Pas de vertu sans plaisir

Saint Thomas propose un chemin équilibré, au caractère résolument théologique. La loi est intérieure, elle est avant tout la grâce de l'Esprit Saint. L'interprétation fondamentale de la loi est ici impossible: si la loi, c'est la grâce, il est difficile de suivre à la lettre une telle loi! Saint Thomas nous permet d'éviter un autre écueil de la vie spirituelle, notre inquiétude à l'égard de la volonté de Dieu. La question "Qu'Est-ce que Dieu veut que je fasse?" devient facilement en effet: "Qu'Est-ce que Dieu a décidé pour moi?" Selon le traité de la loi nouvelle, l'action du Saint-Esprit dans le cœur de l'homme n'est pas un ordre murmuré à l'oreille de l'esclave qui n'a qu'à obéir. La grâce rend capable de faire le bien, mais elle ne se substitue pas à la responsabilité morale de l'individu. De plus, la loi morale envisagée de cette façon, laisse le champ libre à l'imagination, à l'adaptation de chacun aux situations qu'il a à vivre.

Cet immense débat qu'est la Somme, cet immense dialogue avec d'autres pensées, et avec les diverses expressions théologiques connues à l'époque, a pu être traité comme une sorte de forteresse de la vérité, qui fait juger comme indigent tout autre forme de pensée. C'était là faire une théologie bien peu fidèle à la méthode de saint Thomas. C'était là un aveuglement sur l'admirable manque placé par l'auteur dans son oeuvre. Le propos ne saurait être clos car il est inachevé. A chaque lecteur de poursuivre l'effort de compréhension et d'élaboration qui est à la portée de l'intelligence humaine, alors même que notre pensée se tourne vers le mystère fondamental, celui de la vie de Dieu et de la vie de l'homme en communion avec lui.

La référence à un ressenti plus ou moins irrationnel semble aujourd'hui le lieu majeur de l'authenticité. Il est en fait le lieu de la domination et de la violence dans les relations humaines. Il ne peut constituer un fondement solide pour un engagement à plusieurs dans l'action.

Seigneur mon Dieu, rends-moi obéissant sans esprit de contradiction, pauvre sans abjection, chaste sans obsession, patient sans murmure, humble sans hypocrisie, gai sans dissipation, mûr sans lourdeur, actif sans légèreté.

Tous les pays mangent, mais peu ont une cuisine. Cuisiner, n'est pas, comme on dit "faire à manger"; c'est introduire l'intelligence jusque dans les sensations gustatives.