Des millénaires ont formaté l'imaginaire de l'Homo Sapiens, divisant l'humanité exclusivement selon le critère du sexe biologique. Encore maintenant, on considère très souvent que les garçons (puis les hommes adultes) doivent se comporter selon l'archétype masculin standard et, symétriquement, que toute femme devrait se conformer au modèle traditionnel de la femme. En fait, ce schéma simpliste est en train de craquer. Pour ne prendre qu'un exemple banal, les femmes modernes ont pris l'habitude de porter des pantalons (en Occident, du moins); or, dans le même temps, les hommes restent dans leur majorité réfractaires au look féminin. Les comportements liés au sexe sont donc assez complexes et variables. On en arrive ainsi à une notion relativement nouvelle et subtile: le genre. Finalement, c'est quoi ? c'est en quelque sorte le « sexe social », qui se décline en certaines pratiques et comportements qui ne dépendent pas étroitement du sexe biologique. Toute personne honnête avec elle-même et avec les autres sait bien que chaque individu contient, en proportions variables, du yang et du yin (pour reprendre les appellations chinoises). Peut-on être plus précis ? A priori non: les deux auteurs notent, à juste titre, qu'il est « préférable de faire du genre un signe énigmatique et secret » (p. 45).
En opposition aux conformistes, une minorité ose affirmer la différence entre leur sexe biologique et leur sexe social. Ils peuvent transgresser les interdits dictés par des prescriptions ancestrales, qui séparent nettement hommes et femmes. Homosexuel ou travesti (les deux n'étant évidemment pas exclusifs), celui qui franchit la frontière entre les sexes éprouve ainsi une sorte de jouissance.
Ce livre très bref s'achève sur un dernier chapitre qui oppose le pouvoir (d'essence masculine) et la puissance (d'essence féminine): au-delà de la subtilité sémantique, il y a là un vrai débat.
Commenter  J’apprécie         60
A la recherche d'une réflexion originale et pertinente sur la notion de genre, je n'ai pas trouvé dans cet essai de quoi me repaître d'un sujet qui m'interroge de plus en plus. En effet, le genre pris dans ses multiples acceptions a quelque chose de confus. S'agit-il d'un concept ? Si c'est le cas, il ne semble guère être utilisé comme tel dans ce livre. Il ne permet donc pas à nos auteurs d'apporter des éclaircissements sur une notion aussi floue comme ils l' écrivent eux-mêmes dans le premier chapitre « La confusion des genres ». Mais alors qu'est-ce que le genre ? Les deux auteurs l'abordent à partir de trois acceptions: tout d'abord, il vient supplanter le mot « sexe », une sorte de synonyme; ils parlent d'euphémisme du sexe qui se réduit à la féminisation de la langue. Ensuite, il renvoie à l'appartenance de la catégorie LGBT; une tendance à exprimer l'orientation sexuelle dès lors où elles s'écartent de la norme dominante. Enfin, le genre est compris comme le « sexe social » autrement dit l'appartenance sociale d'un individu (comportements, pratiques, agissements, manière de vivre et d'être, …) au sexe opposé. Ce point fait l'objet du deuxième chapitre « Le travesti interdit ».
Quant au dernier chapitre « Pouvoir et puissance », il nous projette "in médias res" dans les conclusions philosophiques des auteurs qui tentent de démêler le genre englué dans les rapports de domination entre les femmes et les hommes, tout cela sans véritablement emporter mon adhésion car trop de raccourcis à mon sens.
Finalement cette réflexion ne nous a pas menés bien loin. Les auteurs ne répondent pas aux interrogations préliminaires et essentielles sur un sujet aussi malléable : le genre est-il un concept ? Une théorie ? Un paradigme ? Une science ? Ou bien une pratique sociale ou politique ? Une idéologie ? Ou encore l'expression visible d'une transformation sexuelle et identitaire ?
Commenter  J’apprécie         30
Plus large que celui du deuxième sexe cher à Simone de Beauvoir, le propos est ici d'aborder la multiplicité des genres, et non de s'en tenir à la traditionnelle opposition masculin-féminin, que ce soit dans les champs érotique, social, économique, politique...
Lire la critique sur le site : LesEchos
Comment effacer dans la féminisation des rôles sociaux le cortège de discriminations, d'inégalités et de violences qui l'accompagne ?
Le sexe reste visible de façon permanente dans l'espace social mais ce qui est encore plus lourd de conséquence, c'est l'intensité, la violence de opposition entre les catégories sexuelles, oppositions que certaines féministes dénoncent ironiquement par le terme de "différencedessexes" (en un seul mot)