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EAN : 9782857044574
242 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (04/07/1997)
4.41/5   17 notes
Résumé :

Traumatisé à vie, Filip Müller, après avoir surmonté les limites extrêmes du désespoir, a finalement décidé, en 1979, de se souvenir. Afin que nul n'oublie. Voici à nouveau disponible le récit de son innommable expérience vécue qui a suscité une intense émotion à sa parution. Müller, dont le témoignage sur la réalité des camps de la mort n'est comparable &#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Filip Müller est né en 1922 à Serb, en Slovaquie actuelle. le 13 avril 1942, il arrive à Auschwitz avec l'un des premiers transports de Juifs slovaques. Sur ce convoi de 1 000 personnes, 10 sortiront vivants du camp en 1945.

Dans les premières pages du livre, un dimanche, il a tellement soif (le kapo a pris un malin plaisir à jeter le thé par terre avant de renvoyer les prisonniers dans leur baraque) qu'il décide d'aller, avec un camarade, Maurice, boire du thé dans la cuve. C'est bien sûr interdit et il est surpris par un SS. Après leur avoir plongé la tête dans la cuve à thé au point de presque les noyer, les chefs ne les tuent pas ; ils les envoient travailler dans un lieu qu'ils ne connaissaient pas : les crématoires des chambres à gaz.

Jusqu'aux Marches de la Mort et la libération en 1945, Filip travaillera dans ces lieux de morts, brûlant les cadavres par centaines de milliers, voyant la cruauté, l'inhumanité, le sadisme sévir autour de lui, des Juifs et Tziganes mourir gazés au "cyclon B" [zyklon B] (comme il l'écrit dans le livre...). Filip Müller parviendra à en dérober une étiquette pour la donner à deux fugitifs, afin qu'ils apportent des preuves au monde de ce qui se passe ici. Mais le monde ne réagit pas.

Comme l'écrit Lanzmann dans la préface, rares sont les Sonderkommandos qui sont revenus des camps parce que, dans le souci du secret, on les liquidait assez vite. le hasard, la chance, ont fait que Filip Müller est sorti vivant de ces lieux. de plus, après la guerre, ces gens qui étaient revenus du fond de l'horreur préféraient se taire pour éviter de faire rejaillir à la surface les atrocités dont ils avaient été témoins. On les a forcés à être les assassins de leur peuple.

Parmi les épisodes marquants, il y a celui d'une scène de déshabillage. Avant de gazer les Juifs, les Allemands les faisaient se dévêtir dans un vestiaire à côté du lieu de la chambre à gaz. Une femme, très belle, attire l'attention des SS. Elle les aguiche, leur fait de l'oeil en posant ses vêtements. Soudain, avec sa chaussure à talon, elle frappe un SS, se saisit d'une arme et commence à semer le désordre. Un début de révolte se forme, mais elle est très vite arrêtée. Cette femme était une danseuse et son cadavre est exposé dans la chambre de dissection afin que les SS défilent devant lui à "titre d'avertissement et pour leur rappeler les conséquences d'un seul instant de défaillance".
Par sa mort, la danseuse a donné la preuve que la rébellion est possible : il faut tenter une opération. Malgré l'organisation de certains détenus, le signal pour la révolte se fait attendre, et n'arrivera que très tardivement, et elle échouera. Filip Müller arrive une fois encore à échapper à la mort alors que plus de 400 hommes ont péri dans cette tentative de révolte.

On croise les noms de nazis restés célèbres, comme le docteur Mengele qui vient prélever les organes dont il a besoin sur ceux qui viennent de mourir, qui fait ses expériences inhumaines sur les déportés (castrations, brûlures, injections de maladies...), comme le SS Moll, surnommé l"ange de la mort" pour son sadisme. Il aime faire le mal pour le mal, faire souffrir. C'est lui qui donne l'idée, pour que se débarrasser des corps aillent plus vite, de faire creuser d'immenses fosses où sont brûlés les cadavres. Il invente la récupération de la graisse humaine qui sert de carburant. Il prend plaisir, par exemple, à faire mettre nues des jeunes femmes et à les forcer à regarder les corps brûler, en leur disant que ce serait elles tout à l'heure. Il fait nager des détenus dans la cuve à eau potable, jusqu'à ce qu'ils se noient car ils n'ont pas le droit de regagner le bord ("la nage des grenouilles"). Il force un détenu à marcher pieds nus dans la fosse encore brûlante de cadavres avant de l'abattre.
Un moment de faiblesse, un fléchissement, un instant où l'on manifeste de la fatigue et c'est la mort assurée.

Je m'étonne que ce témoignage ne soit pas plus connu, davantage lu. Même s'il raconte une indicible réalité, il est là pour qu'on sache et se souvienne, que le souvenir des horreurs nazies ne s'estompe pas avec le temps. Filip Müller témoigne aussi dans le film de Claude Lanzmann : Shoah.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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Un énième récit des camps de concentration, me direz-vous…A force, les témoignages se rejoignent, se recoupent, se répètent. Quand, comme moi, on a lu plusieurs, on peut se poser la question légitime du pourquoi en lire à nouveau. Sans doute n'y apprend-on rien de nouveau. Tout semble avoir été dit. Encore que… Il y a tous ceux qui hélas, disparus, n'ont pas témoigné. Il y a ceux qui, rescapés, ont raconté, chacun à leur façon, chacun à leur rythme, en polarisant plus ou moins sur certaines choses.

Par principe, toute expression de la mémoire, pour la Mémoire est bonne à prendre. Quelle qu'en soit la qualité, la valeur littéraire. Chaque récit est un apport de plus à l'Histoire pour que jamis on ne puisse dire laisser s'évanouir les souvenirs.

Ce récit- là a son importance, parce qu'il est l'oeuvre d'un rescapé à double titre. Rescapé des camps d'une part, et rescapé des Sonderkommandos, témoin direct du massacre de devant à aucun prix survivre pour ne pas témoigner…

Il faut avoir la force de le faire. Fouiller ainsi dans sa mémoire et graver pour l'éternité l'horreur et l'impensable, c'est en quelque sorte revenir sur ce que l'on a cherché à oublier pendant des décennies. Il aura fallu 30 ans à Filip Müller pour le faire ; à sa façon, sans qu'il fût changé quoi que ce soit à ses mots. le texte a gardé ses maladresses, ne comporte aucune emphase, est sans état d'âme de son auteur; un document historique brut et c'est très bien ainsi. Son intérêt est ailleurs.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Parfois insoutenable
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