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sur 600 notes
Arrivant à la fin du bouquin, je dis à mon fils: "en tout cas c'est sûr je veux revoir le film! Tu le regarderas avec moi?
-Ben de quoi ça parle?
-De quoi ça parle? Ca parle d'un homme, enfin non d'un garçon qui décide d'arrêter de grandir à 3 ans, mais qui devient quand même un homme, et qui s'exprime en jouant du tambour, et qui brise tout le verre autour de lui en criant s'il veut... euh... et ça se passe pendant la deuxième guerre mondiale...
Bon en réalité vu sa tête au fur et à mesure que je m'enfonçais, je ne suis même pas arrivée jusque là! Donc bref, je compte sur votre culture littéraire pour ne pas aller plus loin dans le résumé.
Ce que j'en garde: un roman à la narration perturbante, un destin incroyable, un point de vue sur la guerre côté est, avec la situation particulière de Dantzig dont je viens de découvrir l'histoire.
Oscar, notre personnage qui ne mesure que 83 cm et a gardé son visage d'enfant, nous fait le récit de ses souvenirs de son lit d'hôpital, remontant jusqu'à la conception de sa propre mère, une naissance inscrite dans la légende. D'Oscar, on comprendra très vite que ses paroles ne disent pas tout: il est ce qu'on appelle en littérature un narrateur non fiable et c'est en grande partie ce qui fait le terreau de ce récit. Qui est-il vraiment? C'est difficile à dire, tout comme il est impossible à cerner vraiment.
Il traverse les décennies alors qu'autour de lui c'est l'hécatombe. Son existence même est un miracle, tout comme ce qu'il accomplit au long de ces trente années et au final, on tourne la dernière page sans être certain de ce qu'on a lu.
Je ne peux qu'admirer cette maîtrise du récit modernement picaresque, en particulier quand on sait que c'est le premier roman de Günter Grass, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin et continuer mon exploration de son oeuvre.
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A bien des reprises, et dès le départ de ma lecture, j'ai souffert d'inattention. Mes yeux décryptaient et faisaient défiler mécaniquement des mots, je déchiffrais, tout en pensant à autre chose. Faute d'une langue consistante qui ne parvenait pas à rendre ma lecture confortable et fluide, faute d'un contenu très dense et détaillé qui ne stimulait pas mon intérêt. Je faisais l'effort de relire au départ, d'illustrer les logorrhées de Grass / Amsler et Porcell (auteur et traducteurs) et puis j'ai cessé de me débattre avec mon livre, parce que je lis avant tout par plaisir. Et puis aussi, parce que j'ai réalisé qu'un tri se faisait de lui même entre un flux de mots surabondants à mon goût, et des images fortes et marquantes émergeant de celui-ci. Comme l'huile se sépare physiquement de l'eau et remonte en surface.
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J'étais ainsi telle une conductrice sur une voie rapide, qui avance à vive allure, dans ses pensées et dont tout à coup l'attention se fige car au loin il y a quelque chose sur la route, un plastique? La dépouille d'un animal renversé? Alors je prends conscience du paysage, et aussi de la voiture qui est en train de me doubler, un monospace noir avec trois enfants agités à l'arrière; je prends pleinement conscience que je suis en train de conduire et tous mes sens se figent sur la dépouille (?) de laquelle je m'approche rapidement. Déjà je discerne du rouge, bientôt des viscères, de la peau et des poils mélangés à l'asphalte, j'ai un haut le coeur en croisant ce qui reste du pauvre renard qu'il me semble reconnaître, je suis tout à fait éveillée à ma conduite à présent.
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C'est à ce genre de sensation que je comparerais les images de l'auteur. D'un entrelacs de mots torturés, parfois étranges, comme ces sculptures de ficelles et de plâtre du personnage de l'infirmier Bruno, émerge tout à coup une image si puissamment singulière, obscène, écoeurante, absurde, grotesque ou sensuelle qu'elle captive.
Des images issues des mémoires d'Oscar qu'il rédige depuis l'hôpital où il est enfermé, et étroitement surveillé par Bruno. Des mémoires qu'il convoque en battant un tambour de fer blanc et rouge (il en a le droit quelques heures par jour); énième réplique d'un instrument maintes fois usé, et dont il ne s'est quasiment pas séparé depuis qu'il est enfant. Ce tambour est alors son mode d'expression. Devenu l'auteur de ses mémoires, le tambour lui permet la restitution exacte de ses émotions passées, et de ce qu'il a vécu. Il choisit ainsi de nous en partager certaines, ou au contraire de les annihiler à coups de tambour rageur.
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Comme le dit Volker Schlöndorff, le réalisateur du film « Le tambour », « Oscar (...) possède deux qualités (…): le refus et la protestation. Il se refuse au monde au point de ne même plus grandir. (…). Il proteste si fort que sa voix brise le verre. » . Oscar est en effet un être tout à fait particulier, qui prend la décision le jour de l'anniversaire de ses trois ans, alors que sa mère lui fait le cadeau attendu du tambour promis lorsqu'elle l'a mis au monde, de ne plus jamais grandir, déjà rompu à l'exercice d'une observation dépourvue d'illusions du monde des adultes. D'autre part, bien qu'il choisisse à ce moment-là de ne s'exprimer, et de ne communiquer que dans la limite des capacités d'un enfant de trois ans, il découvre que son cri a la faculté de briser le verre à l'envi. Sachant que cet enfant naît entre les deux guerres, en 1924, à Dantzig qui est un lieu d'implosion de la deuxième guerre mondiale, il aura bien des raisons, en plus de sa nature à protester et à se faire entendre, d'user des tambours, et de faire éclater du verre.
