Historiquement, Greenpeace est d'abord un nom que le comité Don't make a wave de Vancouver, au Canada, peint sur la voile du Phyllis Cormack, un vieux rafiot canadien de vingt-quatre mètres, armé pour la pêche aux flétans. A bord, douze militants pacifistes et écologistes, des hippies dans la pure tradition de l'époque, comptent rallier l'île d'Amchitka, au large de l'Alaska, pour empêcher le gouvernement de Richard Nixon de procéder à un essai nucléaire souterrain. Nous sommes en 1971.
Le 10 juillet 1985, dans le port d'Auckland, en Nouvelle-Zélande, l'équipage du Rainbow Warrior fête l'anniversaire de Steve Sawyer, chargé de la campagne Nucléaire de Greenpeace International. L'occasion de se détendre avant de partir à Moruroa pour protester contre les essais nucléaires français. A 23h48, une explosion secoue le navire. Tout le monde évacue. Fernando Pereira, le photographe, fait demi-tour: il tient à sauver son équipement et les clichés qu'il a pris les semaines précédentes. Il est dans sa cabine quand survient la seconde explosion, à 23h53. Il est retrouvé noyé, quelques heures plus tard.
Nous ne sauverons la Terre qui nous a vus naître que par nos résistances, nos mobilisations et nos combats, leurs inventions et leurs crédibilités. Dans la course vitale engagée face à l'irresponsabilité politique et l'avidité économique qui détruisent la nature et les espèces, il n'y aura d'autre sauveur que nous-mêmes.
Sauver la Terre, dont nous ne sommes que des résidents passagers, de la catastrophe où la démesure de notre espèce l'entraîne.
Nous sommes très différents les uns des autres. Notre ciment, ce sont nos valeurs et les moments forts que nous vivons ensemble. Il y a entre nous une solidarité et une fraternité que je n'ai connues nulle part ailleurs.