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EAN : 9782882502711
352 pages
Noir sur blanc (01/03/2012)
3.38/5   4 notes
Résumé :
« Je vais te dire un secret. En Russie, les enfants sont devenus la principale matière première. Avant le pétrole et l’immobilier. »

Basé sur une histoire vraie, le roman de Nadia Guerman dévoile les dessous du plus cruel et du plus cynique business de Russie, celui de l’adoption internationale.
Étudiante à l’université de Moscou, la jeune Nina finance son doctorat avec des mandats d’interprétariat. Un jour, elle est engagée par un couple d’Esp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un roman - document traduit du Russe, basé sur une histoire vraie : au cours de la dernière décennie , soixante mille enfants russes ont été adoptés par des étrangers, espagnols, souvent , français et d'autres pays d'Europe .Les orphelins de Russie et de Chine sont les plus demandés en Europe et aux Etats- Unis.
L'auteur , traductrice littéraire , ayant elle- même travaillé pour des agences d'adoption internationales vit aujourd'hui à Moscou.
Elle dévoile les dessous peu reluisants, cruels , cupides : sales combines, pots devin , compromissions avec l'administration et les fonctionnaires , contrefaçon des signatures des espagnols, documents falsifiés, agissements d'intermédiaires peu scrupuleux rusés, avides d'argent , se rendant dans des orphelinats comme celui de Rogojine , petite ville proche de Moscou.........
Les Espagnols dans la compassion , et l'impétueux désir de devenir parents afin d'aider ces pauvres orphelins acceptent tout , aveuglément ........même de payer extrêmement cher ......
Au sein de ce document , Nina, étudiante à l'université de Moscou, finance son doctorat à propos de "Salvador-Dali" avec des mandats d'interprétariat .Elle vit dans un petit logement avec sa mère, scientifique , adepte de voyages lointains pour ses recherches .........
Un beau jour, elle est engagée par un couple d'espagnols qui doit se rendre dans la petite ville de Rogojine pour adopter un enfant , comme interprète.
Elle y rencontre l'ambitieuse Xenia et devient sa principale collaboratrice , elles vendent des enfants en dissimulant souvent leur état de santé déplorable ( alcoolisme foetal, dépression ,agitation extrême , souffrance , maigreur , bec de lièvre ) .........
Bien sûr l'argent coule à flots .....Nina se laisse séduire par cette vie facile .

Cependant , bientôt , la pauvreté des orphelinats qui ressemblaient à des hôpitaux militaires , ( nourriture brûlée, chlore, médicaments , linge sale , puanteur épaisse et tiède ) qui rappelaient plutôt des foyers russes pour personnes âgées et les mauvais traitements infligés aux enfants , la peur , la honte , la submergent, la tourmentent , prise qu'elle est dans cette sphère infernale .

Menacée par des individus dénués de scrupules , elle fera un nouveau choix de vie ....
Un roman - document éloquent pour comprendre la Russie d'aujourd'hui .......
" Je dois te dire un secret .En Russie, les enfants sont devenus la "principale" matière première. Avant le pétrole et l'immobilier ".

Un ouvrage lu avec curiosité choisi à la médiathèque à cause de la beauté de la première de couverture ( je n'avais pas lu la 4eme de couv ) , aux éditions Noir sur Blanc .
Pas un sujet facile !
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Russe, diplômée de l'Institut de Littérature de Moscou, vivant à Moscou, connue pour ses traductions d'auteurs espagnols et pour ses nouvelles, Nadya German écrit en 2009 « Проснутсья зимой » (en russe, « Se réveiller en hiver » ; traduit en français par « Les enfants de Rogojine »). En 2009, Nadya a presque quarante ans. Se jetant à l'eau, faisant son « mea culpa », se basant sur sa propre expérience d'intermédiaire et sur des faits réels, elle nous livre -sous la forme d'un roman simple, intime et triste- un documentaire sur les réseaux maffieux d'adoption internationale qui sévissaient alors en Russie : « je vais te dire un secret. En Russie, les enfants sont devenus la principale matière première. Avant le pétrole et l'immobilier ». En 10 ans, soixante mille enfants russes ont été adoptés par des étrangers, dans des conditions qui s'apparentaient parfois à de l'escroquerie pure et simple : extorsion de fonds, corruption de fonctionnaires, faux certificats médicaux, enlèvements et échanges d'enfants, chantage à la dénonciation … Dans ce livre, rien ne vous sera épargné : vous serez happés par la lecture et vous aurez toutes les peines du monde à vous arrêter.

