Grâce au confinement, j'ai lu ce livre dans ma PAL depuis une quinzaine d'années. La vie tragique de Lilli Jahn se termine à Auschwitz en 1944: elle est ici reconstituée grâce à la correspondance avec son fiancé puis son mari et ses enfants et avec quelques connaissances. La montée du nazisme va priver peu à peu Lilli de tous ses droits; emprisonnée pour un délit mineur, elle aurait du être libérée au bout de 15 jours mais ne l'a pas été malgré ses supplications et celles des siens; à la fin elle est même envoyée dans le pire des camps. Mari de juive et enfants de juive subissent également une discrimination.
Ce qui m'a choquée, c'est que le mari protestant mais attiré par le catholicisme, profite de la situation pour divorcer et imposer une autre femme à ses enfants (on facilitait effectivement le divorce des mariages mixtes)
Un témoignage intéressant, même si la correspondance conduit à des répétitions.
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Avant son départ pour Auschwitz, Lilli confia la plupart des lettres qu'elle avait reçues à Breitenau à une codétenue ou à une surveillante qui fit parvenir les documents aux enfants, à Immenhausen. Des lettres que les enfants envoyèrent à Lilli durant les quatre dernières semaines de son internement à Breitenau, aucune n'a été conservée. Il est vraisemblable que Lilli les emporta en souvenir à Auschwitz.
Pour les besoins de la photo, Lilli s'est attifée d'un costume d'homme; le jeune homme, en revanche, porte des vêtements de femmes tandis qu'Elsa et son amie arborent l'uniforme de l'armée allemande. Cette singulière mascarade montre que la guerre, au bout de quatre années, était pour ainsi dire entrée dans les moeurs, qu'elle s'était banalisée au point que les jeunes gens ne la prenaient peut-être même plus vraiment au sérieux.
Les menaces du Referatsleiter de la Gestapo de Cassel, August Hoppach, demeurèrent sans suite. Les enfants de Lilli ne furent pas contraints de porter l'étoile juive mais leur mère resta internée.
Ernst et Rita s'arrangèrent pour que les enfants ne soient jamais seuls la nuit. Ernst dormit le premier dans l'appartement. Puis sa soeur, Lore, qui avait été bombardée à Essen, se replia à Cassel.
Quant à Ilse et à Johanna, il leur fut interdit, au bout de quelques semaines de participation, de se présenter aux rencontres du groupe local des "Jungmädel", versant féminin de cette organisation. Les enfants de Lilli souffraient d'être marginalisés de la sorte. Pendant l'appel, dans la cour de l'école, ils devaient toujours se tenir à l'écart, sans uniforme.
Transformer le cartable en serviette en remplaçant les lanières par une poignée, cela faisait partie, à l'époque déjà, des petits rituels qui signalaient qu'on entrait dans le monde des grands.