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3,5

sur 173 notes
« Il y avait chez l'abbesse Marie de grandes ambitions, une impatience, une rage souvent à peine contenue, mais jamais le moindre mal. » Dans le fantastique Matrix, l'Américaine Lauren Groff livre une biographie romancée de la poétesse et abbesse Marie de France, première femme à écrire en français, au XIIe siècle – le terme « biographie » est à prendre au sens large : les événements de sa vie sont difficiles à reconstituer et des hypothèses contradictoires circulent parmi les médiévistes. Peu importe, car ce qui intéresse l'autrice est moins la vérité que le portrait d'une visionnaire puissante à une époque où l'exercice de tout pouvoir féminin éveillait des soupçons de sorcellerie.

Bâtarde du roi, confiée après la mort de sa mère à Aliénor d'Aquitaine, Marie est contrainte de rentrer dans les ordres à cause d'un physique jugé disgracieux, qui la priverait de trouver un mari. Humiliée d'avoir été expulsée de la cour, désireuse de prouver sa valeur aux yeux d'Aliénor pour qui elle éprouve des sentiments, elle se dévouera à la foi, sans pour autant respecter les dogmes imposés par la papauté patriarcale. Ode à « la puissance invaincue des femmes » – l'approche du roman fait écho à l'essai de Mona Chollet –, Matrix raconte la construction d'un sanctuaire pour femmes, protégé de la folie du monde, où celles-ci pourront s'épanouir en affirmant leur amour pour Dieu et pour autrui – le texte réussit ce tour de force de ne jamais être mécréant, tout en développant un discours, pas si éloigné du Génie lesbien d'Alice Coffin.

Sur ces bases, le récit se développe sur deux axes. Il constitue tout d'abord un grand roman sur l'ambition, la croissance et le désir de vouloir toujours plus. La vie de Marie est régie par des principes capitalistes. Il s'agit toujours de posséder plus, de se protéger mieux et d'embellir le domaine, à l'image des travaux menés par Edouard et Charlotte dans Les Affinités électives de Goethe. Ensuite, par l'intermédiaire du religieux et de la violence médiévale, il prend parfois des allures d'épopée heroic fantasy, quand les nones créent un labyrinthe pour dissimuler l'abbaye, se préparent au combat, ou que Marie brandit sa crosse abbatiale, comme s'il s'agissait d'un glaive magique ; le tout agrémenté des visions de l'abbesse. Il en résulte un huis clos féminin intense, autant politique qu'historique, magnifié par la traduction parfaite de Carine Chichereau.
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Autour du personnage de Marie de France, poétesse du XIIe siècle, Lauren Groff nous propose une fiction historique. Son récit se révèle être une ode fabuleuse, un hommage à toutes les femmes médiévales, leur capacité de résilience, leur force incontestable et leur bel esprit de survie. Elle pose dans ce récit un regard terrible sur la morosité de la vie monastique.
Du couvent délabré où Marie est exilée par Aliénor d'Aquitaine (une autre femme forte) Marie va assumer son rôle de prieure avec beaucoup de passion, d'ambition et de grandeur. Elle va faire de son couvent une entreprise riche et florissante. Capable de protéger ses compagnes des forces prédatrices, majoritairement masculines, tant cléricales que laïques. Au Moyen Age les femmes vivaient dans un stade d'infériorité institutionnalisé, mais Marie à force de courage va se frayer un chemin vers la liberté.
Aventure étrange où se mêlent profane et sacré. Récit d'un monde incroyable plein de ténèbres, de dureté et de surprises inattendues.
Un beau portrait de femme belliqueuse, mystique, orgueilleuse. Une belle fiction à découvrir.
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Exclue de la cour d'Alienor d'Aquitaine, Marie ni belle ni laide mais dont le physique sort de l'ordinaire, est envoyée contre son gré

dans un couvent où elle devra faire ses preuves, avant de bientôt le diriger…
C'est un roman puissant, qui enferme le lecteur dans un espace clos.. La vie est faite de chair et de sang, d'émotions , de prières et de croyances …
on parcourt les couloirs de l'abbaye que l'on voit prospérer et s'agrandir. Des jalousies s'exercent. des complots sont fomentés, des autorités sont contestées… C'est l'histoire de Marie et de ses soeurs, d'une communauté où il faut se défendre trouver sa place. C'est le temps du douzième siècle avec ces espions et ces alliés.

C'est une écriture puissante qui vous porte jusqu'au terme du roman où tout s'apaise enfin.
Magnifique…….