L'histoire ? Nina, une doctorante en langues étrangères de l'Université de Moscou, enseigne à temps partiel et vit chichement avec Zoïa, sa mère, une chercheuse en biologie et spécialiste du Grand Nord. Un jour, Nina se voit offrir un travail temporaire de traductrice, dans une petite ville située à 300 km de Moscou : cette ville s'appelle Rogojine (d'où le titre français de l'ouvrage). En fait de traduction, Nina va servir d'intermédiaire entre des fonctionnaires -chargés d'instruire des demandes d'adoption internationale- et des couples venus spécialement d'Espagne pour adopter des enfants abandonnés : en Russie, les orphelinats regorgent d'enfants abandonnés. Au départ, c'est avec plaisir que Nina exécute sa mission : Nina, qui est une jeune idéaliste travaillant à sa thèse sur Dali -sous la houlette d'Eva Vostokova, éminente universitaire- a le sentiment du travail bien fait et la satisfaction du service rendu : les orphelins trouvent pères et mères. Mais, peu à peu, Nina découvre la face cachée de l'adoption : Xénia -qui pilote Nina au quotidien - offre de plus en plus d'argent à Nina en échange de son travail mais surtout de sa discrétion. Au bout de dix-huit mois, Nina se trouve à la tête de quatre-vingt mille euros : elle va alors réaliser qu'elle peut s'offrir un peu d'aisance, du confort, voire un peu de luxe : restaurants, vêtements de marques, voiture. Elle quitte donc son poste d'enseignant et se consacre à plein temps à sa nouvelle passion : Xénia lui confie de plus en plus de responsabilités, court-circuitant Kirill, gros bonnet maffieux de l'adoption internationale en Russie, et magouillant à qui mieux-mieux. D'orphelinats en parents adoptifs, Nina découvre progressivement une corruption glauque et malsaine : elle prend peur, car dans ce commerce où l'arnaque n'a pas de prix et où le pouvoir et des sommes colossales sont en jeu, c'est à celui qui mangera l'autre, sans scrupules …

Rien de marquant ou d'édifiant là-dedans, rien à quoi se raccrocher, un assemblage de fragments de vie, aléatoires et peu intéressants ? Faux ! Avec « Les enfants de Rogojine », vous pénétrez, certes, de plain-pied dans le sordide (sous l'emprise de l'alcool, des fillettes violées par leurs pères, leurs beaux-pères et les invités ; l'alcoolisme foetal et le retard mental de nombre d'enfants) mais au fil des 331 pages de l'ouvrage vous tombez sous le charme de la poésie (le duvet de peuplier qui couvre le sol, cf. ma citation), de la tendresse (Nina a une folle envie d'adopter Rita), de la beauté de la nature (« en avril, ils roulèrent dans le ciel ; en haut, en bas, tout était bleu, brillant ») et du pittoresque (isbas de bois, saucisson de fressure, vodka de betterave, iorch, cerisiers en fleur …). Les rappels historiques (les massacres de Tambov) sont assez peu présents. En conclusion, un livre émouvant, sans pleurnicherie inutile, pour comprendre les dessous d'une réalité qu'on espère révolue.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
page 329 [...] Pendant un instant, Nina eut le vertige. Elle ne comprenait plus où elle se trouvait et où elle allait. Elle s'arrêta, regarda autour d'elle d'un air égaré.
- Je vous raccompagne ? lui proposa Pavel, qui était également sorti du café.
- Non merci, dit Nina, je vais rentrer seule. A pied. J'ai envie de me promener.
- Oui, il fait un temps magnifique. La station de métro la plus proche est Tchistye Prudy. C'est de ce côté, dit Pavel en indiquant la gauche.
- Regardez, le duvet de peuplier, s'exclama Nina en raclant l'asphalte de ses pieds. Il vient tôt cette année.
Elle souleva sous ses pieds un nuage blanc translucide.
- C'est beau. Comme si nous étions de nouveau en hiver.
- L'hiver ne quitte jamais vraiment ce pays, fit Pavel en écho.
- On s'endort en été, pour se réveiller en hiver, sourit Nina. [...]
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"Nous ne croyons en rien, sauf en l'hiver. "

Mikhaïl Chichkine,
Le cheveu de Vénus.
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Mais qu'est ce qui distingue la cruauté de l'indifférence ? Le résultat est le même.
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