C'est l'histoire d'Eusée, un être veule, pleutre, échoué presque par hasard dans un milieu pathétique, celui des mouchards tsaristes. On le prend en pitié au début mais à force de le suivre dans les méandres de ce monde interlope, on finit par se lasser. Je me suis perdu un peu dans les nombreux personnages, tous plus ou moins hideux et constants dans leur insignifiance, même si parfois pittoresques et décrits avec un certain humour. Ce tableau par accumulation engendre chez le lecteur une lassitude résignée peut-être voulue par l'auteur dont le but semble de rendre plausible la faculté d'adaptation passive d'Eusée. Une fois le livre terminé, on se rend compte que cette description indirecte d'une société en décomposition est une réussite sur le plan littéraire et on y repense souvent.
Et l'on ne peut s'empêcher de penser que Gorki aurait pu écrire à peu près la même chose dans la Russie d'aujourd'hui.
J'ai rarement lu quelque chose d'aussi sombre et même d'aussi désespéré.
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La racine de tous les malheurs qui s'abattent sur l'homme, c'est la pauvreté, pas de doute. C'est de là que vient la jalousie, la haine, la cruauté ; de là, la cupidité et cette peur de la vie commune à tous, cette crainte les uns des autres.
[...] Ce qui les pousse en avant dans cette oeuvre d'extermination, c'est ce qui domine la vie : la peur, puissante comme le courant d'un grand fleuve.
Gorki et ses fils, correspondance (1901-1934) , traduit du russe et préfacé par Jean-Baptiste Godon, est paru aux éditions des Syrtes.
Près de dix mille lettres de la main de Maxime Gorki sont conservées par les archives de l'Institut de la littérature mondiale de Moscou. La présente correspondance inédite entre l'écrivain et ses fils représente 216 lettres échangées entre 1901 et 1934.
Plus d'info sur https://editions-syrtes.com/produit/gorkietsesfils/
Nos remerciements à la Bibliothèque russe Tourguenev à Paris pour avoir gracieusement accueilli le tournage.