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Les Cendres Mêlées », certains esprits râleurs pourraient dire "encore un livre sur la shoah, sur les camps de concentration,...".
Moi je lui dirais que non, que bien qu'il y ait des centaines de livres témoignant des atrocités commises dans les camps, il n'y en aura jamais assez, étant donné qu'il y eut peu de survivants.
De plus, chacun l'a vécu à sa manière et elle n'est pas celle d'un autre.
Dans ce récit, son histoire est racontée avec une telle intensité, qu'on a presque l'impression d'y être, de vivre ces moments d'horreur… même si j'exagère en écrivant cela puisque ne l'ayant jamais vécu, je ne saurais pas dire ce que cela fait...
Comme le dit l'auteur lui-même, il ne nous livre ici que des moments de cette période, des moments de vie. le plus dur, il le garde pour lui, parce que c'est inexplicable, indescriptible.
Joseph Gourand voudrait-il oublier ce qu'il a vécu que le numéro gravé à l'encre indélébile sur son avant-bras gauche l'aurait rappelé au devoir de mémoire. Arrêté avec ses parents, ses frère et soeur, oncles et tantes, en juillet 1944, à Lyon, il sera de l'avant-dernier convoi qui partira pour Auschwitz et le seul survivant de sa famille.
Adolescent de dix-sept ans, « devenu ombre parmi les ombres, il brûle les étapes de la vie lors de sa descente aux enfers ». Il ne doit d'être encore en vie que grâce à son père, au sacrifice de ce dernier et à la promesse qu'il lui a fait de rester de ce monde, de survivre pour d'abord retrouver sa petite soeur restée en France et ensuite fonder une famille et perpétuer leur nom.
La chance ne le quittera jamais, tout au long de cette horreur, même lors de « la marche de la mort », lors de l'évacuation du camp, des conditions de « voyage » indescriptibles et des multiples arrêts dans des camps où les allemands en déroute ne peuvent se résoudre à admettre que la guerre est finie…
Joseph parviendra envers et contre tout à reprendre son destin en main, même avec toutes ces ombres sur les épaules, ces absents, il parviendra à revivre, à redevenir un peu libre dans sa tête, à revenir « d'au-delà de l'Humain », au-delà de l'inimaginable, au-delà de l'enfer...
Ce livre est émouvant, poignant… Comme souvent, nous sentons, à travers notre lecture, toute les souffrances des gens, pourtant, pas de grandes descriptions ou de grands mots, non, juste ce qu'il faut pour nous laisser entrevoir l'horreur absolue, l'indicible.
Encore un livre qui m'a marqué, mais à la manière si particulière qu'ont les livres témoignant sur les "camps de concentration" de le faire. Au fer rouge dans ma mémoire.