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Demi-soeur bâtarde du roi d'Angleterre, trop grande, trop forte, inadaptée à la cour de Westminster, la jeune Marie est envoyée dans un couvent loin de la capitale et de la puissante Aliénor d'Aquitaine. En cette année 1158, elle découvre un lieu ravagé par les maladies et la malefaim. Or, bien loin de l'anéantir, cet endroit la révèle à elle-même : elle prend la direction de la sinistre abbaye, qui, sous son influence, se mue peu à peu en une institution prospère et autonome, accueillant entre ses murs une congrégation de religieuses, à l'abri du monde et des hommes.
Nous vous recommandons ce récit de l'autrice américaine Lauren Groff librement inspiré de la vie de Marie de France, connue d'abord en tant que première poétesse de langue française. Si ses écrits et visions sont évoqués à plusieurs reprises, le roman se concentre avant tout sur l'itinéraire d'une femme étonnamment moderne. Puissante figure religieuse et politique, elle bâtit avec ses soeurs une communauté féminine utopique, empreinte d'une poésie que reflète le style libre et imagé de Lauren Groff.
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C'est une auteure que j'apprécie beaucoup. Alors, ce nouveau titre et surtout celui-ci, c'était tentant et j'ai succombé.
J'aime beaucoup la série de films des soeurs Wachovski et ici, on retrouve le lien avec le lieu de la naissance : la matrice, l'utérus. Sauf que la matrice en question est une abbaye anglaise perdue dans tous les sens du terme et dans laquelle échoue Marie, jeune angevine, issue d'un viol et de la branche plantagenet. Carrée, solide comme un roc, Marie est expédiée dans cette abbaye par Aliénor d'Aquitaine, la puissante.
Cette étrange matrice plus morte que vivante, va sous l'impulsion et le caractère de Marie, devenir l'une des plus solides d'Angleterre. Un roman fascinant dont on se demande toujours si Marie a réellement existé et il semble que ce soit le cas. Je regrette de n'avoir pas le nom de l'abbaye anglaise mais elle a peut-être disparu du paysage, détruite pour diverses raisons (proximité de Londres). Un excellent roman.
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De Marie de France, la poétesse dont Lauren Groff fait son héroïne, on ne connait rien ou presque. On sait simplement qu'elle vécut au XIIème siècle, qu'elle fut la première femme de lettres à écrire en français et non plus en latin, et que ses Lais et Fables ont connu un grand succès. Pour le reste, rien, ou pas grand chose. de quoi inspirer Lauren Groff qui, reprenant une des hypothèses des historiens, en fait une fille naturelle de Geoffroy V d'Anjou, envoyée à la cour de son demi-frère Henri II et de son épouse Aliénor d'Aquitaine qui se débarrasse d'elle en la faisant prieure d'une abbaye renommée pour sa pauvreté et son fort taux de mortalité… Mais Marie va se révéler aussi habile gestionnaire qu'autrice, femme de tête et de caractère, et la rendra bien plus prospère qu'espéré.

Matrix se centre sur la vie de cette communauté de femmes, entre rivalités et sororité, religion et amour, visions et pulsions. C'est une plongée à la fois instructive dans le monde médiéval et réflexive quant à la condition féminine, bref, une réussite!
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Ce roman raconte la vie de Marie de France célèbre pour ses lais et ses fables...Sauf qu'on ne sait presque rien de cette poétesse «  J'ai pour nom Marie et je suis de France. » … Lauren Groff invente donc sa biographie en s'appuyant sur des sources historiques et on y croit un peu, beaucoup, tellement même que les pages sont vite tournées.
Marie , orpheline et demi soeur bâtarde du roi, se retrouve à la cour de la très belle et puissante Aliénor. Marie est une géante, maigre, sans charme ni tenue mais elle parle plusieurs langues et sait tenir un livre de compte.
Marie, 17 ans est nommée prieure d'une abbaye, elle se retrouve à la tête d'un domaine moribond où moniales et novices meurent de la malemort. Elle décide de mettre à l'abri ses soeurs de la faim, du froid et des hommes qu'ils soient civils ou d'église. Elle s'entoure de femmes artisanes et développe ainsi un domaine autonome qui peut assurer sa subsistance et pourvoir aux aumônes des mendiants. Quelques visions plus loin, elle s'attaquera à d'autres chantiers.
Ce sera le travail d'une vie, et c'est passionnant à lire. On se retrouve aux côtés des paysannes, servantes, oblates, moniales et autres novices qui prient et travaillent sans relâche que se soit au scriptorium ou à l'édification d'un labyrinthe.
Un livre diablement féministe, qui montre la ténacité, la rigueur et le courage de femmes de tout âge et de toute condition sociale. Elles doutent quelquefois de la sagesse des décisions de leur abbesse mais la suivent malgré tout dans un élan de sororité qui emporte également le lecteur.
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Dans ce roman étrange et captivant, Lauren Groff invente la biographie fictive de Marie de France, poétesse du XIIe siècle. Grâce à une écriture soignée, sans dialogue, l'auteure construit un monde entièrement féminin autour d'une héroïne forte, lesbienne avant l'heure. On peut cependant regretter le grand écart avec la « vraie » Marie de France et l'absence de poésie ou d'amour courtois dans ce roman.

