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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Passionnante découverte que cette histoire de l'alpinisme soviétique réalisée par Cédric Gras qui fut compagnon de Sylvain Tesson lors de sa fameuse Bérézina à moto !

Il lui a fallu des recherches longues et assidues pour mettre enfin en lumière toute une histoire et surtout deux frères, Vitali et Evgueni Abalakov, qui ont grandi à Krasnoïarsk, près du fleuve Ienisseï, en Sibérie. Ils étaient nés en 1906 et 1907 et leur passion pour l'escalade et la montagne à profondément marqué leur vie placée sous le sceau terrible du stalinisme.
Cédric Gras raconte tout cela avec précision, humour parfois, critique souvent. Comment ne pas être touché, ému par la destinée de deux hommes qui ont tenté de réaliser leurs rêves d'escalade avec des moyens très rudimentaires dans un contexte politique des plus horribles ?
Dans cet excellent livre, l'auteur déroule un panorama des plus complets de la conquête des sommets, en URSS. Si cet empire soviétique a éclaté, il ne faut pas oublier son importance tout au long du XXe siècle. Vitali et Evgueni sont adolescents quand on vient arrêter Ivan Abalakov, leur oncle paternel qui a recueilli ces deux orphelins. Les voilà déjà marqués par l'arbitraire. Leur père était un négociant prospère et leur oncle un bourgeois.
Vitali et Evgueni sont à Moscou en 1925. L'un étudie la mécanique et l'autre préfère les beaux-arts. Avec leurs études, ils développent leur passion pour la montagne dans le Caucase, cette chaîne qui s'étend sur 1 200 km entre la mer Noire et la mer Caspienne.
Vitali rencontre Valentina Tcheredova qui aime aussi l'escalade alors qu'Anna Kazkova se lie à Evgueni. C'est donc parti pour des expéditions toujours plus lointaines et toujours plus élevées. Les sommets du Pamir, énorme massif d'Asie centrale que se partagent aujourd'hui la Chine, le Tadjikistan et le Kirghizistan, attire encore plus car ses sommets dépassent les 7 000 mètres dont le pic Staline devenu pic du Communisme et appelé aujourd'hui pic Ismail Samani (7 495 m).
1933 voit la collectivisation des terres et d'horrible famines mais cela n'empêche pas Evgueni de se distinguer. Des deux frères, c'est nettement le plus brillant. Tous les deux, ils forment des militaires à la montagne mais, en 1934, le goulag se met en place.
Lorenz Saladin, un photographe suisse, se joint aux exploits des Abalakov. En 1936, ils arrivent au sommet du Khan Tengri (7 010 m) mais la descente est effroyable. Vitali doit être amputé de plusieurs phalanges et d'un tiers du pied gauche. Cela le poussera à inventer des appareils pour les sportifs handicapés et il pourra renouer avec la montagne, sa passion.
Hélas, l'URSS vit sous le joug de Staline et l'on arrête, torture, emprisonne, fusille des innocents par centaines. Les alpinistes, comme les poètes, ne sont pas épargnés. le 4 février 1938, Vitali est arrêté chez lui alors qu'il est avec Valentina et leur fils, Oleg. Comme tant d'autres, il vit un cauchemar abominable, un enfer dont il sort par miracle.
Puis, c'est la seconde guerre mondiale. Les rangs des alpinistes ayant été décimés par les arrestations, l'URSS ne possède pas de troupes de montagne. Si Vitali a été réformé pour invalidité, Evgueni est dans l'armée. Anna a accouché, en 1941, d'un fils, Alexei.
L'URSS compte vingt millions de morts à la fin de la guerre mais l'alpinisme reprend un peu. Alors que Valentina met au monde une fille, Galina, en 1946, la vie d'Evgueni bascule brutalement deux ans plus tard. Lui qui sculptait beaucoup laisse ses oeuvres mais son rêve était d'escalader l'Himalaya.
La troisième partie du livre est consacrée à Vitali qui étonne de plus en plus même s'il peine à être réhabilité. Il grimpe toujours et Cédric Gras raconte tout cela avec vivacité et précision. J'aurais voulu retenir tous ces noms qu'il sort de l'ombre, tous ces drames de la montagne, ces joies aussi lorsque le succès est au bout.
Avec la vie de ces alpinistes hors pair, j'ai bien compris toute l'évolution de ce sport développé dans le cadre soviétique malgré des moyens limités et un carcan idéologique très contraignant.

Alpinistes de Staline m'a été offert par Simon pour mon anniversaire et ce fut une lecture passionnante et fort instructive. Merci !


