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EAN : 9791031205892
Editions Ateliers Henry Dougier (25/01/2024)
4.21/5   7 notes
Résumé :
L'auteure raconte la création de ce tableau. Elle met en scène Suzanne Valadon qui explore son propre passé et sa relation tumultueuse avec son fils Utrillo. 1935. Hôpital américain. Suzanne Valadon, artiste vieillissante, est hospitalisée après une sévère crise d'angoisse. Elle doit prendre une décision importante ? : empêcher ou non le mariage de son fils, le célèbre Maurice Utrillo, avec la veuve Lucie Valore.
Dans cet hôpital, alors que tout l'abandonne, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Utrillo, mon fils, mon désastre

En cette rentrée littéraire d'hiver 2024, les Éditions des ateliers henry dougier nous offrent trois nouvelles belles lectures dans leur collection "le roman d'un chef d'oeuvre" autour de trois artistes : Holbein, Monet et Suzanne Valadon. C'est à cette occasion que j'ai pu découvrir la plume de Corinne Samama qui revient de manière romancée sur la relation entre Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo.

Aimant beaucoup cette collection, je savais que j'allais me régaler et en apprendre plus sur une artiste post impressionniste mais, finalement cet ouvrage se révèle être un véritable coup de coeur.

À la manière de Suzanne Valadon, Corinne Samama a su prendre sa palette de couleurs pour mettre sur sa toile à l'aide de son pinceau des touches de peinture à l'huile colorées. J'ai beaucoup aimé l'émotion se dégageant du récit et voir le rendu amené par le mélange de pigments de la plume de l'auteure. On y découvre une Suzanne Valadon, femme artiste, jeune mère absente et abandonnant Maurice à sa grand-mère pour finalement s'y intéresser et lui transmettre sa passion pour la peinture au moment où celui-ci sombrait dans l'alcoolisme.

Récit lumineux et passionnant, je me suis complètement plongée dans cette histoire romancée où se révèle très rapidement la complexité des relations conflictuelles et ambivalentes entre une mère et son fils et qui finalement se révèle si universelle.

Je tiens à remercier les Éditions des ateliers henry dougier pour leur confiance et pour ce très bon moment de lecture aux mille couleurs qui reflètent aussi une époque riche pour l'Histoire de la peinture française
Si vous vous intéressez au milieu de l'Art, je vous conseille vivement de vous plonger dans cette lecture où du moins dans cette collection car vous aurez l'impression de côtoyer un artiste et son époque.
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La collection "Roman d'un chef-d'oeuvre" aux ateliers Henry Dougier est une collection que j'aime beaucoup. le principe est simple. C'est un récit qui mêle fiction et histoire autour d'une peinture, sculpture ou autre. L'auteur ou l'autrice raconte alors l'histoire de l'oeuvre, en la mêlant à la vie de l'artiste. le narrateur peut être lui-même, ou l'artiste ou la famille de celui-ci. Cela permet d'en apprendre plus sur l'artiste. J'ai ainsi pu lire sur des oeuvres de van Gogh Frida Kahlo, Klimt, Hopper, et ce fut à chaque fois très enrichissant. Je viens de lire et chroniquer celui sorti sur Claude Monet. Celui-ci sur Suzanne Valadon sort en même temps. 

Il va être question de beaucoup d'artistes dans ce livre, avec des noms très connus. Tout d'abord ceux du titre, Maurice Utrillo et sa mère Suzanne Valadon. Je connaissais très peu ces deux personnes avant de commencer ce livre. J'ai été attirée car j'avais justement envie de les connaitre. Et puis, une mère et un fils peintre tous les deux, ce n'est tout de même pas commun. La narratrice est Suzanne Valadon. le début de son récit se situe en 1935, Suzanne a 70 ans. Elle est hospitalisée à Paris, à l'Hôpital Américain, à cause de problèmes de santé dus à son diabète et à son urémie. Elle a également de fortes crises d'angoisse, causées par la nouvelle qu'elle vient d'apprendre, sa meilleure amie Lucie veut se marier avec le fils de Suzanne, Maurice. Suzanne ne sait quoi penser de ce mariage, ils ont tous deux une différence d'âge, elle se sent surtout trahie par son amie. Seule dans sa chambre d'hôpital, elle aimerait que son mari Ütter la rejoigne, mais c'est un mari infidèle qui vient en plus de lui apprendre qu'il veut la quitter pour vivre avec une de ses dernières conquêtes. C'en est trop pour Suzanne. 

