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EAN : 9782363080615
172 pages
Arléa (12/06/2014)
3.96/5   12 notes
Résumé :
Gueorgui Gospodinov est une des voix majeures de la littérature bulgare.
Au travers de ces différentes nouvelles, qui vont de la rupture amoureuse au états d'âme d'un cochon philosophe et poète, sacrifié un jour de Noël, il nous parle d'un monde où se mêlent destin personnel et destin d'un peuple, où la dérision et l'humour côtoient une immense tendresse.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La citation de Paul Ricoeur placée en exergue du livre donne parfaitement le ton de ce qui va suivre dans les 22 nouvelles de Gospodinov : "nous devons sans cesse raconter nos histoires".
Derrière la diversité de ces 22 nouvelles apparaissent quelques thèmes récurrents, entre autres : les limites de la communication entre les êtres souvent enfermés dans une certaine solitude, l'impermanence des choses et des réalisations humaines, le temps, l'appréhension du monde à travers le récit et la littérature.
Ainsi dans plusieurs nouvelles, Gospodinov place ses personnages dans des simulacres de communication : un dialogue de sourds entre un contrôleur de train bulgare et un écrivain hongrois, un monologue tenu par un clochard devant une vitrine derrière laquelle il se voit dans un écran de télévision, le "dialogue" au cimetière entre un vieil homme et son ami reposant sous terre, la correspondance étrange entre deux hommes vivant à des époques différentes, la conversation entre un homme et une femme qui n'ont que trois heures devant eux pour tout se raconter, l'exposé fait par un professeur sourd. A chaque fois, Gospodinov enserre la communication dans un système de contraintes qui la rend difficile ou fictive.
Face à ces limites du langage, la littérature ou les récits apparaissent comme des moyens d'appréhender le monde et la vie, pourtant marqués par l'impermanence. L'écrivain est celui qui peut inventer la réalité (dans une nouvelle, un écrivain participe à un concours de littérature en décrivant le meurtre qu'il a commis et qui fait la une de l'actualité). La fiction n'est pas obstacle à la réalité. le langage et les mots créent un monde qui leur est propre.
Celui qui raconte des histoires a aussi le pouvoir d'imaginer le futur et de rappeler le passé, de faire revenir les choses et les situations disparues. Plusieurs des histoires de Gospodinov font référence au passé plus ou moins récent de son pays, la Bulgarie, et en particulier à son passé communiste. La disparition rapide d'un système qui semblait invincible a probablement beaucoup marqué l'auteur.
Dans ces textes souvent tragiques ou grinçants, la seule source de lumière apparaît être la relation amoureuse, pourtant destinée elle aussi à ne pas durer.


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« Voici vingt récits de Bulgarie qui devraient vous donner l'envie de prendre le train jusqu'à ce pays dont on ne sait rien si ce n'est que le coeur des gens y bat à tout rompre pour des raisons toutes semblables aux nôtres. Car c'est bien l'humanité qui passionne Gospodinov ; mais cet enfant terrible de la littérature Bulgare adore changer de point de vue. Ce sont des histoires naturelles qui à la façon d'un kaléidoscope nous découvrent le monde dans les divers mouvements de la vie : la douleur de l'amour (une rencontre de passagers dans un hall de gare), les états d'âme d'un cochon – sacrifié – le jour de Noël, la distorsion d'un regard (l'oeil gauche voit dans le passé et le droit dans l'avenir), la conversation entre deux étrangers, l'enfance, bien sûr, bref toutes les inquiétudes et les fous rires d'une vie » (extrait du synopsis éditeur).

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Cet ouvrage s'ouvre sur une préface rédigée par Marie Vrinat – traductrice – qui revient sur le parcours de Guéorgui Gospodinov et présente la démarche ainsi que les objectifs de la traductrice.

« le parti pris adopté, ici, est de trouver des jeux de mots en français qui permettent d'une part de garder les images et métaphores filées dans lesquelles ils sont enserrés, d'autre part de ne pas s'éloigner trop de la culture étrangère, d'en préserver l'étrangeté et le rythme autant que possible (…) ».

Le résultat permet au lecteur de profiter d'une lecture fluide. le style littéraire s'appuie sur une ambiance dans laquelle on s'installe facilement, faisant appel à une culture qui nous est familière. Pour autant, les métaphores employées sont totalement atypiques, faisant ainsi souffler un vent nouveau sur la tonalité de ces récits. Il n'y a aucune aspérité sur laquelle on buterait durant la lecture ; le travail de traduction est remarquable.

« Quand le monde matériel nous déçoit, nous écrase de sa banalité et nous ennuie, il nous reste les mots et les histoires qui invitent au rêve, au voyage, à l'imaginaire… » (extrait de la préface rédigée par Marie Vrinat).

Quant au contenu des nouvelles en tant que tel, la variété des histoires renouvelle à chaque fois le contexte, les personnalités en présence, leur façon d'interagir et d'orienter le dénouement de chaque récit vers quelque chose d'unique. Pas de redondances ici, tant sur le fond que sur la forme.