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Le roman débute en 1920, en Sibérie, à Krasnoïarsk, près du fleuve Ienisseï, où la guerre civile vient de déferler.
Un soldat de la révolution tambourine à la porte d'une des maisons. Il est porteur d'un mandat d'arrêt concernant Ivan Abalakov. Ses deux neveux orphelins, Vitali et Evgueni, treize et quatorze ans se précipitent pour empêcher que leur oncle paternel qui les a recueillis, ne soit emmené. Mais le garde rouge a désormais tous les droits et il rafle également les neveux pour avoir entravé son action. Leur tante, en échange de vodka et zabouski épargnera les deux frères.
Après une enfance et une adolescence faite de varappe et d'escapades dans le cadre légendaire des Stolby (colonnes ou blocs) : "Les frères Abalakov ont grandi en embrassant la pierre, en défiant la pesanteur, en exécutant le poirier au bord du vide", ils montent à Moscou.
Dans Alpinistes de Staline, Cédric Gras nous conte la vie de ces deux frères Abalakov ces célèbres alpinistes russes nés à un an d'intervalle, pour les sortir de l'oubli. C'est aussi pour tenter de comprendre comment, alors qu'ils avaient déjà conquis le pic Staline et le Khan Tengri, qu'ils portaient le marxisme au plus haut des sommets, au prix de grandes souffrances et de mutilations, ils ont pu, Vitali en étant arrêté et Evgueni en mourant de façon mystérieuse, être victimes de la Terreur stalinienne.
Ce livre tente également de rappeler à notre mémoire tous leurs camarades déportés au goulag ou exécutés, toutes ces existences fauchées par ces grandes purges, où la police politique arrête à tour de bras, inventant des chefs d'accusation fantaisistes et extorquant des aveux par les pires méthodes, par exemple, avoir grimpé avec des étrangers était tout simplement qualifié d'espionnage. .
Je suis loin d'être une passionnée d'alpinisme et pourtant j'ai été emportée et subjuguée par les descriptions de ces lieux immenses et encore sauvages, la blancheur immaculée de ces neiges éternelles et la solennité de ces hauts sommets, la simplicité et la sobriété de vie de ces hommes, si près de la nature, dont les sens sont en perpétuel éveil pour faire face aux brusques changements de temps et aux températures extrêmes.
Cependant, si j'ai particulièrement apprécié ce roman, c'est avant tout parce que l'histoire de l'alpinisme se mêle à l'histoire tout court, avec cette période de répressions politiques tellement effarante qui a utilisé alors à grande échelle l'emprisonnement, la déportation et la peine de mort pour éliminer ses opposants politiques réels ou supposés. L'auteur s'interroge d'ailleurs très justement : « À bien y réfléchir, et même si l'on comprend la logique avec peine, il n'y avait aucune raison pour que les alpinistes échappent à cette répréssion généralisée, à cette automutilation d'une URSS qui élimine ses meilleurs éléments en leur reprochant de vouloir lui nuire. Que serait-elle devenue si on les avait laissés véritablement bâtir le socialisme ? »

Cédric Gras, russophone, est écrivain-voyageur. C'est après des voyages en Asie centrale, après avoir écouté des descendants de certains personnages, observé quelques photographies et obtenu l'autorisation de consulter les archives du KGB et pris connaissance des trois cent cinquante pages d'instruction, qu'il a pu reconstituer le destin exceptionnel de ces deux frères durant cette période que l'on connaît encore si mal. Il écrit d'ailleurs : "Je n'ai plongé dans l'épopée des Abalakov que parce qu'elle dépasse largement leurs exploits."
C'est une enquête très fournie et terriblement instructive que nous livre l'auteur, une confrontation de l'homme avec L Histoire, un livre contre l'oubli, des frères Abalakov, certes, mais aussi de ces innombrables morts, victimes des purges staliniennes…

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Passionnant !
Voici un livre très bien écrit et extrêmement documenté, qui mêle habilement histoire de l'alpinisme et Histoire tout court.
Russophone, Cédric Gras a effectué un travail de recherche conséquent dans de nombreuses archives, dont certaines n'avaient jamais été ouvertes ; ce qu'il a trouvé lui a permis de construire un récit prenant de bout en bout.
Quand des éléments lui manquent, il comble les vides en imaginant un scénario probable, mais il en avertit toujours le lecteur, ce qui donne une grande crédibilité à son ouvrage.

