacrées pépites!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Don Quichotte. Voilà un livre qui, aujourd'hui encore, exprime une idée d'une actualité pour nous brûlante voire menaçante, à savoir que chaque homme possède en propre une réalité distincte et que l'univers se réfracte dans l'esprit de chacun de nous d'une manière différente.
Exprimer avec précision cette idée, c'est la tâche essentielle de la littérature: représenter des milliers de mondes conçus par des milliers de têtes, exprimer cet "autre chose" qui transforme soit les moulins en géants, soit les géants en moulins.
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[Don Quichotte / Cervantes] Don Quichotte est en effet un livre à deux niveaux : le supérieur où se déroule avec splendeur le drame éternel entre subjectivisme et objectivisme, individu et groupe, rêve et état de veille, et le niveau inférieur, quotidien et pratique, où nous assistons au combat cocasse d'un fou affrontant les vérités du gros bon sens et où le fou se fait solidement rosser. Nous vivons la même situation aujourd'hui, divisés que nous sommes en deux niveaux. Nous connaissons et éprouvons jusqu'au fond de l'âme le terrible conflit qui se livre entre notre personne, ô combien exubérante, et les lois qui gouvernent l'univers, et pourtant rien de tout cela ne nous empêchera de dormir, de boire et de manger et encore moins de prendre l'autobus ! L'instinct vital, lui, nous fait garder nos distances face à ce conflit supérieur et ne jamais oublier, fût-ce un seul instant, les impératifs matériels du quotidien. Au cœur de chacun de nous vit sans doute un Don Quichotte, mais en marge de Sancho Pança.

p. 15
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[Ulysse / James Joyce] Il y a dans "Ulysse" quelque chose qui oblige tout simplement à élever la barre : l'obstacle absolu qui refuse toute concession, le niveau si élevé qui n'est point celui du lecteur, mais de l'artiste. Qu'il est rare de rencontrer un Esprit de cette envergure, un démon, non pas de l'art appliqué, mais de l'art pur !
Mais voilà, chez nous la mode est de considérer "Ulysse" comme un ouvrage dur à digérer, et il n'est pas jusqu'aux plus raffinés de nos intellectuels qui ne traitent de snob à la manque celui qui, fût-ce à mi-voix, ose alléguer le contraire. Je crois quant à moi qu'il faut mettre des jugements aussi sévères sur le compte de barrages linguistiques. En effet, perçu par le lecteur anglais sans obstacle dans sa langue natale, là où le moindre mot plonge immédiatement dans son âme, le texte d'Ulysse doit s'assimiler sans problème. Mieux encore, c'est précisément la perfection et la puissance de ce style complexe qui nous fait, malgré tout, comprendre dans sa généralité la suprême qualité du livre, encore que le maudit gouffre entre les deux langues nous interdise un contact plus intime. Il est gênant de savoir que quelque part là-bas, à l'étranger, vient de naître une méthode inconnue de sentir, de penser et d'écrire dont l'existence rend nos méthodes parfaitement anachroniques, et de se dire que seuls des obstacles purement techniques nous empêchent d'avoir une connaissance profonde de tant d'inventions nouvelles.
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[Introduction à la psychanalyse / Freud] Voilà un ouvrage massif s'il en fut - 580 pages. Et, malgré la clarté de l'exposé, d'une lecture des plus difficiles : objectif en apparence, mais faisant appel aux intentions du lecteur, d'allure scientifique, mais impossible à vérifier expérimentalement ; foncièrement honnête et comptant sur l'honnêteté du partenaire, et pourtant composé d'éléments tellement volatils et brumeux que ce livre comme nul autre en devient une proie de choix pour la fantaisie, sinon pour la plus vulgaire des impostures. Il s'agit de l'Introduction à la psychanalyse de Sigmund Freud. Il n'est point de domaine plus désarmé et moins assuré contre les attaques venant de tous les horizons.
N'est-ce pas justement pour cela que la méthode freudienne est d'une qualité si haute et qu'elle est si féconde? Car l'honnêteté, la franchise dépourvue de tout formalisme, ne peuvent aujourd'hui que prêter le flanc aux attaques et aux insinuations...
N'ayant aucune compétence pour défendre la psychanalyse et ses méthodes scientifiques contre ceux qui la critiquent, je voudrais seulement mettre en lumière une étrange situation qui fait que certains de nos milieux conservateurs et bureaucrates se livrent à des attaques aussi virulentes que permanentes contre cette partie de nos belles-lettres qui, influencée par les divers courants de la psychanalyse, a du coup cessé d'être belle.