Un petit tour au coeur de l'ouvrage ?

L'Alphabet des femmes est la première nouvelle de ce recueil. le narrateur, un romancier, est contacté par un ami d'enfance qu'il n'avait pas vu depuis de nombreuses années. Ce dernier sollicite l'auteur en vue d'obtenir de l'aide dans la construction d'un récit qu'il est en train d'écrire. « Toute ma vie, je n'ai eu qu'une passion : les lettres et les femmes ». Son travail d'écriture consiste à affecter le prénom d'une de ses amantes à chaque lettre de l'alphabet. Une quête insensée, un dilemme, une amitié forte seront les trois éléments fondateurs de cette rencontre surprenante.

Lire l'intégralité de l'article sur le blog :
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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G.Gospodinov, écrivain bulgare, aime raconter des histoires et jouer avec les mots, leurs sens, leurs sonorités et même les lettres. Ainsi , " L'histoire dans l'histoire" , "La huitième nuit" avec la liste des choses qui doivent être entendues, "De la saveur des noms" avec la recette du boeuf Stroganoff et la belle histoire éponyme " L'alphabet des femmes" où chaque lettre correspond à une conquête féminine. Les personnages eux-mêmes aiment changer de nom : " Gaustin" ou Garibaldi, "L'homme qui avait plusieurs noms". A travers cette quête d'identité, on perçoit des dérèglements dans la perception du temps
et la présence de la mort. Cauchemars ou parties du corps ( oeil - oreille ) peuvent acquérir une autonomie inquiétante : "Vaïcha l'aveugle" " le troisième ".
Pourtant rien de triste dans ces nouvelles qui nous renvoient à un pays, une Histoire, une culture différents des nôtres. On sent aussi de la part de l'auteur une grande empathie pour ses personnages, quels qu'ils soient. ( cf." Les états d'âme d'un cochon le jour de Noël " ).
Un écrivain à découvrir dans cette traduction de Marie Vrinat qui rend bien compte, me semble-t-il, des talents et de l'originalité de l'auteur..
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L'Alphabet des femmes est le titre de la première nouvelle de ce recueil qui en contient une vingtaine. Les nouvelles sont courtes et bien écrites ; chacune se termine d'une façon bien imaginée et à laquelle on ne s'attend pas.

Malgré ce que dit la quatrième de couverture, on n'y parle pas vraiment du destin du peuple Bulgare (à part deux allusions à la résistances contre les Ottomans), mais il y a de l'humour et comme un jeu entre l'auteur et ses personnages.
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Il est des pays où les histoires sont encore vivaces.
De celles qu'on raconte au coin du feu, où à grand bruit dans une taverne. Ces contes dont chaque mot est pesé et délicieusement prononcé sont aussi vivants que leurs auteurs, ils grandissent, exagèrent, taquinent, caressent, interrogent, amusent….
C'est toute la vie qui s'y loge.
L'Alphabet des femmes est un condensé de ces merveilles auxquelles nos froides sociétés occidentales ont tourné le dos.
Venez vous réchauffer à la plume tendre et cruelle de Gueorgui Gospodinov !

Un grand merci à Marie Vrinat, l'excellente traductrice, pour cet envoi et cette découverte.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le monde s'avéra bien plus ennuyeux qu'il ne promettait de l'être. Il fallut se rendre à l'évidence : les musiciens de Brême ne tapaient pas la brème mais venaient d'une ville portant ce nom. Quant au lac Titicaca, il n'avait rien à voir avec notre gros mot préféré. Et les Indiens ne vivaient pas en Inde, et Goïko Mititch ( acteur bulgare qui jouait le rôle d'Indien dans les films de l'époque communiste) n'était pas un Peau-Rouge, etc., autant de déplorables faits. Et pour finir, il y avait toujours quelqu'un pour venir reconnaître le cadavre de ce qui nous entourait. "Premiers pas" P.63
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Il se sentit terriblement vieilli et bougeait ses jambes avec peine. Il ferma les yeux à dessein en passant devant les vitres de la salle d’embarquement pour ne pas voir subitement dans leur reflet ses cheveux devenus blancs ainsi que ses épaules rentrées, des épaules de vieillard. A chaque pas il comprenait plus clairement qu’il lui était impossible de rentrer chez lui, auprès de sa femme à la jeunesse inaccessible. Et qu’il ne pourrait jamais lui raconter ce qu’il avait fait durant ces cinquante années d’absence.
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Le premier livre avec lequel j'ai appris à lire était les " Mémoires sur les insurrections bulgares".[...]
Elles sont trop courtes ces premières années d'enfance de lecture heureuse, quand nous sommes encore des lecteurs du jardin de l'Eden. p.58/59
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Videos de Guéorgui Gospodinov (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guéorgui Gospodinov
Le rayonnement de la prose de l'écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov est confirmé par son roman «Physique de la mélancolie» (2011, paru en français aux éditions Intervalles en 2015), lauréat du Prix Jan Michalski de littérature 2016. Sous-titres en français
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