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Cependant, ne prenez pas trop vite Oscar sous votre aile de lecteur empathique, ému par cette métaphore poétique, cette volonté accomplie, qui relève quasiment d'un réalisme magique, de ne jamais grandir, tant le monde des adultes n'a rien d'attirant. En effet, sous cette détermination hors du commun, derrière ces beaux et grands yeux bleus qui semblent à jamais lointains, se niche le cynisme, l'opportunisme, la lâcheté , la raillerie et le calcul d'un enfant qui a la maturité d'un adulte souvent mal-aisant, voire pervers. le petit Oscar, à trois ans, décide ainsi de se jeter dans des escaliers pour simuler une cause médicale à une incapacité de grandir, il se félicite également de faire porter le chapeau à son père putatif, qu'il méprise.
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le même père qui adhère au parti nazi, passe tous ses dimanches à ses rassemblements, et emmène le fiston assister aux premières synagogues brûlées, aux premières boutiques dévastées et taguées « porc juif » lors de l'historique Nuit de Cristal de 1938. Oscar nous raconte ces événements avec la naïveté et le détachement d'un enfant qui n'est qu'un témoin : il a alors 14 ans peut-être en effet ne comprend-on pas tout à cet âge là, de plus quel allemand en comprend réellement la portée, à ce moment là de l'Histoire?. Il n'y décèle pas de cruauté ni d'injustice, n'a pas d'opinion sur ce point-là, bien qu'on lui connaisse de grandes capacités d'analyse par ailleurs. Simplement, il tape de plus belle sur son tambour, parce que le magasin de jouets où on lui fournissait ses instruments a été saccagée, et qu'il a besoin de tambours. Il ne manifeste que peu de peine ou d'intérêt pour le sort de Markus le propriétaire juif du magasin.
le personnage de Grass est en réalité bien difficile à décrire : un adulte dans un corps d'enfant, ayant des particularités cognitives et physiques extraordinaires? Un adulte dans un corps d'enfant qui par un subterfuge relevant d'une sorte de magie noire passe au travers de situations périlleuses? Un enfant dont l'hypersensiblité est si forte qu'elle a crée un blocage de croissance? Un psychopathe qui se sert de son apparence d'enfant pour éprouver sans crainte tout son dégoût et son détachement envers un monde duquel il refuse de faire partie ?
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Je me suis heurtée à cette imprécision par rapport au personnage principal, ce qui en limite l'identification et la crédibilité, d'une part. Part accentuée par l'usage aussi bien du « je » assumé, que du « il » observé, qu'emploie Oscar pour conter son histoire, comme si on avait affaire à un personnage dissocié, y compris dans un même passage: « Je m'endormis sur les capitons de Tuschel et, quand je me réveillais des matelots chantaient toujours ou déjà de nouveau : Pilote monte la garde...Mais Oscar s'endormit derechef, ravi de voir en s'assoupissant que sa maman vibrait tellement au Fantôme, (...) » p97 Editions du Seuil 1961.
Cette difficulté à cerner un personnage insaisissable rend d'autre part le propos de l'auteur difficile à extraire.
Nous nous sommes en effet, en lecture commune de ce livre, constamment demandés, par exemple, si Grass ne parlait qu'au nom d'Oscar, ou parfois en son propre nom, à moins qu'il ne faille en faire une lecture plus vaste au nom de tout le peuple allemand du pendant et de l'après-Shoah.
Si Grass est considéré par certains comme l'un de ceux qui mena le peuple allemand sur le chemin du repentir, ou de l'exploration d'une certaine « incapacité à faire son deuil » de la société allemande de l'après-guerre, notamment au travers de ce roman, j'hésite à suivre cette voie. Il y a notamment dans ce livre un chapitre qui se nomme « la cave aux oignons » et qui a été l'un de mes préférés, un petit bijou de l'absurde. Après guerre, en Allemagne, imaginez un club, où vous payez pour que l'on vous distribue une planche, une couteau et des oignons à hacher menu jusqu'à ce que torrent de larmes s'en suive. Pour éprouver un chagrin collectif, car les larmes irrésistiblement produites par les oignons initient un vrai chagrin qui tend au désespoir ! On pourrait croire à une image fort pertinente, quasi poétique (enfin avec Grass, un semblant de poésie disparaît très vite sous des fluides nauséabonds) d'un peuple qui peine à la prise de conscience d'une horreur collective. Mais avec cet auteur, le chemin vers la réalité d'une nature humaine complexe n'est jamais si évident, et alors qu'il fait étalage de ce qui fait pleurer les clients, jamais ou presque la guerre n'est citée. Ils pleurent plutôt sur des amours incomprises ou inabouties.
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Aucune chance, ou plutôt malchance, que vous trouviez dans ce livre ce à quoi vous vous attendiez. A l'image du petit Oscar que j'imaginais, avec en tête l'affiche du film de Schlöndorff, comme un petit être ballotté, et victime d'une époque, alors que sa détermination rageuse lui permet de traverser une époque trouble à l'abri du vase clôt de sa propre morale, de son propre fonctionnement.
de même, si l'on tient vraiment à extraire un consensus moral à ce roman, bien qu'un repentir, ou une blessure attendus semblent parfois apparaître effectivement en filigrane, il est davantage question je crois de travailler la mémoire d'Oscar en restant le plus sincèrement proche possible de ce qu'elle fut, de 1924 à 1954, sans l'alourdir ou la pervertir avec l'analyse et les pensums construits avec le recul. Un produit brut, avec en supplément bonus toute la singularité du regard d'un être à part, un être à l'imaginaire par moments si puissant qu'il en fera votre réalité le temps d'un livre.

