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Le Domaine Des Dieux est l'une des quelques aventures « à domicile » d'Astérix. Ici, pas de grand dépaysement ou de voyage dans l'espace, mais plutôt un grand voyage dans le temps, en accéléré, vers le futur et son urbanisation sauvage et à outrance, qui défigure la nature et modifie à jamais l'esprit des habitants de l'endroit.

Des boutiques à touristes à la faune privée de son biotope, les auteurs balaient tous azimuts et avec brio. C'est même un Goscinny très en forme qui signe probablement dans cet album l'un de ses tout meilleurs calembours avec le fameux « il ne faut jamais parler sèchement à un Numide ».

Le synopsis, quel est-il ? César, agacé par cette résistance farouche à sa coercition du village des irréductibles Gaulois, décide d'en venir à bout par la ruse, en en faisant de très minoritaires résidents d'un gigantesque ensemble urbain. Les villageois indigènes seraient alors réduits à l'état de curiosité archaïque, exactement comme les indiens des réserves dans Lucky Luke, détail qui prouve que c'est une idée très fermement ancrée en Goscinny (à raison selon moi) que cette dénaturation du caractère authentique d'un groupe ethnique par son contact trop étroit avec la société dominante.

Le problème, évidemment, c'est qu'il va falloir le construire ce vaste domaine urbain, et avec des teigneux de la première espèce comme le sont les Gaulois de ce village, l'opération risque d'être délicate. César délègue sur place le vaillant architecte Anglaigus, qui contrairement à la majorité des Romains dépeints dans Astérix, s'avérera méticuleux, obstiné et absolument pas poltron, bien que son moral ait de fortes raisons de connaître des chutes.

Eh oui ! car outre le fait d'être épaulé par des légionnaires romains notoirement couards, paresseux et incompétents, quant à eux, il faut aussi qu'il compose avec les soulèvements des esclaves et les glands enrobés de potion magique qui font repousser un chêne mature aussi vite qu'Anglaigus les abat, sans compter les morsures d'Idéfix dirigées vers son fessier, lui le grand défenseur de la cause végétale.

On lit aussi, en filigrane, des messages plus subtils et qui doivent susciter notre réflexion, notamment, celle que toute industrie ou activité quelconque employant de nombreux salariés (en l'occurrence ici, pas toujours salariés), aussi nuisible soit-elle pour l'environnement ou la santé de ses employés n'est pas si facile à juger.

Car aussi néfaste soit-elle, cette entreprise fait vivre des gens qui n'ont que ça pour vivre. S'en prendre à cette entreprise peu scrupuleuse, c'est avant tout s'en prendre aux derniers maillons, les pauvres bougres qui n'y sont pour rien. Cela ne vous rappelle rien ? Des pêcheurs espagnols aux orpailleurs de Guyane en passant par les roses ou les truites produites en Afrique pour alimenter Rungis ?

Goscinny place dans la bouche de l'esclave numide Duplicatha cette superbe phrase : « Vous nous empêchez de devenir des hommes libres, en nous empêchant d'achever le travail. » À méditer à l'aune d'un certain « Arbeit macht frei », thème qu'avait également repris Paul Grimault dans son magnifique film d'animation le Roi Et L'Oiseau…

Et comme si cela ne suffisait pas, il en rajoute une couche sur le syndicalisme et le droit du salarié dont chacun pourra trouver sa propre morale car René Goscinny pointe le doigt (et décide de s'en amuser) sur tous les excès, de part et d'autre, tant du côté salariat que du côté patronat, qui font que jamais tant que l'humain sera humain, ces deux engeances ne pourront s'entendre pour leur bien mutuel.

En bref, encore un très bon cru, pas forcément très accessible pour les jeunes enfants, mais délectable après, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

N.B. 1 : vous avez sous les yeux le seul Astérix de l'ère Goscinny où Obélix ne figure pas en couverture.

N.B. 2 : comparez, si le coeur vous en dit, la façon dont est représenté Vercingétorix aux pieds De César, lorsque, comme ici, c'est César qui parle, ou bien dans "Le Bouclier Arverne", la même vignette, mais quand ce n'est plus César qui parle. Bravo à Uderzo pour cette subtilité.
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Etait-ce une riche idée que celle de César de construire un domaine d'habitations à proximité du village gaulois bien connu des lecteurs d'Astérix, afin d'isoler les gaulois et de conquérir par la ruse ce que la force n'a pas permis?

