Ouvrage qu'il faut absolument lire;s'il y en a un qui puisse faire comprendre la deshumanisation,la douleur,la souffra nce physique mais surtout morale,la mauvaise conscience et l'impuissance face aux horreurs nazies,c'est ce livre.
Zalmen Gravosky demande aux lecteurs de verser une larme sur lui car il n'y aura plus personne pour le pleurer le jour ou...Il n'a pas besoin de demander car ce livre est tellement criant de verite que les larmes coulent,sans s'annoncer.
Terrible temoignage pour cet homme et a travers lui pour des millions d'hommes assassines,oublies comme si rien n'avait jamais ete.
Je le conseille vivement car mon commentaire est bien palot face a ce genie du rendu et de l'ecriture
Ame sensible,laissez vous guider par les mots,les emotions.
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Ces écrits nous viennent de l'au-delà, de l'enfer. Ils ont été rédigés par un homme désigné pour mener les siens au sacrifice. de la descente du camion, au deshabillage, à l'entrée dans les chambres de mort, du dépouillement des cadavres jusqu'aux cheveux, de leur élimination jusqu'à disparition complète. Il a vu le pire du pire, l'indicible, il a vécu avec des images de cauchemar à chaque instant devant les yeux, l'odeur de la crémation toujours sur lui.
Il a voulu écrire tout ça, peut être pour conserver une once de raison, pour dire sa douleur et sa souffrance, pour porter témoignage. Il a enfoui ses textes, sans savoir s'ils seraient découverts un jour, et voilà qu'ils ont reparu nous jetant l'horreur au visage.
Mais il faut les lire, car ici, ailleurs, tout à nouveau peut recommencer. les hommes sont fous et sans scrupules ils anéantissent l'autre sous le fallacieux prétexte qu'il leur est différent. Gardons la mémoire !
Une question demeure, interpelle, suggérée par l'auteur lui-même. Et s'il y avait eu rebellion, si tous au lieu de se laisser emmener à la mort avait chèrement vendu leur vie ? Bien sûr il y aurait eu des pertes, sévères, mais auraient-ils pu retourner le sort ????
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Nous n'avions pas le courage,nous n'osons pas leur dire,a nos cheres sœurs,de se deshabiller.Car les vêtements qu'elles portent sont la cuirasse,le manteau dans lequel repose encore leur vie.Des l'instant ou elles oteront leurs vêtements et resteront nues,elles perdront leur derniere defense,leur dernier appui,le dernier point d'ancrage auquel leur vie est encore accroche.Voila pourquoi nous n'avons pas eu le cœur de leur dire de se devetir au plus vite.Qu'elles restent encore un moment,encore un instant,dans cette cuirasse,dans ce manteau de vie.
Ce qui nous etonne ainsi,a l'encontre de tant d'autres transports,c'est qu'elles se montrent en general si calmes.Pour la plupart elles font preuve de courage et d'insouciance,comme s'il ne devait rien leur arriver.Elles regardent la mort en face avec un tel heroisme,un tel sang-froid,que nous en sommes sideres.Ne savent-elles donc pas ce qui les attend?Nous les contemplons avec compassion,car nous voyons deja devant nos yeux une nouvelle scene,une scene d'horreur.Toutes ces vies palpitantes,ces mondes effervescents,tout ce bruit,ce tapage qui s'en degage,dans quelques heures tout cela sera mort et fige.Leur bouche sera muette pour toujours.Ces yeux étincelants,a l'eclat ensorcelant,regarderont fixement dans une seule direction,scrutant l'eternite morte.
Sans jamais preter allegeance au jargon nazi la lingua tertii et a ses variantes qui s'appliquent a violenter les victimes a travers la langue.
Ou l'allemand parle de fosses "grube",l'ecrivain yiddish reprend le terme hebraique "keyver"pour linguistiquement rendre aux morts la tombe personnelle dont ils sont frustres.La langue yiddish restitue a chaque victime l'individualite ultime dont l'anonymat de la mort a la chaine l'a privee.
Nous espérions, nous pensions qu'aujourd'hui se produirait l'étincelle, aujourd'hui serait le jour décisif que nous attentions nous aussi avec impatience, ce serait pour nous l'occasion, quand cette masse désespérée, au seuil de la tombe, lèverait l'étendard du combat, de nous jeter avec eux, main dans la main, dans ce combat inégal. Et sans nous soucier de savoir si c'était sans issue, si nous pourrions ainsi gagner la liberté ou la vie. La meilleure chance serait pour nous de donner une bonne fois une fin héroïque à cette vie de ténèbres. Cette tragique vie d'horreur devait prendre fin.
Elles ne comprennent pas ce qu'ils leur veulent, ces dizaines d'officiers à épaulettes d'or et d'argent, avec leurs revolvers luisants et leurs grenades au côté.