Un grand merci @Patlancien de nous avoir invité à faire cette lecture commune, à débattre, et à tâcher de percer le mystère du tambour.
https://www.babelio.com/groupes/1443/Lecture-Commune-Le-Tambour-de-Gunter-Grass-22-Fe






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Le XXème siècle est maintenant terminé depuis plus de quinze ans et il est tentant de vouloir dresser des listes définitives des plus grands chefs d'oeuvre du siècle. Indubitablement, le Tambour devrait figurer dans cette liste.

Chef d'oeuvre parce qu'il raconte ce XXème siècle en s'intéressant à l'évènement historique charnière qui le coupe en deux, la Seconde Guerre Mondiale, mais qu'il le fait dans un lieu original tel que Dantzig devenu Gdansk et du point de vue d'un personnage principal atypique que je vous laisse découvrir à la lecture.

Chef d'oeuvre parce que la narration et le style sont tout à la fois riches mais fluides, originales mais familières, qu'ils font penser à Proust dans ses introspections, à Mann pour l'âme allemande mais curieusement aussi à Garcia Marquez pour le baroque, la fantaisie, la sensualité. Faire penser à un auteur qui nous a succédé c'est sans doute une bonne mesure du poids d'une oeuvre sur son siècle.

Chef d'oeuvre enfin parce qu'avec toutes ses qualités littéraires et toute sa recherche stylistique, ce livre n'a pas oublié de raconter une histoire, n'a pas abandonné l'idée de nous faire aimer ou détester des personnages et parfois les deux à la fois, ne s'est pas contenté de rechercher l'art pour l'art mais nous a emporté avec lui dans l'espace et dans le temps pour nous conter notre histoire à travers la sienne.
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Gunter Grass écrit ceci : « Ce serait trop simple si l'on pouvait ramasser dans un chapeau toute blancheur, la mettre dans une armoire. On pourrait dire la même chose du noir ». Je suis entièrement d'accord avec lui. Dans la vie tout n'est pas tout noir, ni tout blanc (ou rose si vous préférez …). Pourtant, ici, dans « le tambour », je dois avouer avoir eu beaucoup de difficultés à trouver un peu de couleur, un peu de lumière, un peu d'air, un peu d'espoir.

Il y a d'abord, bien sûr, l'époque, celle particulièrement nauséabonde d'avant la deuxième guerre jusqu'aux lendemains misérables de celle-ci. Puis l'endroit, cette terre kachoube, coincée entre l'Allemagne protestante et la Pologne catholique, à la frontière entre peuples slaves et peuples baltes. Cette terre grise et plate, sous le ciel gris et lourd, avec à l'horizon cette mer grise et froide.

Et enfin il y a le microcosme où Oscar, le narrateur, grandit, un monde de travail, de peine je devrais dire, avec si peu de joie et si peu d'amour, … Un monde étriqué, coincé entre paysannerie et petite bourgeoisie provinciale.

Voilà pour le décor. Passons aux personnages. D'abord les seconds rôles: la mère qui entretient une relation adultère avec le cousin sous la table (au sens propre), le dit cousin Jan, exemple de lâcheté et d'hypocrisie qui mourra avec le sept de pique dans sa main (qui signifie au tarot « un manque d'opportunisme et prévient des dangers liés à l'attentisme et à l'immobilisme »), le père officiel Matzerath, nazi du dimanche matin qui ne se montre différent, voire sensible, que par son occupation favorite, la cuisine …. Et puis, Greff, l'ami de la famille, le marchand de légumes roublard à la petite semaine et chef scout grand amateur de grand air, de jeunesse et de chair fraîche. Sa femme, la mère Greff qui git dans sa couche fétide. Et aussi, Bruno, l'infirmier, qui épie Oscar avec son regard de poulpe éteint. Et les amis d'Oscar qui le visitent dans son hôpital psychiatrique, « ceux qui veulent le sauver, ceux que ça amuse de l'aimer, qui ont besoin de lui pour s'estimer, s'honorer, se connaître eux-mêmes ». Aucun de ceux-ci ne m'est sympathique. Tout au plus peut-on saluer le courage de Matzerath qui ne livra jamais son prétendu fils aux autorités sanitaires nazies. Mais bon quel père aurait livré son enfant ?

