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EAN : 9782490580088
210 pages
Editions le Chant des Voyelles (02/10/2020)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Enfant, Eduardo a été témoin des atrocités liées aux conflits pour la terre au Brésil. Un traumatisme qu’il s’applique à étouffer dans une vie bien réglée, à l’abri des autres et du tumulte du monde. Une rencontre va pourtant ouvrir une brèche dans ses défenses et lui faire espérer un nouvel avenir. En vain. La blessure amoureuse, la rancœur, la souffrance enfouie au fond de sa me... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce roman, sur fond historique, alterne les époques marquantes de l'histoire du Brésil au XXème siècle. On suit alternativement trois époques à travers le récit d'Eduardo et le journal de Luciana :

1938 : Eduardo (7 ans) et son frère Luis (5 ans) assistent avec leur père au massacre des « indiens barbus » opposés à l'extension de la propriété privée, une scène d'introduction marquante, parfaitement maîtrisée !

1969 à 1971 : Eduardo s'isole de sa famille, se réfugiant dans le déni par rapport à la violente répression de la dictature militaire – en place depuis 1964 – alors que son frère Luis est un militant syndical et politique.

Eduardo, cadre au service juridique de la Compagnie des Transports Publics, rencontre sa nouvelle assistante Liliana et fantasme un nouveau départ affectif avec elle. Dans un mouvement de folie, il rédige une lettre de dénonciation qui va avoir des conséquences terribles.

2003 à 2004 : Eduardo âgé, toujours plus seul, a pour voisine Luciana et sa fille Adelina qu'il garde de temps en temps pour rendre service. – Les militaires se sont maintenus au pouvoir, avec l'aide de la CIA, jusqu'au retour de la démocratie en 1985. Depuis 2002, Lula da Silva, ancien syndicaliste, est au pouvoir –. le contexte historique, non donné dans le livre, est indispensable pour comprendre le parcours chaotique des protagonistes.

J'ai été pris par l'écriture superbe d'Estelle Granet, par le rythme du récit traversant les époques. Dans une première partie riche de toutes les promesses, j'ai vécu intensément l'aventure d'Eduardo et Liliana, retrouvant les accents par moment d'un Jorge Amado ou d'un Gabriel Garcia Marquez.

Et puis arrive la deuxième partie, confrontation d'Eduardo avec Luciana, sa voisine, une jeune femme discrète qui cache une terrible blessure. Véritable choc du présent avec le passé.

Adelina, la fille de Luciana, – âgée de 7 ans comme le narrateur dans la scène de départ ! – est le trait d'union avec Eduardo, chacun à la recherche d'une famille de substitution. En ce sens, l'enfant pourrait rendre possible la réconciliation, avec soi-même, avec le passé, avec ce qu'on a fait, ce qu'on a subi, ce qu'on a raté. La résilience cherche alors son chemin face au silence et aux secrets qui sont des ennemis terriblement efficaces. Adelina représente l'avenir à construire avec les victimes, avec ceux qui se sont tus ou aidé les bourreaux.

Au final, un roman très intéressant par rapport à l'histoire du Brésil et les ravages des dictatures militaires en Amérique du sud à cette époque. Un cadre inquiétant permettant à l'autrice d'introduire la question qui concerne chacun de nous : dans des conditions aussi difficiles de dictature, de torture, de disparition des opposants désignés comme terroristes, qu'aurais-je fait ? Défendre la liberté, la justice, la démocratie au nom d'un idéal, au risque d'y perdre la vie ? Faire le dos rond en continuant une routine confortable en espérant que ça passe ? Ou pire, participer à la délation par rancoeur, vengeance, par bêtise.
Qui peut réellement répondre à ces questions sans y être réellement confronté ? Est-ce cela qui m'a dérangé au final ? le malaise se trouve accentué par un narrateur principal plutôt sympathique et à la fois capable de commettre les pires abjections par lâcheté, par orgueil... par les scènes insupportables vues alors qu'il n'avait que 7 ans.

Ce livre polyphonique, à l'architecture complexe, casse bien des certitudes, permet un autre agencement du réel non défini par l'autrice, que le lecteur doit construire seul, à partir de ces matériaux dérangeants.

Estelle Granet a fait des études d'ethnologie. Après avoir vécu au Brésil, elle écrit un ouvrage documentaire sur l'expérience du budget participatif de Porto Alegre et un recueil de nouvelles, Sept fois rien, récompensé par le Prix de la Nouvelle d'Angers. Elle vit aujourd'hui à Lille où elle participe à des projets littéraires et artistiques avec les habitants de la région.

Voici une autrice qui signe par L'écho d'un instant, un premier roman tout à fait prometteur !
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Chronique complète avec une photo personnelle de la couverture - Bruyère en fleur sous la neige, comme un espoir qui attend son heure - sur mon blog Bibliofeel.
Je serais ravi de votre visite et de vos commentaires !




Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Eduardo est un homme qui mesure et étudie tous ses gestes. Pas de place pour l'improvisation. Il se concentre sur lui-même. Il est un peu psychorigide. Rien ne doit bouleverser son monde. Il ne le permet pas. Il ne se le permet pas. .Cela lui donne la possibilité de refuser de se souvenir des traumatismes liés aux conflits des terres brésiliennes. Tiendra-t-il longtemps? Est-ce une bonne manière de s'éloigner de ses cauchemars? Puis, vint sa rencontre avec Liliana, sa collaboratrice.

Deux êtres aux prises avec leurs secrets. Avec leurs fantômes. Deux êtres avec, chacun, un ou plusieurs cadavres dans leurs placards. Cela facilitera-t-il leur relation? Deux êtres souffrants qui s'apprivoisent. Timidement. Comment se terminera cette relation, si l'on peut nommer ainsi des rencontres fortuites, des mots timidement lancés, presque au hasard? Liliana a des secrets qui l'empêchent de vivre pleinement. Eduardo lui permettra-t-il de mettre des mots sur ses maux?

C'est un roman d'une grande tendresse, d'une grande douceur que nous découvrons. Malgré les aléas de la vie des deux héros. Deux êtres qui se comprennent par-delà les mots. C'est une histoire émouvante, d'une grande beauté. Elle nous pousse à, sur la pointe des pieds, nous introduire dans la vie des deux principaux personnages. Sans aucun voyeurisme.
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Eduardo est un adulte traumatisé par l'histoire sanglante du Brésil durant son enfance. Il s'enferme dans un mur, où les gens qui dérangent l'ordre établi n'ont pas leur place.
Bien établi au niveau professionnel, il va tomber amoureux de Liliana, son assistante de direction. Liliana est mère de famille et divorcée. Cependant, celle-ci refusera durement ses avances, sans vraiment s'expliquer franchement. Cela va amener Eduardo à écrire une lettre pour la dénoncer, avec de fausses accusations.
Il y a également Luciana, mère d'une petite fille, qui a subi un autre traumatisme. Eduardo et Luciana vont se rencontrer, mais leur relation va très mal se terminer. Les méfiances et les rancoeurs vont l'emporter.
J'ai dévoré ce roman avec passion. On y suit le parcours des personnages avec intérêt. Ils sont décrits dans toute leur complexité. Mais malheureusement, la fin, sans note d'espoir, donne une tonalité glauque à l'ensemble. C'est dommage. Je remercie les éditions Chant de Voyelle de cette découverte lors d'une opération Masse critique.

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Je remercie tout d'abord Babelio les éditions le chant des voyelles de m'avoir envoyer cet ouvrage...
Le thème est très intéressant et j'ai apprécié de découvrir une partie de l'histoire du Brésil que je méconnaissais...
Après j'avoue avoir eu du mal à rentrer dans l'histoire. Les différentes parties manquaient pour moi de transition et de rythme. J'ai eu vraiment des difficultés à m'imprégner de l'univers proposé par l'auteur.
Et puis à partir de la deuxième partie du livre c'était plus fluide avec davantage de suspense.
Du coup le roman est devenu plus intéressant pour moi.
Mais la fin m'a pas surpris et me laisse une impression mitigée de ce roman.
Par contre le style littéraire est intéressant. C'est une belle écriture.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pourtant, Liliana n’avait pas semblé déçue. Elle s’était même livrée comme jamais. Il sourit en se souvenant de ce qu’elle lui a raconté de son enfance. Ces moments où, petite fille, elle se blottissait contre son père pour qu’il lui lise le journal. Elle se laissait bercer par la voix, imaginant que la lecture n’était rien d’autre qu’une capacité à inventer des histoires en regardant des signes noirs sur un papier blanc. Elle lui avait confié, en riant, qu’elle s’essayait elle-même à la lecture. Un jour, on l’avait surprise, le nez dans la bible, se racontant les aventures fabuleuses d’une jeune princesse enlevée par des pirates. Sa mère l’avait enfermée dans sa chambre où, privée de dîner, elle avait remâché le fait que les histoires racontées par les signes noirs sur le papier blanc n’étaient pas toujours bonnes à dire à voix haute.
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Il était plongé dans ses pensées quand une ombre avait surgi dans sa vision périphérique, suivie d’un coup contre la fenêtre. Un oiseau était tombé à pic. Une trace de sang s’étalait sur la vitre et il avait eu envie de pleurer. Sur l’oiseau. Sur l’hiver. Sur lui. Il avait reniflé pour refouler les larmes, avait enfilé sa veste et décidé de rentrer.
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Au début, il y avait eu des sursauts d’indignation. Le hall de la mairie vrombissait de murmures, de cris étouffés. Puis le silence était tombé. On regardait ses pieds. On était assommé. Chacun se demandait quoi faire de son corps, de sa voix. C’était aussi cela l’acte institutionnel n°5 : une forme de paralysie collective. Baisser la tête, faire le dos rond, se taire. Ceux qui clameraient encore leur refus le feraient désormais dans la clandestinité et certaines voix s’éteindraient à jamais. Eduardo n’avait plus revu Luis.
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Le soir je n’avais qu’une envie : me pelotonner sur le canapé et regarder un film. Si j’avais pensé devenir un jour accro aux novelas. Mais cela a le mérite de m’éviter de penser. De ruminer, dirait encore le docteur Mello.
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