René Goscinny : Du Panthéon à Buenos Aires - Chroniques illustrées

S'apercevoir que GOSCINNY était un génie n'a rien en ça de véritablement exceptionnel pour un français ordinaire, certes.
Entre Astérix, qu'il a créé avec son ami UDERZO, Lucky Luke, qu'il a repris, ou le petit Nicolas, illustré par SEMPÉ, témoignage léger des années 50, plus tout le reste, avec GOTLIB, FRANQUIN, TABARY pour l'inénarrable Iznogoud … No comment ! Quand les grands s'associent aux grands …
Bon chien chasse de race, nous dit le proverbe. Effectivement, le petit René, né en 1926 (je l'indique juste par ego car c'est aussi l'année de naissance de ma mère adorée), est, du côté paternel, fils d'un ingénieur et petit-fils d'un rabbin. du côté maternel, une BERESNIAK, il possède un grand-père, propriétaire de la seule imprimerie hébraïque qui éditait l'hébreu ancien et moderne, et en possédait les caractères, fort rares, détruits ou éparpillés par les nazis pendant l'affreuse période qu'on sait. Abraham, cet aïeul direct, a rédigé d'ailleurs le premier et seul dictionnaire hébreu-yiddisch existant, publié en France en 1939. Moitié polonais, moitié ukrainien d'origine, René se voit des ascendants, à cause de la persécution générale des juifs au cours des différents siècles, ayant quitté plusieurs fois leurs pays d'origine. Même si toute la famille n'est pas pratiquante au niveau confessionnel, elle éduque ses enfants dans la culture et les arts. On retrouve dans les écrits de l'auteur multilingue d'Astérix, des traces de la culture aschkénaze.
Dans « du Panthéon à Buenos-Aires », GOSCINNY raconte, en filigrane, son parcours et ses opinions. Il n'est rien de dire qu'il écrit bien. le propos sonne clair, fluide, léger et drôle. Incroyablement drôle, comme d'habitude. Né dans le cinquième arrondissement, à l'inverse des grands hommes qui terminent parfois sous le grand dôme (selon lui, bien sûr), il a commencé par le Panthéon, situé à quelques encâblures de son lieu de naissance.
GOTLIB, ami de longue date du scénariste, avait souligné sa constante bienveillance. En 2022, c'est une prouesse qui nous apparaît encore davantage étonnante de faire rire sans écorcher. Là, au fur et à mesure des chroniques, GOSCINNY n'évite en rien les cibles, fils de famille, menteurs, mégalos, … Il tacle les idées reçues avec son talent habituel, accumule les passes d'armes sans prendre un coup et sans agresser.
C'est indéfinissable. Dans un chapitre, pour évoquer les grands génies incompris, il affirme que lui a toujours été compris et explique pourquoi. Il félicite le premier homme préhistorique qui s'est risqué à goûter un aliment délicieux. Il narre le parcours de grands hommes soi-disant partis de rien. Exemple : mon père ne m'avait laissé en tout et pour tout que quatorze transatlantiques rouillés.
Bref, toutes ces chroniques, irrésistibles de drôlerie, n'ont pas pris une ride, à la différence certaines autres oeuvres, comme « La potachologie », parce que l'école a tellement changé. Les travers humains, la fibre même des hommes varie peu, les Anciens avaient déjà compris cela.
Achetez ce livre, si vous le trouvez, sinon empruntez-le à une bibliothèque, volez-le au besoin, mais lisez ce livre !
C'est indispensable.

Ce livre présente des textes de René Goscinny, le scénariste de bande-dessinées si connu (Astérix, Iznogoud, Lucky Luke, ...) , qui sont parus dans différents journaux. Ce sont des courtes chroniques humoristiques où Goscinny se moque des défauts de ses contemporains, lui-même en prend pour son grade !
Un vrai régal, une vrai bouffée d'oxygène, ces textes m'ont bien fait sourire, ce sont de vrais petits bijoux que nous offre cet homme de génie. A déguster sans modération pour un bon moment de détente.