Bien sûr que non, mais cela a quand même ébranlé les fondamentaux des habitants du village qui ont découvert l'intérêt de commercer avec l'ennemi, l'argent frais venant à bout du moindre poisson d'Ordralfabétix, pourtant pas si frais que cela en principe... Et le forgeron devient marchand d'antiquités...

Panoramix et Astérix auront la solution grâce à leur barde que l'un des romains a rebaptisé involontairement Assurançautierlimitix et donc sans tous risque les romains vont devenir de simples tiers que les gaulois vont réduire en fractions encore plus nombreuses.

C'est un album rempli d'humour et de finesse où les réparties s'enchaînent naturellement pour le plus grand plaisir du lecteur qui peut toujours en rire volontiers, dans une intemporalité qui marque bien le succès définitif des aventures d'Astérix le gaulois.
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Le Domaine Des Dieux est un excellent volume de cette farouche et attachante série d'aventure de nos deux gaulois intrépides .

C'est aux résistants du village gaulois , qui résistent encore et toujours , que je dois mon gout pour l'histoire ancienne .
Ce n'est pas pour raconter ma vie que je le mentionne , c'est juste pour dire que dans ces BD anodines et distrayantes , il y a une flamme qui brule et qui est susceptible d'avoir une incidence sur le lecteur , une flamme capable d'orienter une destinée .... et Bla ... Bla ... Bla ...
En effet je n'aimais pas les romains , ils avaient conquis la Judée , détruit Carthage , et conquis la Gaule . vraiment ils avaient un CV , qui n'était pas du tout « le genre de la maison « ...
Alors ce petit village qui durait et qui distribuait des baffes aux romains qui les méritaient , avait tout mon soutient , moi qui voulait refaire l'histoire et qui aurait aimé pouvoir effacer l'uniformisation du bassin méditerranéen impulsée par Rome et par les monarchies hellénistiques ...

Le Domaine Des dieux est un des meilleurs de la collection . Mes critères pour décerner cette palme , tient au fait que c'est un des volumes où l'histoire est vraiment riche car traitée de façons approfondies . Cette histoire se termine sans être bâclée où simplement sans être clôturée par une fin trop abrupte . Parce que aussi , les dessins nous interpellent souvent , car ils sont denses et recherchés , surtout ceux qui viennent densifier le contexte , le cadre , disons l'univers . Je pense par exemple , à la pub et au prospectus qui sont fait à Rome pour promouvoir ce programme immobilier , directement téléguidé par César en personne . C'est un exemple , entre autres exemples , de ces planches de qualité qui sont offertes à la sagacité du lecteur et qui sont riches d'humour et de détails .

Le village résiste , les camps romains poursuivent leur surveillance qui consiste principalement à essayer de ne pas avoir trop d'ennuis . Nos amis gaulois ont la belle vie . Ils sont en bord de mer , il y a de belles forets , des sangliers et des romains à qui distribuer des baffes . César en a assez , ce village qu'il connaît bien est une ombre qui ridiculise Rome et qui pourrait finir par nuire à sa carrière politique , lui qui affirme avoir conquis la Gaule .
L'idée est de cerner le village , en plaçant dans son voisinage immédiat , une vitrine attractive de la civilisation romaine . Qui doit permettre d'assimiler le village en diluant son identité par des contacts quotidiens , interactifs et constants avec le monde romain et sa civilisation , incarnée ici dans un lotissement romain et dans ses habitants .

C'est bien vu au fond , parce que ce n'est pas d'une autre façon que s'est réellement effectuée la romanisation du bassin méditerranéen occidental . Ce processus de latinisation s'est entre autre effectué par l'implantation de colonies romaines et urbaines de peuplement et par l'accession à la citoyenneté romaine des élites locales . de même qu'elle s'est faite par une politique systématique d'urbanisation de qualité , qui fut intensive et impulsée dans le même élan que l'établissement des colonies romaines ..
Sur cette strate historiquement pertinente , se dépose une strate thématique plus contemporaine , avec ce qui est finalement la mise en place d'un programme immobilier en bord de mer , qui vient sabrer la vie locale , l'identité locale et la pauvre nature locale (biotopes dénaturés ... ) .
Se greffe clairement à la trame narrative l'idée que les contacts commerciaux asymétriques , dénaturent l'identité et les traditions locales , en réduisant cette identité à un facteur commercial dénaturé et désincarné .
Le village se transforme rapidement en centre commercial , les prix montent et tout le monde dans le village , se retrouve dans l'industrie du folklore , l'offre abonde et César pourrait bien réussir ?