p. 33
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[Les Jeunes Filles / Montherlant] M. Waclaw Rogowicz vient de traduire Les Jeunes Filles de Montherlant, roman qui a fait, dit-on, pas mal de bruit en France et suscité des polémiques passionnées. Rien d'étonnant à cela, car c'est d'habitude, moins la portée même du problème controversé que le piment qui l'assaisonne qui assure le succès d'une polémique. Il reste que Les Jeunes Filles sont une étude psychologique d'un niveau véritablement européen. En soulignant ainsi la noble classe de l'ouvrage, nous pensons à l'excellence de sa tenue littéraire plutôt qu'à la personnalité de l'auteur. Celui-ci n'apporte peut-être pas une foule de révélations, mais avec quelle maîtrise n'use-t-il pas du scalpel de la prose analytique que lui ont légué des générations d'écrivains, avec quelle aisance manie-t-il un intellect et un savoir-faire affûtés par des siècles de culture! C'est avec délices qu'on se plonge dans l'étincelant métier de son art narratif, surtout lorsqu'on vient de refermer certains romans du cru qui, eux, se signalent d'habitude par une technique moins éprouvée.

p. 25
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Videos de Witold Gombrowicz (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Witold Gombrowicz
Witold Gombrowicz : Entretiens avec Gilbert Maurice Duprez (1967 / France Culture). Diffusion sur France Culture du 14 au 20 janvier 1970. Photographie : L'écrivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), portrait daté de 1967. - Sophie Bassouls/Sygma/Sygma via Getty Images. Ces entretiens avec le grand écrivain polonais, disparu en 1969, ont été enregistrés en 1967 et diffusés pour la première fois du 14 au 20 janvier 1970. Witold Gombrowicz a enregistré cette série d'entretiens avec Gilbert Maurice Duprez en juin 1967 alors qu'il venait de se voir décerner le prix international de littérature "Formentor". Plutôt que d'y voir une tentative d'exégèse de son œuvre par lui-même, il faut plutôt considérer ces entretiens comme une suite d'esquisses en vue d'un autoportrait que l'on pourrait intituler : Witold Gombrowicz par Witold Gombrowicz. L'écrivain polonais est mort en 1969 des suites d'une grave affection cardiaque. Gombrowicz n’a jamais pu jouir pleinement du succès de son œuvre, notamment à l’étranger. C’est en France, grâce notamment au vif succès des représentations du "Mariage" au théâtre Récamier en 1964 et de "Yvonne Princesse de Bourgogne" au théâtre de France en 1965, que son œuvre trouve l’un des retentissements les plus rapides. Polonais mais antipatriote visant une forme d’universalité humaine, il était important pour Gombrowicz que son œuvre dépasse les frontières de son pays. Witold Gombrowicz : « Mon histoire est celle-ci : j'ai quitté la Pologne en 1939, après j'ai passé vingt-trois ans en Argentine, puis après une année à Berlin je me suis établi ici, à Vence, à cause de ma santé qui n'est pas très bonne. Exilé ? Oui, premièrement je suis un exilé politique à cause du régime communiste en Pologne, mais aussi dans un sens spirituel. C'est-à-dire que je veux être un écrivain universel et dépasser ma situation particulière de Polonais, même je ne voudrais pas être un écrivain européen. Ma philosophie est de dépasser la nation. Je suis dans un certain sens un antipatriote. » Grâce à ces entretiens, enregistrés en juin 1967, soit un an et demi avant sa mort, on découvre un Gombrowicz certes fatigué, à la voix enrouée, mais toujours plein de la vivacité intellectuelle et de cette lucidité presque déconcertante qui irrigue son œuvre. Posant un regard critique sur la société et notre façon d’être au monde, on y découvre un Gombrowicz qui exècre beaucoup de ses contemporains et la littérature moderne en général, déclarant la guerre à Joyce ou au nouveau roman, dont la forme trop complexe brouille toute possibilité d’une vraie expérience de lecture. Ces enregistrements sont des ressources rares et précieuses qui permettent aux auditeurs et auditrices d’entrevoir les mouvements intimes de l’un des esprits les plus excentriques et fascinants de la littérature européenne du XXe siècle.
Source : France Culture
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