AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Guéorgui Gospodinov (Autre)Marie Vrinat (Traducteur)
EAN : 9782369560968
140 pages
Editions Intervalles (20/11/2020)
4.25/5   6 notes
Résumé :
« Il y a quelque chose de dramatique et en même temps de tranquillisant dans les histoires courtes, du fait de leur synchronisation avec la brièveté des corps. Elles s’arrêtent de manière inattendue, elles peuvent être drôles et absurdes, brusques et manquant d’assurance, personnelles et distanciées à la fois. »
Que lire après Tous nos corpsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce recueil réunit une centaine de textes trop courts pour prétendre être qualifiés de nouvelles. Gospodinov démontre, si besoin était, que le très court métrage ne manque pas d'attrait. A partir de fragments, de notes et de textes courts écrits sur plusieurs années, l'écrivain bulgare tisse une toile qui peut paraître hétéroclite mais qui une fois le livre refermé, offre une certaine cohérence d'ensemble. Celle-ci se forme par les liens qui souvent unissent deux textes successifs, par une tonalité poétique qui parfois rappelle Borgès, comme dans le texte sur la collection des histoires impossibles, ou encore par la restitution d'instantanés de la vie, jugés dignes de donner lieu à une trace écrite même s'ils sont très brefs.

Gospodinov nous parle beaucoup de la littérature, des écrivains, de la puissance du récit et de l'imagination, alimentée par l'observation du monde. Il nous parle de la mémoire, du temps qui passe, de la mort, de la mélancolie dans sa spécificité bulgare, sans jamais tomber dans la nostalgie car le passé communiste et bureaucratique du pays n'y incite pas. le progrès et l'évolution technologique (bien grand mot car il s'agit de téléphone, de spams ou de GPS) sont sources de curiosité et de réflexions. A la manière d'un La Bruyere, Gospodinov dresse avec un certain humour un tableau de caractères humains comme le vaniteux ou l'orgueilleux.

Les notes de Gospodinov sont de petits bijoux.
Commenter  J’apprécie          50
Le sous-titre du livre, Histoires ultra-courtes, le résume parfaitement. Guéorgui Gospodinov, écrivain bulgare déplore dans la post-face la prépondérance du roman dans la littérature et le peu de place laissée aux autres genres. "Et pourtant, en ce qui me concerne, c'est ce potentiel subversif des petites histoires, leur capacité à échapper au joug du roman qui me plaisent. [...] Je veux dire qu'à une époque comme la nôtre, où l'on parle beaucoup et au hasard, comme au bistro, la bonne histoire courte vient nous donner la mesure de chaque mot. Et de chaque minute." (p. 139/141)

J'aime beaucoup ce genre de recueils, mais il faut bien avouer que l'exercice est casse-gueule, l'auteur peut vite tomber dans l'historiette sans intérêt, ce qui est loin d'être le cas avec Guéorgui Gospodinov. Il y parle littérature, travail de l'écrivain. La nostalgie est également très présente ainsi que la Bulgarie, l'amour, la mort, Dieu, l'athéisme. Les gens que l'auteur a rencontrés ou inventés sont décrits dans leur quotidien, mais aussi leurs pensées, leurs questionnements, leurs peurs, angoisses, joies, bonheurs... Des histoires courtes voire très très courtes qui vont au plus direct et parfois, une phrase explose, ça peut-être la chute, mais pas toujours :

"L'être humain n'est pas fait pour manger seul."

"Je suis conscient, sans doute comme beaucoup d'autres avant moi, que, parmi mes souvenirs personnels, il y en a un grand nombre qui sont nés de livres. Lire produit des souvenirs."

Les histoires de Guéorgui Gospodinov sont drôles, ubuesques, fantaisistes, tendres, oniriques, poétiques, réalistes, surréalistes, décalées, à chute souvent, sans chute parfois, il y a en elles un détail ou leur fond qui est à retenir, qui interroge ou simplement qui plaît. Une que j'aime beaucoup pour finir :

"L'ange des livres non lus

Ils sont là, quelque part, je les vois empilés l'un sur l'autre, tous les livres que je ne lirai pas. le sommet de cette tour se perd dans les nuages et tout au-dessus se tient l'ange des livres non lus qui balance ses jambes.

Certains de ces livres ne sont même pas encore écrits. Cette tour de Babel de ce qui n'a pas été lu croît de jour en jour, de plus en plus imposante.

Parfois, j'ai l'impression que l'on peut atteindre Dieu par l'ignorance." (p. 134)

Le genre de livres que l'on a plaisir à lire, à offrir et faire découvrir, car chacun y trouve, sauf à être totalement obtus, des histoires qui le touchent.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          52
Bon, pour être direct, le livre a été présenté (dixit l'éditeur) comme « un recueil d'une centaine de micro-fictions environnementales », et en ce sens, c'est une bien grosse déception, et même une très belle farce ! Quelques textes ont bien l'apparence de fictions (surtout sur la seconde moitié), quand à l'aspect « environnemental », voilà un terme abusif et bien trompeur…
Cela dit, si l'on prend ce livre comme une série de micro-réflexions, écrits autour des observations de l'auteur lors de ses pérégrinations ces deux dernières décennies, et qui n'ont pas pour prétention de radicalement nous changer notre perception du monde, c'est plutôt correct, voire parfois même plutôt bon.