Et puis il y a le héros, mais peut-on vraiment parler de héros dans ce roman-ci ? Disons plutôt le personnage principal, le premier rôle. Oscar … Eh bien il m'a donné beaucoup de mal, l'Oscar … Il est le narrateur de ce roman particulier, mais, de temps en temps, il parle de lui à la troisième personne sans qu'on s'y attende (en tout cas moi je n'ai pas compris le mécanisme, la raison qui le fait tout à coup parler de lui à la troisième personne).

Oscar a décidé (ou croit avoir décidé ? pour moi ce n'est pas clair … accident ou pas ? Notre narrateur est tellement fantasque, imprévisible, peu fiable) à trois ans de ne plus grandir. Déjà j'ai eu du mal avec ça, car je me souviens que lorsque j'étais enfant, je n'avais qu'une envie : devenir grande, adulte quoi. C'est vrai qu'à l'adolescence ma motivation s'est estompée, mais j'avais dépassé l'âge de trois ans depuis belle lurette.

Vous me direz que c'est une fable, ok… Mais ce refus de grandir à trois ans me trouble malgré tout. J'y ai décelé une revendication à l'attention, pour ne pas dire un appel à la douceur, à la compassion, voire à la tendresse, qu'Oscar recherchera chez les infirmières toute sa vie.

J'y ai lu aussi une certaine lâcheté, une volonté de ne pas quitter l'abri chaud et réconfortant des jupes de la grand-mère, ou plus tard l'hôpital psychiatrique loin du monde extérieur froid et inhospitalier.

Le propos est très égocentré, très nombriliste. Les scènes sont très détaillées, souvent trop (en tout cas à mon goût), avec un style lourd et embrouillé. Certaines scènes sont complétement fantastiques, comme ce jeune homme tué par une femme de bois, le dialogue d'Oscar avec Jésus, sans parler d'une fascination pour les cadavres. Oscar prétendra aussi être responsable de la mort de ses pères. Et sur la fin, il sera obsédé par une énigmatique sorcière noire (symbolisant la culpabilité, la solitude, la mort, la folie ????). Difficile donc de suivre ce personnage hors du commun, difficile de l'appréhender, de le comprendre, de l'aimer, même juste un peu.

Et pourtant le roman en lui-même réserve de bonnes surprises, des scènes sublimes (j'ai envie de dire géniales) comme celle de la pêche à l'anguille dans la Baltique (âmes sensibles s'abstenir), ou la mise en scène du suicide du commerçant véreux, ou la dégustation originale de la poudre effervescente à la framboise. Ou encore le tambour d'Oscar qui fausse la cadence des fanfares nazies, la fabrication d'un château de cartes en plein bombardement, la destruction d'une chambre d'enfant sous le feu des obus …

Et puis aussi c'est un merveilleux monde olfactif, un voyage au pays des odeurs (on ne parle pas assez des odeurs dans les romans je trouve et c'est fort dommage). En vrac : odeur de beurre rance qu'Oscar respire sous les jupes de la grand-mère, odeur de l'huile à sardines de sa mère d'Oscar, odeur de cannelle, clous de girofle et muscade de Roswitha, la maitresse d'Oscar … sans oublier l'odeur de désinfectant qui colle à la peau de Fajnol, le Juif rescapé employé à la désinfection des camps de la mort …

Comme Graff, j'aimerais parfois que les choses soient plus simples. J'aimerais dire simplement « j'ai adoré » ou « non, je n'ai pas du tout aimé », après une lecture. Mais ici, je suis incapable de prendre position. Je peux juste dire que ce roman m'a troublée, peut-être même qu'il m'a dérangée … Et c'est peut-être beaucoup plus intéressant comme ça, tout en nuance, non ?

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Voilà un sacré pavé à digérer. Non pas qu'il soit indigeste. Disons qu'il est long, dense , touffus et qu'il faut être un sportif de la lecture pour arriver au bout de l'ouvrage et l'apprécier dans son intégralité. Donc si le lecteur sportif est en forme, il prendra un plaisir fou.
Ma forme étant fluctuante en ces jours – nous sommes à l'époque déjà inscrite dans L Histoire comme étant « le temps du coronavirus » - j'ai eu des hauts et des bas, mais, étant d'un naturel plutôt optimiste sinon enjoué, je ne me souviendrai que des hauts.
Oscar, le narrateur (mais pas toujours), a cessé de grandir à l'âge de trois ans, et sera le témoin de la vie de la société de Dantzig de 1924 à 1951, l'observant comme les bouffons royaux observaient les cours princières autrefois, usant de son tambour comme ces derniers agitaient leurs grelots. L'histoire mouvementée de cette ville, ville libre, puis allemande et enfin polonaise, est présente, en arrière-fond, à peine ébauchée.
Voilà un long roman (trop long?), picaresque, exubérant, où règne l'absurde, le grotesque et le bancal. A chacun de le lire sous l'angle qui lui sied.
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"Le Tambour" ayant déjà fait l'objet sur Babelio de critiques de qualité qui sacrifient à la règle du résumé de l'oeuvre, nonobstant celui de l'éditeur, je m'en abstiendrai pour exprimer, déjà trop longuement, quelques considérations, personnelles à défaut d'être pertinentes, que m'ont inspirées cet ouvrage.
Devant un tel magma en fusion, l'exercice impose de se limiter, hélas.