De Marie de France, on ne sait à peu près rien, à part ce prénom et cette mention géographique elle-même un peu floue puisqu'elle peut désigner aussi bien le territoire du roi de France proprement dit (l'Ile de France actuelle) ou le Royaume dans son ensemble, c'est-à-dire toutes les terres contrôlées par les vassaux du roi. Les textes laissés par Marie sont écris en anglonormand (dialecte du vieux français parlé en Normandie et à la cour d'Angleterre) ou en picard. Les textes parlent principalement d'amours adultères, dans la pure logique de l'amour courtois de l'époque, avec la spécificité qu'ils donnent un rôle actif aux personnages féminins.

C'est sans doute ce proto-féminisme qui a intéressé Lauren Groff quand elle a décidé de s'emparer du personnage. Piochant dans les multiples hypothèses élaborées par les historiens sur la véritable identité de Marie, elle décide d'en faire la demi-soeur du roi anglais, envoyée par la reine Aliénor pourrir dans une abbaye délabrée. Sauf que… Marie aime Aliénor dans un amour à la fois absolu et à sens unique, et elle va vite montrer ses capacités de gestionnaires pour prendre la tête de cette abbaye et la transformer en un lieu prospère et protecteur pour les femmes qu'elle abrite.

Il ne suffisait pas à l'auteure de faire de Marie une femme puissante, elle la rend aussi mystique (Marie a des visions) et icone queer (l'abbaye devient une sorte de paradis lesbien médiéval). Tout cela est osé, et je dois dire assez intéressant parce que c'est amené progressivement, avec un raffinement dans l'écriture qui fait savourer les mots tout en accrochant à l'histoire.

Malheureusement, à force, ça se grippe un peu. Cette volonté de construire un roman où il n'y a aucun homme (on en parle d'eux que de façon indirecte, et ils sont toujours idiots, dangereux ou les deux à la fois) finit par être prévisible. Vers la moitié du roman, je m'étais dit :

Autre regret : que la poésie de Marie ne soit pas du tout exploitée. C'est même une grosse interrogation pour moi : de la vraie Marie, on ne sait rien sauf le fait qu'elle a été une romancière de talent. Et Lauren Groff choisit de faire une Marie dont l'activité d'auteure est complètement marginale par rapport à son statut d'abbesse de génie, amoureuse de femmes et mystique visionnaire. Ce n'est qu'un demi regret, car en vrai j'ai bien aimé le personnage inventé. Mais je me demande pourquoi avoir rattaché cette histoire à Marie de France si le thème de l'amour courtois n'intéressait pas Groff. Elle aurait pu inventer à 100% une abbesse puissante.

Je mets 4/5 pour le plaisir pris à la lecture, malgré ces quelques regrets et interrogations.
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Roman tout à fait singulier qui détaille la vie monacale du XIIe siècle avec une précision hallucinante, qui fait ressentir mille sensations, des vents froids, du gel et de la boue aux odeurs des feuilles en décomposition et des oignon sauvages, qui fait alterner les batailles épiques aux moments de solitude, et qui suggère une méditation sur le désir de conquêtes inutiles.
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Une plongée dans le XIIIème siècle à la cour d'Aliénor d'Aquitaine et de Henri II Plantagenêt où a vécu Marie appelée plus tard Marie de France, fille naturelle de Geoffroy V d'Anjou, demi-frère d'Henri II, selon l'hypothèse de l'autrice. Elle lui invente une vie à la cour d'Aliénor, qui la relègue à 17 ans dans une abbaye anglaise. C'est là qu'elle va devenir abbesse et développé sa communauté de religieuses tout en écrivant des lais, poèmes qui la font devenir la première femme écrivain reconnue. Elle y est décrite comme une véritable féministe et l'écriture de Lauren Groff, très documentée nous fait ressentir toute la rudesse de la vie monastique et aussi toute l'empathie de cette abbesse pour ses compagnes de vie retirée.
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