Pour construire le Domaine Des Dieux , il faut effacer la foret et pour construire , il faut des esclaves . Les pauvres esclaves n'en finissent pas , car mystérieusement , les arbres repoussent constamment . Il faudra finalement consentir à les payer , pour essarter la foret et pour construire le premier immeuble . Cette thématique de l'esclavage est ici désopilante et riche , car ces messieurs viennent de tout le monde romain et ils sont dotés de tempéraments très différents . Leurs revendications sont également désopilantes , et l'évolution de leur contrat de travail vaudra le détour .

Dans cet album comme d'habitude tout le monde en prend pour son grade , les syndicalistes , les politiques , nos farouches gaulois . Mais ce qui fait le succès de cet univers à mon humble avis , c'est que si on n'hésite pas à ruer frontalement dans les brancards , concernant certaines réalités ou certains comportement innommables ou contreproductifs . Il y a aussi et systématiquement une douce aménité , qui vient jeter du baume sur ce que les auteurs dénoncent régulièrement ou seulement plus ponctuellement . En effet , c'est ainsi que les romains ne viennent pas tous s'installer volontairement dans ce lotissement , certains y sont contrains . Les esclaves sont bien obligés de gagner leur vie et pour cela il faut du travail ....

Donc toujours cette relativisation des dynamiques , qui s'enracine dans la complexité pertinente et éternelle des choses , qui vient opportunément arrondir les angles , et finalement cette aménité constante dans le traitement des problématiques évoquées , fait que cette bande dessinée respecte profondément la nature humaine en la posant comme grise ( pas noire et pas immaculée ) . Les réalités et les responsabilités ne sont ne sont jamais simples. Elles sont souvent ambiguës . C'est vrai dans cette BD comme dans le monde réel que nous connaissons .

Bref , un épisode qui est dense , que ce soit le texte ou que ce soit les dessins et les belles couleurs , des couleurs souvent pastelles et vives .
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Déjà la dix-septième aventure d'Astérix et de ses compères irréductibles ! le Domaine des dieux est une des meilleures de la série où René Goscinny et Albert Uderzo sont, en 1971, à l'apogée de leur talent.

Alliant à merveille calembours à foison et situations drolatiques dont ils sont coutumiers, les deux compères réussissent le tour de force, non seulement de renouveler une typologie de scènes très cadrées, mais également, encore une fois, de mettre en parallèle des préoccupations contemporaines avec des considérations très burlesques. C'est ainsi la condition de l'homme outragé, l'urbanisation à outrance, la publicité ahurissante et même l'écologie face au capitalisme qui sont abordées, tout en misant sur les thèmes classiques gaulois : amitié, bonne vie et patriotisme plus ou moins roublard.

Un tome incontournable donc, qui fait l'objet d'une adaptation en dessin animé notamment par Alexandre Astier (en 2014) et qui ne s'oublie guère, rien qu'en se remémorant des répliques comme "il ne faut jamais parler sèchement à un numide", "Il est formidable. - Qui ça ? - Ben... vous. - Ah. Lui" ou "En arrachant les arbres, vuos faites de la peine [...] aux corneilles. - Oui, c'est un problème cornélien". Bref, que du bonheur en cases !
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Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas lu d'aventures de nos chers Gaulois, Astérix et Obélix.

Ce tome est vraiment réjouissant. Je me suis surprise à ricaner comme une gamine. Il faut dire qu'ils ont toujours autant de charme ces gaulois. C'est une galerie de personnages que l'on prend plaisir à retrouver au fil des tomes. Obélix et ses sangliers et ses bonnes grosses baffes distribuées généreusement aux romains. le petit Idéfix qui pleure quand on fait du mal aux arbres. le poissonnier qui a vraiment le commerce dans le sang et la langue bien pendue. Et ce pauvre barde qui chante toujours aussi faux.