Elle va ainsi revenir sur le passé, raconter sa vie et sa relation tumultueuse avec son fils Maurice Utrillo qu'elle a eu très jeune à 18 ans. Elle n'a pas su l'aimer de suite et a préféré le laisser à sa mère qui l'a éduqué. Suzanne est promise à une belle carrière de peintre, elle a posé pour de grands artistes, et cet enfant tombe mal. Elle doit revoir tout son avenir. Elle aura plusieurs amants avant de rencontrer Ütter, dont Degas ou Erik Satie. Mais son fils Maurice va vite devenir un poids, il devient alcoolique très tôt, elle donnera les raisons de cet alcoolisme à la fin. Et en même temps il devient peintre lui aussi, ayant bientôt plus de notoriété qu'elle. Suzanne vacille entre admiration pour son fils et jalousie. Elle se sent incomprise. Elle va beaucoup aider son fils, qui sera interné plusieurs fois et fera une tentative de suicide. Son récit de souvenirs est ponctué par ce qu'il se passe dans le présent, sa décision sur le mariage de son fils et les infidélités de son mari. C'est une femme qui a été fort entourée et qui se retrouve seule dans sa chambre d'hôpital, à parler à des gens qui ne sont pas là. 

Suzanne est une femme de caractère, je l'ai trouvée attachante malgré son caractère tempétueux. Elle n'a pas eu une vie facile, il est en plus très difficile à cette époque là pour une femme, d'être une artiste peintre. On retient plus souvent les hommes. Je connaissais de nom Maurice Utrillo, mais je ne connaissais pas du tout sa mère, alors qu'elle a peint beaucoup de tableaux. Son plus célèbre est "Adam et Eve". Elle n'a pas eu une vie facile, coincée entre un fils malade et un mari volage. J'ai aimé sa sensibilité, son envie de toujours faire mieux, et d'essayer d'arriver à comprendre son fils. Elle m'a également fait de la peine, c'est triste de voir une personne seule et âgée. Elle est morte trois ans après cela. 

Je découvre donc cette artiste grâce à ce livre. Je le dis à chaque fois, mais j'aime beaucoup quand mes lectures ont ce double pouvoir de m'instruire en même temps que me divertir. Sur la couverture de ce livre est représenté un des tableaux de Suzanne qui est un portrait de son fils Maurice. Et à la fin du livre, il y a un autre de ses tableaux, "La chambre bleue", qui est très intéressant à regarder et à voir les messages passés au travers de cette femme allongée sur un lit à la couverture bleue. Elle porte un pantalon, est en débardeur et a une cigarette à la bouche. Une attitude très masculine, pour un tableau peint en 1923, époque d'émancipation pour les femmes, qui veulent sortir de leurs carcans. On retrouve cette idée au travers du récit de Suzanne. Comme à chaque fois que je lis ce genre de livre, je suis allée chercher des infos sur le net, voir d'autres peintures de Suzanne, celles de son fils Maurice, qui ont chacun leurs genres, Suzanne peint des personnages, Maurice aime plutôt peindre des maisons, des bâtiments, des rues. J'ai beaucoup aimé ces recherches et ces découvertes. C'est très enrichissant. 

J'ai été touchée par le récit de Suzanne, que ce soit dans son rôle de femme, d'artiste ou de mère. le choix narratif de l'autrice à la première personne du singulier renforce ce sentiment. J'avais l'impression que c'était Suzanne qui me parlait directement, que j'étais assise à côté d'elle dans sa chambre et qu'elle me racontait sa vie et ses soucis. Cette narration la rend encore plus réelle et humaine. le style de Corinne Samama est très beau, très fluide, la lecture se fait facilement, sans heurts. J'ai aussi apprécié le ton de l'autrice, Suzanne a un franc-parler qui lui va bien, et l'autrice l'a bien retranscrit. Il y a des expressions plus graveleuses, des gros mots, cela rend la lecture très vivante et réelle. Suzanne m'a émue, l'amour pour son fils est infini, malgré les défauts de celui-ci, malgré ses frasques, elle est toujours là, avec lui. Et comme elle dit à un moment, est-ce que l'on se souviendra d'elle autrement que comme la mère d'Utrillo. Je trouve vraiment cela très bien que Corinne Samama ait ainsi choisi cette artiste plutôt que son fils au nom plus connu. C'est lui rendre un bel hommage que de la faire connaitre de tous. En tout cas, je ne l'oublierai pas de mon côté. 

