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EAN : 9782738458698
256 pages
Editions L'Harmattan (15/11/1997)
3/5   1 notes
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Prématurément orphelin et bientôt ruiné, le noble marseillais Laurent d'Arvieux s'embarque vers le Levant le 6 octobre 1653, pour y apprendre le négoce. Autant sinon plus que les affaires, ce sont les voyages, les us et coutumes du pays et les langues ci parlées qui l'occupent. Ainsi, depuis Smyrne et Seide (Sidon – Liban) où il s'installe pour un premier séjour de douze ans, il se déplace à plusieurs reprises en Terre Sainte et se familiarise très profondément avec les locaux, parmi lesquels il se fait de nombreux amis, au point parfois de pouvoir, opportunément incognito, se faire passer pour l'un d'entre eux. On décèle parmi les traits inaltérables de cet orientaliste avant la lettre, une « belle humeur » doublée d'un appétit de gourmet, l'humanisme que confèrent la curiosité savante et le respect de l'autre, ainsi que de curieuses aversions, celle pour les médecins d'abord, et plus impardonnables aujourd'hui qu'à son époque, son farouche antisémitisme et sa légère misogynie.

Après l'Anatolie égéenne et le Liban, s'alterneront pendant plus de 35 ans des longues périodes passées à la cour de Louis XIV et des missions d'ambassade, toujours très délicates, parfois assez malheureuses : à Tunis, à Constantinople et Andrinople, à Alger et à Alep en qualité de consul.
Ce qui est remarquablement étrange dans la biographie du Chevalier d'Arvieux, c'est qu'il fut plusieurs fois à un doigt des plus grands honneurs et des plus hautes fonctions, à la Cour comme au Levant, qu'il n'obtint jamais, et que par ailleurs la plupart de ses missions diplomatiques échouèrent, non pas à cause de ses maladresses avec le pouvoir, mais à cause d'inimitiés, de jalousies, de franches hostilités de ses proches rivaux. Par ailleurs, il fut incapable de faire fortune financièrement, voire de s'assurer une confortable retraite, sinon peut-être par un mariage d'intérêt contracté à l'âge de 55 ans. Aujourd'hui, il ne reste pratiquement aucune trace, pas même la pierre tombale, de celui qui aida Molière à rédiger le Bourgeois gentilhomme, se moquant de Soliman Pacha, l'envoyé du Grand Seigneur que le Roi Soleil lui avait confié comme hôte. Ce sont toutes ces circonstances qui ont laissé poindre le doute que le Chevalier ait été en réalité l'agent secret de Louis XIV dans l'Empire ottoman.

Et ce n'est pas ce livre qui dissipera ce doute. Formé de la synthèse – par Régine Goutalier – de six gros volumes de Mémoires du Chevalier, transcription posthume de son journal, s'il constitue « une chronique inestimable sur l'Empire ottoman dans la seconde moitié du XVIIe siècle, sur les rivalités entre les puissances européennes pour la suprématie commerciale, sur les moeurs des populations locales, ou encore sur la vie quotidienne aux Échelles ou à la Cour de France » (p. 249), il semble toujours occulter l'essentiel des questions, survoler sur les mémoires adressés au Roi sur les affaires sensibles, privilégier, sous les traits d'une prose frivole, tout ce qui relève de l'anecdotique et du pittoresque ou de l'aventureux, ou noyer sous une avalanche de détails les véritables conflits ainsi que toute analyse politique d'envergure. Font exception des indices qui le révèlent aussi finement avisé que peu écouté.

En fait, à travers les six mains impliquées dans la rédaction, j'ai cru entrevoir l'esprit d'un vieux diplomate – il est quand même mort à l'âge de 67 ans, respectable à l'époque – qui ne raconterait que le piquant : le danger permanent de la course en mer et de l'esclavage par terre, les querelles entre religieux, les différends entre marchands, la rivalité avec l'Angleterre et Venise, la cupidité, l'arbitraire, la corruption de l'administration ottomane, les personnalités de tel ou tel autre sieur de la Cour, sa propre vanité de chevalier des Ordres de Jérusalem.

Quelques sympathiques curiosités sur ce français du XVIIe siècle, que je crois très peu remanié par l'auteure (à juste raison) : l'orthographe n'a pas la précision que nous lui connaissons (et souvent ignorons), en particulier en ce qui concerne les accords et la distinction entre le passé simple et l'imparfait du subjonctif, la ponctuation est aussi un peu fantaisiste. Enfin, le terme Nation est employé au sens technique que lui donnent les ottomanistes et que l'on retrouve encore en Orient, et non dans celui qui est devenu courant en français standard depuis la Révolution. Pour traduire ce terme en français contemporain, on dirait plutôt Communauté.
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