L'industrie et les beaux-arts sont aujourd'hui sur une pente dangereuse.
Les ventes publiques d'objets, dits de haute curiosité, démontrent l'engouement général du public aisé pour ce qui est rare, et le taux énorme auquel s'élèvent certains produits de l'art d'autrefois, atteste, en même temps, que ni l'amour du beau, ni lu vénération pour l'histoire, ni le désir de faire progresser le goût, ne sont les mobiles véritables qui poussent les amateurs sur cette voie. C'est uniquement pour ce qui est coûteux.
Pardonnez-leur, ô mon Dieu ! car ils ne savent ce qu'ils font, ils croient qu'il leur sera beaucoup pardonné, parce qu'ils auront beaucoup dépensé !
On fabrique partout des ruines et des vases cassés en tous genres, et ces ruines sont celles de beaucoup de bourses, sans rien faire progresser dans l'art moderne.
Les faussaires y gagnent largement leur salaire, tandis que le talent et la science des contemporains languissent obscurs et méconnus.
La fraude et le trucage entourent l'amateur d'inextricables réseaux; par suite, plus d'harmonie, plus d'unité décorative dans les hôtels; au dedans et au dehors, c'est un bazar de curiosités.
L'éducation artistique est une question d'intérêt général ; c'est la question de tout le monde, et celle dont on s'occupe le moins.
Le faux luxe règne partout, la simplicité est un privilège devenu exceptionnel. L'instruction artistique pour tous est absente.
Les connaissances artistiques sont l'hygiène de l'intelligence ; nul n'a le droit de les négliger.