"Les Abalakov sont des héros positifs comme l'Union soviétique en eut trop peu. À eux deux, ils furent de presque tous les coups, de toutes les premières. Ils racontent l'URSS, par le prisme des neiges" nous dit l'auteur qui a choisi les emblématiques frères Vitali et Evgueni pour nous présenter une tranche de l'histoire de l'alpinisme soviétique et à travers elle, celle d'un régime terrible qui broyait les hommes sans état d'âme.

Sport et politique, un grand classique !
Les dictatures ont bien souvent exploité les sportifs, manipulés comme des pantins et exhibés pour la gloire des dirigeants.
Chacun sait comment Nadia Comanecci a été utilisée par Ceaucescu ; Cédric Gras nous montre qu'il en fut de même pour les frères Abalakov et bien d'autres alpinistes avec eux.
Conquêtes de sommets d'un côté, purges staliniennes de l'autre.
Si l'ascension d'un sommet encore invaincu est une affaire de prestige national, ne croyez pas pour autant que la valeureuse cordée victorieuse soit justement récompensée. de vaillants grimpeurs, courageux jusqu'au sacrifice d'eux-mêmes (certains y laissent leur vie, d'autres des doigts gelés qu'il faut amputer) sont parfois ignorés, voire dénigrés, ou même pourchassés et maltraités dans les tristement célèbres goulags dans lesquels certains disparaissent pour toujours. On n'entend plus jamais parler d'eux : c'est fini, ils n'existent plus.
Dans ce régime monstrueux l'arbitraire règne, la vie humaine n'a pas de valeur, et "tous les chemins mènent au goulag, même celui des cimes". Des alpinistes ayant accompli des exploits sont torturés dans la tristement célèbre Loubianka, certains sont directement passés par les armes, et tout cela parfois sans que l'on sache pourquoi. "Le NKVD déniche des complots partout, chez les marins, les mineurs, les académiciens, les météorologues, les athlètes, que sais-je."

Certaines pages font froid dans le dos, et pas seulement parce que nous sommes en très haute altitude !

Fort heureusement l'auteur prend parfois un recul salutaire, et ne manque pas d'humour pour raconter certaines scènes, comme lorsque de malheureuses cordées sont obligées de transporter des bustes de Lénine qu'elles ont l'obligation de déposer au sommet, prestige soviétique oblige.
Quand on pense au soin que les alpinistes mettent à la préparation de leur matériel, pesant chaque pièce de leur équipement et s'efforçant d'en minimiser le poids afin de prendre le moins de risque possible, ce genre de situation est d'un ridicule absolu.
Un ridicule qui tue parfois. Mais les dirigeants ne s'embarrassent pas de scrupules inutiles : quelques morts de plus ou de moins... et alors ?
Cédric Gras en savait certainement déjà beaucoup sur l'URSS, mais ce qu'il a découvert lors de ses recherches l'a abasourdi. Il nous le résume en quelques mots glaçants :
"J'ai découvert les noms des plus grands alpinistes de l'époque là où je n'aurais jamais imaginé les lire. Parce que ce qui fit le plus de ravages dans leurs rangs, ce ne furent ni les oedèmes en haute altitude, ni les chutes de séracs ou la foudre sur des arêtes effilées de rochers. Non, ce fut une calamité qui n'avait, croyait-on, rien à voir avec la montagne : les purges staliniennes."
Quelle tristesse !
Quelle horreur !
Un régime qui élimine ses propres citoyens, allant jusqu'à supprimer les plus valeureux d'entre eux.
Une monstruosité qu'il ne faut jamais oublier.
Jamais !

Férus ou non d'alpinisme, si vous aimez L Histoire, je ne peux que vous conseiller cette lecture édifiante et marquante.
Je n'ai qu'un regret : que l'ouvrage ne comporte aucune photo, à part celle de la couverture. Cédric Gras évoque pourtant à plusieurs reprises les clichés qu'il a trouvés lors de ses recherches. J'aurais vraiment aimé en voir quelques-uns.

"De grandes choses s'accomplissent quand les hommes et la montagne se rencontrent" a écrit William Blake. Quand la rencontre se passait en URSS, ces grandes choses ont souvent viré au cauchemar.
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Fabuleuse épopée que celle d'Evgueni et Vitali Abalakov, deux frères qui ont inscrit leur nom aux sommets de l'alpinisme soviétique, à travers ce XXème siècle stalinien, de souffrances pour tout un peuple, de persécutions, tortures, guerre mondiale et son cortège de destructions humaines.

Cédric Gras a procédé à une enquête fouillée sur la vie de ces deux héros et il la restitue avec finesse, retenue, lyrisme, laissant quelquefois aller son imagination, tout en restant au plus près de la vérité.

