1968-2008 : N'effacez pas nos traces

Imaginez-vous vivant
Dans un pays où personne
N'entendrait siffler le vent
Vent d'hiver ou vent d'automne
Imaginez-vous donc un jour
Accostant désemparé
Dans un pays où les sourds
Seraient la majorité.
Petite fille du silence
Venue du Chili jusqu'en France
À toi cette chanson d'amour
À toi, tes soeurs
Et tes frères sourds.

Imaginez-vous vivant
Dans un pays où personne
Ne parle la langue des entendants
Apprise quand vous étiez enfants
Ah! les efforts qu'il faudrait faire
Privés du recours des mots
Pour pénétrer cet univers
Où les mains n'ont pas de repos.
Petite fille du silence...

Imaginez-vous vivant
Dan un pays où la parole
Serait devenue inaudible
Vous en perdriez la boussole
Vous vous trouveriez bien en peine
De demander un nom de rue
Interminable quarantaine
Pour qui parle sans être entendu.
Petite fille du silence...

Imaginez-vous vivant
Dans le pays de ces enfants
Que vous regardiez amusés
En les voyant gesticuler
Rappelez-vous qu'ils furent privés
Plus d'un siècle de leur langage
Et que leurs mains furent attachées
Et qu'ils en ont encore la rage
Petite fille du silence...

Imaginiez-vous vivant
Dans un pays où les consignes
Ordes, jurons ou beuglements
S'exprimeraient par des signes
Quel soulagement, quelle douceur
Ces mains qui bravèrent l'interdit
D'un signe effaceraient vos peurs
Plus besoin de pousser des cris...
La paix serait-elle à ce prix ?

Petite fille du silence
Venue du Chili jusqu'en France
À toi cette chanson d'amour
À toi, tes soeurs
Et tes frères sourds.

Ma petite fille du silence
Venue du Chili jusqu'en France
À toi cette chanson d'amour
À toi, tes soeurs
Et tes frères sourds.

"Petite fille du silence", paroles et musique Dominique Grange
("À ma fille, Lisa-Lili, Paris 2007")

Nous avons entendu la voix des camarades
"Les Versaillais infâmes approchent de Paris"
Je t'ai dit "Avec toi, je vais aux barricades,
La place d'une femme est près de son mari".
Quand le premier de nous est tombé sur les pierres
En dernière culbute une balle en plein front,
Sur lui, tu t'es penché pour fermer ses paupières,
La Commune est en lutte
Et demain nous vaincrons !

Ouvriers, paysans, unissons nos colères,
Malheur à qui nous vole en nous avilissant,
Nous voulons le respect et de justes salaires
Et le seuil des écoles ouvert à nos enfants.
Nos parents ne savaient n lire ni écrire,
On les traitait de brutes, ils acceptaient l'affront,
L'égalité, la vraie, est à qui la désire,
La Commune est en lutte
Et demain nous vaincrons !

Les valets des tyrans étaient en plus grand nombre,
Il a fallu nous rendre, on va nous fusiller,
Mais notre cri d'espoir qui va jaillir de l'ombre,
Le monde va l'entendre et ne plus l'oublier.
Soldats, obéissez aux ordres de vos maîtres,
Que l'on nous exécute en bous visant au coeur,
De notre sang versé, la liberté va naître,
La Commune est en lutte
Et nous sommes vainqueurs !

Nous n'avons pas trouvé dans nos livres d'histoire
Au fil des quelques pages qui vous sont consacrées
Trace des utopies auxquelles vous vouliez croire
Et qu'en vous insurgeant vous nous avez léguées.

La mémoire collective des luttes et des espérances sociales, de nos défaites t de nos victoires, constitue un héritage bien vivant pour quiconque ne s'est pas repenti d'avoir voulu changer le monde et continue de le vouloir, puisque tant de choses restent encore à faire.