Je suis toujours admirative du travail fait en amont par les auteurs dans ce genre de livres. Corinne Samama a noté à la fin la bibliographie dont elle a eu besoin, et il y a certains titres que j'ai notés pour approfondir cette lecture ci. À la fin du livre, il y a une partie que j'aime beaucoup et qui revient dans chaque livre, cela s'intitule "Regards croisés". Ce sont des extraits de correspondances, d'articles de journaux ou autres écrits qu'on fait des personnalités connues sur le personnage du roman, ici sur Suzanne. L'extrait d'une lettre de Degas est émouvant, l'analyse sur la peinture de Suzanne par un critique d'art est très intéressante, tout comme celle faite par des historiens d'art. Cela apporte un plus au reste du récit. Tout comme les repères biographique où les dates importantes de la vie de Suzanne sont notées et croisées avec d'autres de personnes proches d'elle. 

J'ai à nouveau beaucoup aimé ce livre, tout comme tous ceux que j'ai lus dans cette collection. Si vous ne connaissez pas Suzanne Valadon, je vous invite à faire sa connaissance en lisant ce livre de Corinne Samama. J'ai aimé son style, et sa façon de retranscrire la vie de cette femme et ses émotions. J'ai appris plein de choses. La lecture s'est faite sur une journée, le livre n'est pas très épais, et même s'il avait été plus gros, je crois que je l'aurais lu aussi vite, tellement j'avais envie de rester avec Suzanne et voir ce qui allait lui arriver. Les chapitres sont courts, les phrases sont parfois succinctes, tout dépend de l'état d'anxiété du personnage. Cela donne un récit plus vrai que nature. Je ne peux que vous recommander ce livre, et en même temps toute la collection du "Roman d'un chef-d'oeuvre", vous apprendrez plein de détails intéressants sur les artistes. 

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N°1802– Novembre 2023

Utrillo, mon fils, mon désastre (selon Suzanne Valadon) – Corinne Samama – Ateliers Henry Dougier

Prenant prétexte de quelques mots qu'une Suzanne Valadon vieillissante, prostrée dans une chambre d'hôpital, confie au lecteur anonyme, l'auteure, dans un récit qui tient du roman autant que de l'histoire, s'approprie la vie de cette femme et surtout les rapports compliqués qu'elle a eus avec Maurice Utrillo, ce fils né d'un père inconnu alors qu'elle n'avait que 18 ans. Cette bâtardise qui lui rappelle tant la sienne, la détermine à l'abandonner aux bons de sa mère et pourtant elle s'attache viscéralement à lui et le soutiendra toute sa vie, malgré son alcoolisme, ses crises, ses révoltes, ses menaces. Cette abnégation maternelle est pourtant un paradoxe qui va de son soutien constant à son opposition à son mariage avec Lucie, une jeune veuve, sa meilleure amie, alors qu'il a 52 ans ! A ses yeux ce mariage tarirait son inspiration mais mettrait aussi fin à la situation de profiteur de son second mari, Utter, dont elle est pourtant follement amoureuse, avec qui elle forme un couple atypique où la sensualité le dispute à la violence, mais qui la trompe. D'ailleurs la vie sentimentale du couple mère-fils est quelque peu bouleversée et bouscule les conventions morales de l'époque, Maurice épousant une jeune et riche veuve, Suzanne, le meilleur ami de son fils !
Il y a aussi une dimension de jalousie maternelle puisque Maurice et elle sont des autodidactes de la peinture mais la facilité et le succès consacrent son génie à lui qui n'éclate que grâce à l'alcool. Il réalise ainsi les propres rêves artistiques de Suzanne qui, malgré un talent indéniable et le soutien de grands artistes de l'époque, était fondée à s'imaginer une célébrité légitime qu'elle n'a pas vraiment eue. Cette frustration baigne ses propos désabusés où se mêle également une culpabilité qu'elle tente d'exorciser en un procès à la fois fictif et pathétique.

Le style gouailleur de ce livre m'évoque parfaitement cette femme, à la fois marginale, fantasque, aimant la vie, l'amour, l'art et la liberté. Avec ce roman, bien documenté, j'ai eu plaisir à retrouver Utrillo, ce peintre emblématique de son époque, mais aussi sa mère, Suzanne Valadon, malheureusement un peu oubliée aujourd'hui, qui fut son soutien malgré ses déceptions et leurs relations difficiles et orageuses, leurs échecs.