Bref je savoure. Les dessins sont succulents tout comme les jeux de mots qui sont vraiment bien trouvés.

Enfin le scenario est vraiment intelligent. Nos gaulois dans ce tome , jouent à domicile. Les romains ont décidé de construire "le domaine des dieux" , un immense complexe immobilier , à côté de leur village. Et on va de surprise en surprise. C'est le pauvre Anglaigus qui doit s'y coller. Et on a presque de la peine pour lui: des gladiateurs peureux, des esclaves qui se rebellent, des arbres qui poussent en quelques heures. Il y aurait de quoi devenir fou.

Sur un air de franche rigolade, de grands thèmes sont abordés: déforestation, l'urbanisation à outrance au détriment de la nature, tourisme (la vente des poissons par nos amis gaulois aux clients romains est désopilante), le syndicalisme et les droits des salariés.

Un très bon tome.





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Quand le bâtiment va, tout va...
Dans la série: Comment contraindre les invincibles gaulois?
Cette fois, César (Jules) a trouvé un moyen qu'il croit enfin infaillible pour soumettre ce damné village gaulois...
Mais le village gaulois a de la ressource, et les romains n'ont pas fini d'en baver et de se ramasser force mandales.
Ah! ces problèmes de voisinage... Et les gaulois vont s'y entendre, pour pourrir la vie des résidents romains et retrouver la tranquillité de leur forêt.

Si cet album de la saga est excellent, j'ai trouvé le dessin animé encore meilleur, qui dynamise le récit avec des trouvailles supplémentaires.
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Il y a longtemps que je n'ai pas relu les albums d'Astérix et comme mon fils les a pris chez lui je suis tributaire de la Médiathèque et une razzia a été faite sur la série pour les vacances.

Ce volume était le seul de la série originelle, n'ayant pas envie de relire ceux qui ont suivi, trouvant que les gags ou sujets abordés n'étaient pas aussi qualitatifs.

Afin de faire plier le village des irréductibles gaulois, Jules César décide de faire construire un domaine immobilier autour du village. Un architecte est envoyé à la garnison voisine et s'attaque à faire raser la forêt par des esclaves. Idefix n'est pas le seul à être contrarié par l'arrachage des arbres mais voulant faire libérer les esclaves les gaulois décident de laisser faire la construction avant d'installer leur arme ultime dans l'immeuble !

Les noms m'amusent toujours autant et même s'il y a moins de péripéties que dans d'autres albums, j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver ces personnages qui ont toujours fait partie de mes préférés !

Challenge ABC 2022/2023
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Un excellent volume !
Tout les ressorts sont utilisé : le village résistant, César qui veut à tout prix les conquérir, la potion magique, les légionnaires peureux, la chasse aux sangliers, le barde, le poissonnier, le forgeron... Et ils sont utilisé avec brio ! On en profite pour critiquer : les promoteurs immobilier, la concurrence forcené, les lois du marché, les patrons exploiteurs, le droit de grève...
Excellent !
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Ce volume est un de mes préférés des aventures de nos gaulois. D'abord parce qu'il se passe chez eux, et ensuite parce qu'on assiste au combat très contemporain entre l'urbanisation galopante et la nature. Bien-sur, grâce à quelques tours du druide et à la ténacité féroce d'Idéfix, la nature va gagner. Qu'est ce que j'aimerais avoir des graines magiques moi aussi...
De plus, les auteurs nous déploient toute leur verve dans les noms des intervenants et les jeux de mots à répétition. J'ai éclaté de rire en lisant : Il ne faut jamais parler sèchement à un numide.
Bref, j'ai pris énormément de plaisir à cette relecture qui a été un petit moment de calme dans mon WE surchargé.
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On retrouve dans cet album les ingrédients classiques (baffes, pirates, jeux de mots, etc…) qui caractérisent la série ainsi que quelques clins d'oeil tout à fait d'actualité à l'époque où l'on construisait les villes d'Evry et Parly II : les "conduisez-dedans" et les "potions-tabernae" "où l'on trouve de tout", qui rappellent étrangement les drive-in et les drugstores américains.
N'oublions pas un clin d'oeil à Guy Lux en la personne de l'animateur Guilus qui effectue la promotion du Domaine des Dieux dans le cirque.
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