"Le Tambour" est considéré par les éditeurs comme un roman parce qu'il faut faire simple et que le lecteur, qui est aussi un client, doit s'y retrouver sans barguigner. Il se trouve qu'ici la simplicité n'est pas de mise et qu'il serait plus juste de qualifier cette oeuvre d'allégorie ou, dans un esprit oecuménique, de roman allégorique; mais pas de fable car, une fable étant un court récit allégorique contenant une moralité, le compte n'y serait ni pour le" court", ni pour "la moralité" car "Le Tambour" est un long roman allégorique amoral. Et puisque j'ai fait un détour phonétique par le conte, je ne retiendrai pas davantage cette appellation, car bien qu'on soit effectivement, comme pour un conte, en présence d'un récit d'aventures (partiellement) imaginaires, d'une part, la taille du "Tambour" est là encore trop imposante; d'autre part, si un conte est, comme on le dit souvent, une histoire à dormir debout, ce "Tambour" se distinguerait plutôt par sa capacité à empêcher de dormir bien qu'allongé.
J'en reste donc, plutôt satisfait, au roman allégorique, en rappelant ce qu'en écrit Larousse: "oeuvre littéraire ou plastique utilisant une forme d'expression d'une idée par une figure dotée d'attributs symboliques (art) ou par une métaphore développée (littérature)", ajoutant, ce que Larousse ne laisse pas supposer, que cette alternative apparemment exclusive entre art et littérature, se fond et se dilue, avec "Le tambour", dans un magma créatif dont l'éruption produit une lave qui est loin d'avoir refroidi quelques cinquante ans plus tard.

J'avancerai tout d'abord la proposition que "Le Tambour" offre trois niveaux de lectures, à la fois intimement imbriqués et suffisamment indépendants pour qu'au cours de la lecture on soit rapidement perdu, se demandant sur lequel de ces niveaux on avait cru bon de se poser pour laisser à la température de ses neurones l'opportunité de se stabiliser et quitter la zone rouge, et espérer ainsi pouvoir terminer la lecture sans risquer d'être illico presto emporté dans un lieu tout blanc par des personnes tout en blanc, je disais donc trois niveaux:
- une saga familiale dans les milieux paysans et petits commerçants de Dantzig sur fond d'événements guerriers et d'incertitudes génétiques, drolatique et outrancière
- une allégorie du psychodrame de populations appartenant au Lebensraum Grossdeutchland, un peu avant, pendant et un peu après le nazisme
- l'exutoire littéraire d'un auteur selon moi assez perturbé au plan psychique, comme tout un chacun certes, mais ayant choisi, lui, de faire métier de l'exprimer.
Günter Grass utilise à ces fins, remarquablement agglomérées de telle sorte que les niveaux ressortent totalement fusionnés, diverses formes de formulation parmi lesquelles le récit romanesque au style direct, alerte et épuré, de brefs moments théâtraux, des ruptures "spatio-temporelles" chères aux romans policiers, des épisodes d'élocution précipitée où s'expriment la confusion ambiante, les répétitions autistiques qui tendent à rassurer dans un environnement instable,… avec, indéfectiblement, ce parti pris d'humour corrosif par le rapprochement des incompatibles, d'ironie, de dérision voire de cynisme qui provoque, presque à chaque page, pourvu qu'on le tolère dans ce contexte historiquement douloureux, le sourire, cependant toujours un peu estomaqué que l'auteur ait osé cela, à cet instant-là.

Qui dit allégorie dit métaphores ou clés . Ne disposant ni du double des clés ni de passe-partout, il ne me reste que le pied de biche pour tenter d'ouvrir ce coffre-là, ce qui est mon privilège de lecteur lambda.