Ma sélection de courts textes :
- Tous nos corps
- Jusqu'à la porte
- Lait
- Dîner
- L'ange des livres non lus
Et quelques micro-réflexions : Nouvelles inquiétudes, Terre natale, Août, Dernières illuminations


Livre découvert à l'occasion d'une opération Masse critique.
Commenter  J’apprécie          50
Quelle bonne pioche, cette Masse critique ! Que j'aime quand la concision dit tellement de choses ! Tous nos corps, c'est ces histoires qui nous traversent, par les lectures, par les souvenirs, par le regard posé sur ce qui nous entoure. Ça fait sourire, ça surprend, ça interroge, ça fait dire "oh je connais ce sentiment !" ou "ah tiens c'est étrange", ça parle de la Bulgarie - ce pays où les gens "hochent la tête à l'envers" - et ça m'a rendu curieuse de sa littérature (je ne savais rien de cet endroit d'Europe orientale, il faut bien l'avouer...)
Tout ça avec des textes d'une page ou quelques lignes...
Ce livre me rend aussi curieuse des éditions Intervalles.
Une bonne pioche, quoi.
Commenter  J’apprécie          60
Ce livre regorge d'histoires ou textes très courts (quelques lignes ou 2 pages au maximum).
Nonobstant ce format qui ne me convient pas, j'ai aimé l' humour dont fait preuve l'auteur (le texte sur la correctrice est jubilatoire) et la beauté de certains passages (Par charité).
Certains textes sont riches des sourires qu'ils suscitent, de souvenirs, d'émotions et de questionnements sur notre société actuelle et ses évolutions (rendent-elles l'Homme plus heureux ou davantage apte à apprécier ce qui l'entoure ?).

"Tous nos corps" est un condensé de richesses dans certains passages, de réflexions pertinentes.
Une finesse dans l'aptitude de l'auteur à voir ce qui est dans le coeur et la tête de l'Homme.
À découvrir !
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On ne trouvera pas cette lettre dans d'autres alphabets, quant à un son semblable, on peut en entendre un, selon les philologues, en chinois et en turc.
En quoi la mélancolie bulgare est-elle différente ? Ne ressemble-t-elle pas à d'autres mélancolies tout autant intraduisibles comme hüzün en turc ou saudade en portugais ? Pas tout à fait : ce sont les mélancolies d'empires qui ont tout eu et qui l'ont perdu. Contrairement à elles, la mélancolie bulgare est celle de quelque chose qu'on a perdu sans être certain de l'avoir jamais eu. La mélancolie de ma mère pour Paris qu'elle n'a jamais vu et qu'elle ne verra jamais. La mélancolie de mon père pour 1968 qui n'a pas eu lieu en Bulgarie et qui n'aura plus jamais lieu. Une mélancolie de deuxième niveau : pour tout un monde qui ne s'est pas produit. Or, les choses qui ne se sont pas produites durent plus longtemps. Dans ce sens, la mélancolie bulgare est durable.
Commenter  J’apprécie          20
Père Lachaise

Je marchais, cet après-midi-là, dans le cimetière du monde, et tombai sur Balzac, Proust, Oscar Wilde, Gertrude Stein, Apollinaire, Perec, et sur des écrivains dont les noms ne me disaient rien. Seuls les écrivains bulgares étaient absents dans cette anthologie en pierre. Dans la littérature du monde, comme dans son cimetière.
Commenter  J’apprécie          40
Erreur
Elle a 5 ans. Elle a disposé toutes ses peluches par terre et leur demande : "Comment allez-vous, aujourd'hui, les enfants ?"
Elle passe derrière eux et répond en leur nom :
"Mieux que demain..."
Est-ce qu'elle s'est trompée, je me demande, de l'autre pièce. D'habitude, on dit : "Mieux qu'hier". "Mieux que demain", c'est comment dire, un degré de plus dans l'inquiétude. Quand une erreur devient-elle un signe.
Commenter  J’apprécie          30
Une maison en Bretagne.
Ancienne et en pierre, un énorme buisson de roses à l'entrée, un ciel bleu et l'océan, Karantec.
Madame Tinguy, qui porte sa vieillesse avec la dignité d'une tortue, me demande quelle est ma profession. Oh, un écrivain, dit-elle, et pour la première fois elle se lève de sa chaise. Il n'y a qu'en province que cela fasse de l'effet. Puis elle me tend une carte avec les horaires des marées hautes et basses, quelque chose entre une Bible locale et un manuel de survie. Finistère, prononce-t-elle le nom de la région dans son breton clairement articulé - la Fin de la terre - et elle se rassied avec l'air de celui qui vient de déclarer l'essentiel.
Commenter  J’apprécie          10
Grammaire élémentaire du bonheur
Est-ce que vous remarquez que, dans les manuels de langues étrangères, surtout ceux pour débutants, tous les héros qui sont décrits sont heureux, on s'entend bien dans leur famille et on passe les soirées ensemble, le père lit le journal, la mère repasse, le petit frère dispose des cubes par terre, le grand frère fait ses devoirs, la télé est allumée, la grand-mère tricote des chaussettes, le chat joue avec la laine, quand au grand-père, j'ai déjà oublié... L'idylle absolue. Comme si le bonheur était la chose la plus facile à expliquer grammaticalement. Il est toujours au présent.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Guéorgui Gospodinov (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guéorgui Gospodinov
Le rayonnement de la prose de l'écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov est confirmé par son roman «Physique de la mélancolie» (2011, paru en français aux éditions Intervalles en 2015), lauréat du Prix Jan Michalski de littérature 2016. Sous-titres en français
autres livres classés : bulgarieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
850 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}