La grande nouveauté de l'après-guerre est la féminisation de plus en plus importante de l'administration des bureaux de bienfaisance. On aurait pu croire qu'elle se ferait au bénéfice des dames d'œuvres que l'on a présentées jadis pour le XIXe siècle. En fait une évolution peut être remarquée : de plus en plus, les nouvelles femmes administrateurs sont des infirmières visiteuses, donc des professionnelles de l'assistance.
Par « plus pauvres », j'entends des personnes démunies de tout et sans espoir de l'obtenir. J'en ai donné ailleurs la définition suivante : « Le quart monde dans les pays riches rassemble des populations dominées qui manquent du minimum vital et du minimum en général compte tenu des usages, qui ont des comportements marginaux et se trouvent exclues par l'absence de travail, par la difficulté de communiquer, par le sentiment de perte de dignité, et celui d'humiliation, par leurs comportements mêmes.
Longtemps la pauvreté est apparue comme un échec individuel dans un contexte de rareté. Il fallut l'apparition du paupérisme au cours du XIXe siècle pour imaginer que la pauvreté pouvait être sécrétée par la société. On crut, au cours du XXe siècle, que le développement économique et social et, au-delà, la société d'abondance allaient permettre d'éradiquer la grande pauvreté.
Ce n'est pas le manque de moyens qui rend quelqu'un pauvre. Sociologiquement parlant, la personne pauvre est l'individu qui reçoit assistance à cause de ce manque de moyens.
On sait que les pauvres ne constituent pas et n'ont jamais constitué une catégorie homogène, ce qui explique les difficultés de conduire une telle étude. Le vocable « pauvre » est souvent employé avec des acceptions différentes.