On a donc un enfant qui refuse de grandir c'est-à-dire un nain, à qui pousse une bosse; on a un tambour plutôt bas de gamme mais coloré en rouge et blanc ; on a aussi un cri destructeur de verre (vitricide) mais qui épargne les vitraux des églises catholiques; et puis on a des infirmières aux couleurs du tambour, et puis aussi des odeurs, de toutes sortes mais plutôt d'inspiration alimentaires et pas toujours ragoutantes, et en général associées à elles, le sexe omniprésent jusque sur les plages du débarquement; on a en plus le doute existentiel quant au père et à sa propre identité ... Ajoutons la guerre, qui fournit le décor couleur feldgrau.
J'y vois un peuple-gnome, hésitant entre sa tradition à laquelle il est attaché, mais pas tant que ça finalement, parce qu'elle a de beaux yeux bleus et des idées nouvelles qui n'emballent pas les enfants mais ont leur intérêt dans la mesure où elles assurent le gite et le couvert; ce peuple, qui ne sait plus qui il est, ne grandira plus, mais, alors qu'il pourrait être caisse de résonance de son passé préférera battre le rappel des troupes et amplifier le son des bottes et des discours. Ce même peuple, vitricide lors de la nuit de Cristal au cours de laquelle les synagogues furent incendiées, ainsi appelée parce que les vitres des magasins juifs furent brisées, échoue pourtant à faire exploser les vitraux catholiques dont ses tenants s'accommodent fort bien des nouveaux maîtres. Règlements de comptes en passant avec l'église catholique. Lâche, le gnome-peuple qui, presque par inadvertance, en arrive à tuer et se résout à enterrer ses deux sources nourricières et son tambour avec la dernière, préfère donc se taire désormais jusqu'au moment où il pourra l'ouvrir à nouveau et, à l'occasion, grâce aux oignons, pleurer pour faire bonne mesure sans manquer de prospérer en symbiose avec le jazz Marshall. le blanc et le rouge, si précieux à Oscar, étant ceux du drapeau de la Pologne mais aussi, par une bizarrerie du destin, de celui de l'Autriche (au moins depuis la fin de la guerre), on admet, après mure réflexion, que le fait que le Reich ait copulé avec celle-ci, qui s'y est prêtée si volontiers, et celle-là, qui a résisté comme elle pouvait, puisse avoir un certain rapport avec son fantasme sexuel stimulé par la blouse blanche et la croix rouge des infirmières. Mais j'en viens de plus à considérer qu'il faut décidément que l'auteur y mette du sien. Ne suis pas allé jusqu'à trouver évidente la correspondance entre la bosse d'Oscar et la vision cartographique plane de la RDA posée sur le dos de la naine RFA qui s'était résolue à grandir ….
Au fil des pages, élimination scrupuleuse de toute trace d'émotion d'Oscar, sauf, tout de même, pour sa maman, patrie qu'on emprisonne, "matrie" qui s'empoisonne.

Ayant promis de me limiter, je solde le reste .
"Le Tambour" est une BD olfactive qu'on lit avec les yeux, les oreilles, surtout le nez qu'il faut pourtant se pincer de temps à autre. Il offre des morceaux d'anthologie tels la chute de la poste polonaise, la pêche aux aiguilles ou le petit Jésus au tambour, mais ne laisse pas de susciter un vague malaise, nonobstant l'odeur de beurre légèrement rance de sous la grand-mère, que je tente de m'expliquer par la trop intime et , selon moi, omniprésente influence du psychisme de l'auteur, imprimée sur l'évocation d'événements auxquels, a contrario du ton adopté par Grass, les générations non allemandes d'après-guerre ont toujours voulu accorder un scrupuleux respect mémoriel . La distanciation du lecteur d'avec la forme est ici impérative, sous peine de très grande peine. Günter Grass, talentueux, iconoclaste, l'anti Heinrich Böll, en deçà des métaphores que chacun est in fine libre de décoder comme bon lui semble, dénie au premier degré à ces événements tragiques tout caractère abject et hors norme. A ce niveau, ni bien, ni mal, mais la survie et le quotidien, les patates, le jeu de cartes et le sexe. C'est au degré allégorique que se met en place, sophistiquée, contrariante et ambiguë, ce qui pourrait être une dénonciation mais qui n'est en fait qu'une constatation des réalités d'alors.
Au troisième degré se non-cache l'homme Grass. D'une certaine façon, par ses révélations ultérieures sur sa présence dans la Waffen-SS, il a instillé le doute aboutissant au constat que le caractère narcissique du "Tambour" peut-être primait.
Personne n'est parfait, pourrait dire Oscar.