Je retiens de ces deux personnalités la remarque de Robert Rey, historien et critique d'art « Utrillo et Valadon sont deux êtres qui s'aiment et se ratent en permanence ».
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MAURICE ET SUZANNE
« Mon fils,
Mon désastre »
Voilà toute l'ambivalence des rapports entretenus entre Suzanne Valadon et son fils, Maurice Utrillo.
Fils bâtard d'une bâtarde, grand alcoolique, souvent interné, « un brouillon de garçon » qui dès la naissance ne suscite pas l'instinct maternel de la jeune artiste peintre.

Et pourtant, son regard sur lui est délicat. Les mots sont doux. Ils sont bien ceux d'une mère. Une mère qui longtemps ne sait pas quoi faire de ce fils encombrant aux yeux des autres, qui le protège et l'initie à la peinture, lui permettant de devenir Utrillo, le peintre; celui qu'elle finira par jalouser autant qu'admirer.

1935, Suzanne est hospitalisée. Corinne Samama se saisit de ce moment pour faire entendre celle que le grand public aujourd'hui connaît peu.
Femme libre, fantasque, à la gouaille qu'on entend très facilement sous la plume de l'autrice, sur son lit d'hôpital elle s'ennuie, ses pinceaux lui manquent et surtout son fils Maurice qu'elle voudrait voir.
Mais il ne vient pas.
Elle est désespérément seule et ses rêves convoquent tous ceux qu'elle a côtoyés, ses fantômes-vivants ou morts- qui hantent sa vie. C'est l'heure de rendre des comptes, le moment des retours en arrière et des aveux qui éclairent l'existence de ce fils avec lequel elle a toujours entretenu des rapports difficiles.
Suzanne Valadon incarne ces femmes artistes de Montmartre qui, malgré une société qui ne voit en elle que sa condition de mère, ne cessa de se comporter en femme libre. Libre d'aimer, de créer, de s'exprimer. Libre de son corps. Libre de vivre des amours fracassantes.

Ce que j'aime particulièrement dans cette collection, au-delà de la connaissance d'un artiste, c'est de me laisser surprendre à lire ce roman comme une pure fiction et oublier qu'il s'agit d'un savant mélange entre réalité et imaginaire autour d'une oeuvre et de circonstances dont l'auteur se saisit pour en faire un objet romanesque.

Ce nouvel opus est vraiment une réussite et si vous souhaitez en savoir davantage sur cette artiste peintre, je vous le conseille vivement.
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Destin inédit d'une femme libre contrainte par son époque, son sexe et l'atavisme implacable qui régit sa vie. Incarnation sensuelle et rude à la fois de ce personnage féminin auquel on s'attache autant qu'elle nous rebute, c'est la force de cette écriture très littéraire et très concrète à la fois. Nous sommes avec elle dans ce que la nature humaine a de plus vil et nous nous élevons aussi vers l'indicible génial du génie artistique. Nous sommes happés par la fatalité incontournable qui nous mènera au dénouement dont l'auteur sait tenir le suspens. le dispositif littéraire est inédit, fort de monologues qui suivent le flux d'une conscience tourmentée, de dialogues qui nous jettent dans un quotidien sans merci, de visions portées par la grâce ou par les démons. On y réfléchit aussi à la transmission, au couple, à ce que veut dire la famille, à la puissance de l'élan créateur, au désir, à l'amour, au sentiment maternel sans que jamais on ne lise une thèse. On découvre une plume juste, inventive, classique et très évocatrice aussi. On apprend beaucoup sur ce couple mère/fils détenteur d'un talent hors norme et l'on se prend à regarder leurs tableaux d'un nouveau regard éclairé par ce petit livre à ne pas manquer.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'éprouve de la tendresse pour ces filles qui traînent sur le pavé de Montmartre. Elles savent consoler un homme à peu de frais. Guidées par leur orgueil, affamées, rageuses, elles sont toujours prêtes à mordre. Jamais douces, jamais tendres , méprisant leur métier mais toujours à l'oeuvre . Elles crèveraient plutôt que d'avouer la faim, le froid ou l'amour. Elles courbent l'échine sous les coups de la vie et des hommes, mais elles savent les rendre . Ces filles sont comme moi, nées pour mener les combat.
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L'attente et la pire des tortures de l'amour.
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Contrairement à ce qu'on peut croire, un pied miniature est bien plus érotique qu'une grosse paire de seins.
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Malgré ce que tu vas découvrir dans ces pages et ce que te diront les gens trop conventionnels, sois convaincu que ce portrait est né d'une grand amour maternel. J'avais fait ce portrait non pas pour qu'il soit vrai mais pour qu'il se ressente.
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