Evgueni a échappé au goulag et aux persécutions, mais pas à une mort prématurée, non pas dans la gloire d'une chute d'une paroi, mais asphyxié par le gaz dans une salle de bains d'un appartement communautaire. Accident ou assassinat? le mystère demeure.

Vitali, lui, a connu la torture, le goulag, après avoir perdu maintes phalanges vers les 7000 mètres et un bon tiers de pied. Il a pu surmonter toutes ces épreuves et connaître à nouveau l'ivresse de la vraie liberté sur les cimes, hélas sans son frère.

Le machiavélisme stalinien et l'endoctrinement des masses est parfaitement restitué par Cédric Gras qui sait plonger ses lecteurs dans l'atmosphère de ces années de plomb, d'incertitude du lendemain, d'espérance toujours pour les deux frères.

Le titre correspond tout à fait à cette appartenance des alpinistes au dictateur, ils grimpent, pour eux-mêmes probablement dans leur for intérieur, mais avant tout pour le régime qui a besoin de gloire face à l'Occident. Un régime qui ne pardonne rien, même quand il n'y a rien à pardonner puisqu'il n'y a pas de faute commise, un régime qui détruit sournoisement tout ce qu'il imagine pouvoir lui nuire, héros alpinistes, simples bergers qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment.

Evgueni était également dessinateur et sculpteur, ses oeuvres ont quasiment disparu dans la tourmente et, surtout, selon Cédric Gras, il aurait été capable, avec son frère de conquérir l'Everest les premiers.

L'auteur déroule l'histoire au fil de celle des deux frères, révolution, stalinisme, guerre, détente, fin de l'union soviétique. Il inscrit superbement ces deux destinées dans la "roue rouge" de l'histoire et livre à ses lecteurs un magnifique document sur ces deux héros sibériens.

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Quel voyage nous offre Cédric Gras !
Cette fois, il ne s'agit pas du récit d'un de ses nombreux voyages dans l'immensité de la fédération de Russie, mais du récit de la vie de deux frères, Evgueni et Vitali Abalakov.
Nés en Sibérie, les deux frères seront parmi les premiers à conquérir les sommets du Pamir et du Tian-Shan, sommets de l'union soviétique dont les noms nous sont quasiment inconnus.
Avec des moyens dérisoires vus d'aujourd'hui, ils ont conquis des sommets de plus de 7000 mètres, au péril de leur vie et au prix de graves séquelles physiques.
Ces conquérants des cimes soviétiques, qui exploraient le seuil du ciel alors que les cosmonautes visitaient le seuil de l'Univers ont connu les débuts du communisme, baptisant les sommets du nom de Lénine, de Staline ou du XXème congrès du parti, allant jusqu'à déposer au sommet le buste de celui qui allait faire déferler la terreur sur toute l'étendue des républiques soviétiques.
Cette terreur n'a malheureusement pas épargné ces vaillants alpinistes accusés, comme beaucoup d'autres, de manière totalement arbitraire.
Mais, jusqu'au bout, et bien qu'isolés du reste du monde, ils ont persévéré et ouvert la voie des sommets à de nombreux grimpeurs, la plupart du temps à l'insu de l'occident.
Au-delà des exploits hors-normes de ces pionniers, on traverse avec l'auteur une époque qui s'étend d'octobre rouge jusqu'aux chaotiques années 90 qui furent pour le bloc de l'est une période de transition particulièrement difficile.
Cédric Gras nous livre ici le fruit d'un travail aussi immense que méticuleux fait de recherche documentaire, de rares témoignages et de courses sur les lieux mêmes où les frères Abalakov ont réalisé leurs exploits.
Couronné par le prix Albert Londres 2020, ce livre au rythme haletant emporte le lecteur dans des contrées inconnues de nous et nous rappelle à quel point L Histoire a pu être cruelle pour les peuples de l'ex-URSS.
Un magnifique ouvrage.
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Préparez crampons, piolets et buste de Lénine en sac à dos Abalakov car l'aventure montagnarde que Cédric Gras nous offre est en tout point remarquable par son originalité, respectable par le dépassement de soi, passionnante par le contexte idéologique associé.

Les frères Abalakov, pionniers de l'alpinisme soviétique dans les années 30, purs produits (bien obligés!) du communisme triomphant sont les héros de la nation bolchevique par leur conquête des cimes, à la gloire de l'URSS et de Staline. Dans leurs pas se racontent les derniers défis de découvertes des sommets du globe, avec une communauté d'alpinistes dans leurs exploits et leurs drames, jusqu'aux plus ubuesques : les purges staliniennes et la grande guerre patriotique.

