J'avais adoré
le Club des incorrigibles optimistes à sa sortie en 2009, et j'ai trouvé le même bonheur à le relire quinze ans plus tard. Il réunit toutes les qualités d'un excellent roman : l'écriture est limpide, s'adapte à tous les registres, mais n'est jamais plate. L'adolescence de Michel Marini donne à l'auteur l'occasion d'évoquer avec précision et justesse la vie quotidienne et la mentalité au début des années soixante ; tout y est, l'éducation, les relations au sein de la famille avec les heurts dus à la différence des milieux sociaux d'origine, la vie scolaire, les séances de baby-foot avec les copains, les premiers flirts, mais ce n'est là qu'un aspect. L'intérêt est relevé par les références aux réalités politiques de l'époque : la guerre d'Algérie vécue à travers le rapatriement en catastrophe de Maurice (l'oncle de Michel) accompagné bien sûr de toute sa famille et surtout à travers Franck, le frère aîné de Michel. Ses réactions aussi imprévisibles qu'incontrôlables l'entraînent dans une aventure tragique qui a des conséquences sur tous les membres de la famille, en particulier sue la cohésion du couple de ses parents, et sur sa petite amie Cécile qui, déjà malmenée par la vie se retrouve dans une grande solitude et qui devient alors très complice avec Michel, l'initiant au monde adulte. Et puis, il y a bien sûr ce groupe de dissidents venus depuis l'autre côté du rideau de fer, ou exilés, ou déjà réfugiés avant sa construction. Ils ont quitté leurs pays d'origine, tous en danger de mort. Mais malgré leurs destins brisés,
Jean-Michel Guénassia, doté d'un humour très efficace, fait souvent rire son lecteur. Même si le roman est long, on ne s'ennuie jamais et on a du mal à interrompre sa lecture. Et jusqu'au bout on en tire un infini plaisir sans compter qu'il brille comme un hymne à la vie, à la tolérance et à la liberté.