J'ai aussi peut-être raté une marche….
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M.Grass est parti ce jour et je réalise que je n'avais déposé aucune critique sur son oeuvre ...
Cet opus j'y suis venu sur le tard , vers 20 ans .
Un livre comme celui - ci il n'y en à pas beaucoup .
Il y a ici une histoire tellement forte que l'on en sort pas indemne .
Le concept même est incroyable .
Cet être bizzare qui ne veut pas grandir , Grass fait partager sa folie au lecteur .
Une folie qui n'est pas douce , et qui au fond s'avère être le reflet de la folie du monde sous le nazisme .
On à beau reprocher à Grass d'avoir était membre de la terrible waffen SS , il n'en est pas moins vrai qu'il fait partie des rares auteurs à avoir produit une oeuvre qui projette le lecteur au coeur même de cette folie .
Ici on est pas sur TF1 et Pernaut ne raconte pas de jolies histoires du village , ici on est en plein dans l'horreur d'un monde devenu dément , ou un être à part , lui même particulièrement dément , nous fait découvrir ce qu'un pays peut devenir si le populisme , la démagogie , le nationalisme viennent à triompher .
Il y a ici une urgence dans les mots , un besoin impérieux de crier à la face du monde la réalité d'une vie , la réalité d'un pays dans un contexte extraordinaire. Ou la démence est maitresse.
Il est probable que Grass à fait ressortir dans ce personnage , dans cette oeuvre dantesque , ce qu'il à vécu lui même , pris au piège d'un totalitarisme barbare , qui avait pour chef un monstre à visage humain.
Grass à mis longtemps à reconnaitre qu'il avait était à l'époque dans la waffen SS , il est probable que cet opus malade , d'une violence psychologique rare , que ces pages imprégnées de la folie furieuse d'une époque , que tout cela soit au final sa confession .
Il y a peu de livres qui doivent absolument étres lus , celui ci en est , pour que l'on oublie jamais que le nazisme , la Shoah , que ces abominations ne sont pas des détails de l'histoire .,
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Die Blechtrommel
Traduction : Jean Amsler
Présentation : Jean-Pierre Lefebvre

Ceux qui sont en quête d'un tableau réaliste de l'Allemagne de l'Entre-deux-guerres, du IIIème Reich puis de l'immédiat Après-guerre seront certainement déçus et plus encore déroutés par la lecture de ce livre brillant, matois, chargé jusqu'à la gueule d'un humour étrange, tour à tour féroce et nostalgique, et par-dessus tout hanté par les fantasmes et un onirisme qui refuse éperdument de regarder la Vérité en face.

Car "Le Tambour" raconte, sous forme d'une fable qui flirte ouvertement avec l'absurde et le non-sense, le refus d'une certaine Allemagne de regarder la Vérité en face alors que cet acte, si elle l'avait accompli, l'aurait peut-être sauvée. Mais, tout comme Oscar, le héros du livre, c'est volontairement que l'Allemagne a choisi l'incapacité et une forme de passivité sous le grand vent de l'Histoire qui devait lui coûter pendant de longues années la moitié de son territoire d'avant-guerre.

Tel est, en tous cas (et à ce qu'il nous a semblé, bien sûr ), le propos de Günter Grass dans ce livre qui, en 1959, le "lança" définitivement sur la scène littéraire allemande mais aussi européenne et même mondiale.

Raconter "Le Tambour" est chose impossible. Qui oserait se substituer à Oscar, bébé d'une précocité telle qu'il décide, à trois ans, de ne plus grandir et, pour expliquer aux adultes ce défaut de croissance, imagine une chute débaroulante dans l'escalier menant à la réserve de boîtes de conserve de son père officiel, l'épicier Matzerath ? IIIème Reich ou pas, guerre ou pas, défaite ou pas, Oscar ne renonce jamais à son statut de narrateur quasi omniscient. C'est son histoire à lui que prétend raconter contre vents et marées cet égocentrique, si dégoûté par tout ce qu'il contemple à l'extérieur (sauf sa mère, peut-être) qu'il préfère le plus souvent ne communiquer avec autrui que par les roulements de son éternel tambour en fer-blanc décoré de rouge.

Que cette histoire mouvementée, qui évoque plus d'une fois un film mélangeant allègrement des vues expressionnistes à la Caligari à celles, outrées, provocantes, choquantes et géniales d'un Fellini, suive la voie empruntée en Allemagne par tous ceux qui fermèrent les yeux dans l'espoir qu'ils pourraient ainsi continuer à avancer dans la boue et le sang sans se salir le moindre brin d'âme et de mémoire, Oscar ne le reconnaîtra jamais. de temps à autre pourtant, il glisse une phrase ironique sur le bonheur qu'il éprouvait à aller fausser de ses notes tambourinantes les hymnes nationaux-socialistes, ou une allusion guindée, qui se refuse elle aussi à penser trop loin, au sort qui aurait été le sien si son père avait accepté, dans les jours apocalyptiques de la fin du conflit, de le confier aux autorités médicales nazies. Mais c'est tout.

Spectateur indifférent et passif en apparence, Oscar est en fait un survivant avisé qui, au prix d'une vie marginalisée, tronquée même à dessein, a traversé sans trop de soucis un demi-siècle qui fut pour son pays un véritable enfer de misère, de doutes et d'horreur. Doit-on l'admirer pour le génie avec lequel il a su se maintenir "au-dessus de la mêlée" ? Ou n'a-t-il droit qu'à notre mépris pour sa lâcheté et sa fuite constante, acharnée devant les responsabilités ? Qu'il termine ses jours dans une institution psychiatrique ne signifie rien en soi puisqu'il y a été placé non pas en raison des bizarreries passées et présentes de son surprenant parcours mais parce qu'il a commis un meurtre et conservé de la chose un macabre trophée. Jugé irresponsable pour le meurtre qu'il a bel et bien commis, Oscar l'est-il pour tous ceux sur lesquels, par la force des choses et par la seule volonté de se préserver de l'extérieur, il a fermé les yeux ?

