Là où l'on pense la préhistoire sale et sauvage, les auteurs apportent une grande tendresse à cette période mystérieuse au travers de l'histoire d'Ellé-celle-qui-trace. de sa naissance à sa mort, on y découvre sa vie d'artiste pariétale, son rôle de "traceuse", un rôle essentiel au sein de sa tribu pour inscrire la mémoire des siens, partager leur imaginaire et perpétuer traditions et croyances.
J'ai croisé ça et là des retours mitigés sur cette bande dessinée, mais pour ma part, je l'ai beaucoup aimée, tant dans son dessin que son texte, alors même que je suis loin d'être férue de paléolithique (quelques relents traumatiques du visionnage non-sollicité du fameux film "La Guerre du feu", bien trop réaliste et cru pour l'enfant de 7 ans que j'étais alors...).
Le texte flirte avec l'onirisme - l'ensemble du scénario, d'ailleurs, se pare d'un poétisme inattendu, de réflexions qui, bien que peut-être anachroniques, s'inscrivent pertinemment dans le récit, tentant de s'affranchir des clichés qu'on lui connaît. C'est vrai que cela peut paraître un peu fantasmagorique, invraisemblable, mais ça fait aussi sens dans ce contexte où rituels et coutumes sibyllines sont de mises...
Peindre avec les lions propose aussi de redonner à la femme la place qui lui revient dans cette période préhistorique, conjuguée depuis sa découverte au masculin.
Les magnifiques aquarelles font écho au sujet de l'art rupestre, avec des illustrations pleines pages qui font toujours leur petit effet et un traitement des paysages qui se révèle apaisant.
Une belle proposition que je recommande sincèrement !