page 304
Elle commençait à se déchausser, écoutant le cri de soie de son bas, qu'elle arrachait mollement de sa jambe.
Ses bas ôtés, elle prenait tour à tour dans ses mains chacun de ses pieds nus, des pieds d'Orientale, qui semblaient d'autres mains entre ses mains; puis les reposant à terre, le bout des ses ongles d'orteils blanchissait. Manette se penchait et restait quelques temps à regarder au bas d'elle ses pieds nus.
C'était la plage de Trouville par un beau jour d'août, vers les six heures du soir. Sous le rose tendre et doux des ombrelles étaient assises les baigneuses. et là encore, des fillettes déchaussées, leurs pieds et orteils, halés sous leur robe. Et au bout de la plage, tout seul, un vieux petit curé, lisant son bréviaire en longeant l'immensité.
Le sentimentalisme, c'était par là que le larmoyeur des tendresses de la femme essayait de rajeunir, de renouveler et de passionner le spiritualisme de l'art.
Elle respectait le silence d'un homme à son chevalet. Elle s'entendait à laver des brosses, et elle reconnaissait vaguement des tons distingués dans une toile. En un mot, elle était «du bâtiment».
Elle était nue, n'était plus qu'elle.
Elle allait se glisser sur le divan, s'étendait en se frottant, et là, couchée, elle se caressait d'un regard jusqu'à l'extrémité de ses orteils au bout du divan.
« Je serai poète, écrivain, dramaturge. D'une façon ou d'une autre, je serai célèbre, quitte à avoir mauvaise réputation. » Oscar Wilde (1854-1900) était un homme de parole : il fut poète, écrivain et dramaturge, il eut une mauvaise réputation et il est célèbre.
[…]
le jeune Wilde, élève brillant, entre au Trinity College de Dublin avec une bourse […] et suit des études classiques : histoire ancienne, philosophie et littérature. Il commence à voyager et découvre l'Italie et la Grèce. […] Il s'installe à Londres et fréquente les milieux élégants intellectuels. […] Il se fabrique une image d'esthète : […] ses tenues vestimentaires de dandy font fureur… Oscar Wilde est à la mode. […] il fait une tournée de conférences sur « l'esthétisme » aux États-Unis, avant de séjourner à Paris où il rencontre Hugo (1802-1885), Daudet (1840-1897), Zola (1840-1902), Edmond de Goncourt (1822-1896) (qui le décrit comme « un individu de sexe douteux »), Verlaine (1844-1896), et les peintres Pissarro (1830-1903), Degas (1834-1917) et Jacques-Émile Blanche (1861-1942). […]
[…] Un second voyage à Paris lui permet de rencontrer Mallarmé (1842-1898), Pierre Louÿs (1870-1925), Marcel Schwob (1867-1905) et André Gide (1869-1951). Juillet 1891 marque le début d'une liaison qui ne se terminera qu'à la mort De Wilde : Alfred Bruce Douglas (1870-1945), « Bosie », vient d'entrer dans sa vie. […] Accusé de sodomie, Wilde […] est arrêté et jugé, […] déclaré coupable d' « actes indécents » et condamné à la peine maximale : deux ans de travaux forcés. […]
Wilde séjourne dans plusieurs prisons […]. Au bout de quelques mois, son état de santé lui vaut d'être dispensé de travaux forcés proprement dits. Ne pouvant payer les frais de justice du procès […], il est condamné pour banqueroute et ses biens sont vendus aux enchères. […] En 1900, un abcès dentaire dégénère en méningite et Oscar Wilde meurt le 30 novembre après avoir reçu, à sa demande, l'absolution d'un prêtre catholique. le convoi funèbre est composé de quelques artistes anglais et français, dont Pierre Louÿs ; Wilde est enterré au cimetière de Bagneux. Ses restes seront transférés au Père-Lachaise en 1909. » (Dominique Jean dans Oscar Wilde, Maximes et autres textes, Éditions Gallimard, 2017)
« […] Les aphorismes traduits ici ont été publiés en 1904, quatre ans après la mort de leur auteur, par Arthur L. Humphreys, qui s'appuyait sur un recueil « analogue » qu'il avait lui-même publié en 1895 sous le titre Oscariana : Epigrams. […] le recueil de 1904 s'intitulait simplement Sebastian Melmoth, Oscar Wilde n'étant mentionné qu'entre crochets. […] Cet ensemble donne un aperçu de la pensée et de l'esprit De Wilde, et si les aphorismes sont parfois contradictoire, ils n'en sont pas moins - précisément - le reflet exact de sa personnalité. Wilde, en public, offrait un tel feu d'artifice de mots d'esprit et de paradoxes que le poète Yeats (1865-1939) a dit qu'il donnait l'impression de les avoir préparés à l'avance […]. » (Bernard Hoepffner)
0:00 - 1er aphorisme
0:17 - 2e aphorisme
0:40 - 3e aphorisme
0:54 - 4e aphorisme
1:19 - 5e aphorisme
1:28 - 6e aphorisme
1:55 - 7e aphorisme
2:20 - 8e aphorisme
2:44 - 9e aphorisme
2:55 - 10e aphorisme
3:51 - 11e aphorisme
4:12 - 12e aphorisme
4:26 - 13e aphorisme
4:40 - 14e aphorisme
5:07 - Générique
Références bibliographiques :
Oscar Wilde, Aphorismes, traduits par Bernard Hoepffner, Éditions Mille et une nuits, 1995
Oscar Wilde, Pensées, mots d'esprit, paradoxes, traduits par Alain Blanc, Éditions V
+ Lire la suite