Cédric Gras, compagnon de route de Sylvain Tesson (dans leur génial et improbable trip en side-car, raconté dans Bérézina) est un conteur qu'on découvre passionné par les recherches effectuées sur ce duo d'alpinistes dans le sinistre décor du communisme soviétique. Sans romancer et s'en tenant aux faits, il rend justice à deux légendes méconnues à l'Ouest, nous entraînant dans des expéditions aussi fascinantes que périlleuses.

Jamais fait de varappe, mais je suis restée accrochée par l'aventure humaine, frustrée de l'absence de photographies dans un récit-document passionnant qui mentionne régulièrement des clichés existants, de personnes ou d'exploits. Mais très amusée par l'insolite toponymie des sommets conquis!

L'histoire de l'alpinisme mêlée à la grande Histoire ! Je conseille!

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Encore un destin immense et tragique, comme seule la Russie sait en produire. C'est toute l'histoire de ce pays qui nous est racontée à travers la vie de ces deux frères qui excellent dans l'exploration des montagnes. On en retient, l'immensité Russe, la cruauté stalienne, le culte du dépassement de sa condition, l'absurdité administrative et une belle histoire de passionnés des hautes altitudes.
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Si l'on est amateur de récits d'alpinisme, on ne peut qu'apprécié Alpinistes de Staline, qui nous conduit dans une région de montagnes peu médiatisées (les montagnes de l'URSS) et raconte les exploits d'alpinistes peu connus : les frères Abalakov.
Ce livre est à mi-chemin entre le récit d'aventures et l'ouvrage historique, qui traite de la période stalinienne et, notamment, de ses aspects répressifs et idéologiques.
Un très bon ouvrage, original dans les sujets abordés.

Lien : http://www.polardesglaces.com/
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J'avais vu le documentaire "Vers les Monts Célestes" de Cédric Gras (avec son compagnon de voyage Sylvain Tesson) dans lequel il évoquait les frères Abalakov, ces deux alpinistes soviétiques, quasi inconnus en France, et parlait de son livre à venir.
Je l'ai commandé dès sa parution connue et ai dévoré ce livre avec un immense plaisir.
Lecture très agréable, fluide.
Le livre mêle les histoires, tragiques et passionnantes, de l'URSS et celle de ces deux frères choyés et broyés par le système stalinien.
Le livre est aussi un beau livre de montagne avec des descriptions passionnantes de ces ascensions de sommets inconnus en Occident.

Un beau livre pour les amoureux de la montagne, de l'histoire et ... tous les curieux !
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« S'élever pour le parti ou pour lui échapper ? » Cette question est posée par l'auteur immergé dans les archives russes, celles du NKVD, rapprochant les sources et les faits, autour du destin lié de deux frères alpinistes dans les années 30 en URSS, Vitali et Evgueni Abalakov.

Leur enfance en Sibérie les a préparés à la rudesse et à l'effort. L'un est artiste et connaîtra la renommée, l'autre, ingénieur, plus discret, se fait néanmoins un prénom dans le monde de la conquête des cimes. le Parti utilise leur talent de grimpeurs pour planter le premier piolet au sommet des 5000, 6000 et plus de 7000 mètres, le pic Staline ou Khan Tendri. Dans les sacs, pèsent les bustes de Staline destinés à trouver place au sommet et marquer le territoire, matériellement et idéologiquement.

Quand les purges staliniennes décimeront toutes les catégories sociales, faisant fi des talents et de la vérité, ces héros adulés hier ne seront pas épargnés. Survivant à son frère, Vitali va connaître les geôles, à la suite d'aveux de trahison extorqués à d'anciens camarades d'expédition. « La cordée se défait sous la torture ».

Vous l'avez compris, ce récit historique est passionnant. Fondé sur les recherches de l'auteur, russophone, animé de l'esprit d'aventure, qui n'hésite pas à exprimer son sentiment au fil des pages, élaborant des hypothèses, donnant chair et mémoire à ces hommes courageux, durs parfois, amoureux de la montagne, toujours.

Cédric Gras cite Sojénitsyne. « Nous avons perdu l'étalon de la liberté. Nous n'avons plus rien pour déterminer là où elle commence, là où elle finit ». Leçon d'histoire, pour un éclairage lucide sur l'Union des Républiques socialistes soviétiques.

Lien : https://123loisirs.com/livre..
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