Roman touffu mais jubilatoire, qui recèle, sous sa poésie, son ironie et l'absurdité de certaines situations imaginées par l'auteur, une réflexion authentique sur la lâcheté et sur le degré de déresponsabilisation volontaire qu'elle implique, "Le Tambour" est d'une lecture beaucoup moins facile qu'il n'y paraît. C'est cela qu'il faut garder à l'esprit quand on s'y enfonce pour la première fois et que, par conséquent, il réclame énormément de la part de son lecteur. ;o)
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Faire une critique de ce livre n'est pas chose aisée tant cette lecture aura été longue, mitigée au début puis de plus en plus prenante.

J'ai mis du temps au début à "entrer" dans ce roman à l'atmosphère très burlesque par certains aspects. L'histoire dans les grandes lignes : dans l'Allemagne des années 20 aux années 50, un enfant décide d'arrêter de grandir physiquement à l'âge de 3 ans et ne se sépare jamais de son tambour.

Il s'agit d'un sacré pavé de plus de 600 pages dont il est pratiquement impossible de sauter ne serait-ce qu'une ligne sous peine d'être perdu ! Les phrases sont très longues et alambiquées. Ce qui explique en partie le temps qu'il m'a fallu pour lire ce livre : j'ai souvent du revenir sur certaines phrases. Cette lecture nécessite une concentration assez forte (ce n'est pas un Marc Lévy ...).
Au début j'ai eu beaucoup de mal à accrocher, le style m'a un peu déroutée. de plus Oscar, le narrateur est un personnage complexe, qui par ses actes n'est pas particulièrement attachant. Son cynisme m'a néanmoins beaucoup plu !
Et... au fur et à mesure de ma lecture j'ai su apprécier le livre à sa juste valeur. C'est un livre très original qu'il faut replacer dans son contexte (écrit en 1958) et qui mêle les genres, ce qui peut dérouter je l'admet. Mais une fois qu'on est plongé dans cet univers on en revient pas facilement !

Ce roman mérite amplement ce statut de livre incontournable de la littérature allemande. Certaines scènes valent le détour : la chute de la Poste polonaise, la "performance musicale" d'Oscar lors d'un meeting du parti Nazi ...
Des passages frôlant le surréalisme m'ont malgré tout laissé dubitative, je crois que c'est les seuls moments du livres où je me suis un peu ennuyée.

C'est une lecture qui me faisait peur par son statut de livre "incontournable" et donc que je repoussais depuis pas mal de temps mais je suis contente d'avoir franchi le cap !

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Interné en psychiatrie, Oscar décide de raconter et d'écrire son histoire extraordinaire, celle d'un enfant à la "croissance délibérément interrompue à l'âge de trois ans", celle de son tambour "battant neuf et vernis rouge et blanc en dents de scie" offert pour son troisième anniversaire qui a la capacité "d'établir la distance entre les adultes et lui", celle de son "cri vitricide", celle du "gnome" toléré car considéré comme anormal, celle de sa vie.
Trois parties, trois pans de vie sur fond d'histoire dans une famille de boutiquiers allemands, avant guerre et montée du nazisme,deuxième guerre mondiale avec dictature et terreur,et après guerre.
Un roman, le chef-d'oeuvre de Günter Grass(écrivain,essayiste,romancier,poète allemand du XX° siècle qui reçut le prix Nobel de littérature en 1999) qui fit scandale en son temps mais aussi la célébrité mondiale de son auteur.
Pourquoi?
Oscar, bien que petit, est un sacré loustic.
Amateur impénitent des "jupes en cloche" de sa grand-mère Anna Bronski(sous lesquelles jadis fut conçue sa mère par Joseph Koljaiczek, un fugitif incendiaire vite rentré dans les rangs d'un métier plus honnête),voyeur des frasques de sa mère Agnes avec son cousin et amant Jan Bronski ( "son résumé père"), voleur qui pousse au vol, élève du désir exacerbé d'une nourrice surexcitée, d'une future belle-mère sainte nitouche et de moult maîtresses au potentiel hautement érotique,amoral, cet Oscar là ne pouvait que choquer les honnêtes gens.
De plus derrière la tranquille façade bourgeoise familiale se cachent pas mal de vices et le père d'Oscar,Matzerath, qui a installé face au piano le portrait d'Hitler suit la vague, alors que résonnent de partout "Heil Hitler!" et les "fanfares des jeunesses hitlériennes"et s'engage dans les S A. Ce volet là montre une Allemagne qui a cru en un homme fort et s'est trompée de voie.
Eminément fantaisiste et imaginatif, schizophrène entre le monologue d'Oscar au je et la mise à distance d'Oscar lui même, pervers, ce roman aborde les thèmes de l'amour,la mort,la vie,la différence, l'enfance,les rapports humains, l'espoir aussi car Oscar va grandir après l'abandon du tambour et se tourner vers l'art.
Emaillé de divers souvenirs personnels serait-il psychanalytique?
J'avoue, bien qu'enthousiaste au départ, vu l'originalité m'être lassée vers la fin d'un trop plein de tout.
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