Plus une "auto-hagiographie" qu'une "auto-biographie", l'intérêt majeur de cet ouvrage se trouve, bien évidemment, dans les voyages exotiques que nous propose, en toute "modestie" (...), l'auteur - un des supposés "grands mystiques" du siècle passé -, qui, même si il ne respecte probablement pas la vérité historique (pour dire le peu !), aura au moins l'amabilité de nous faire "goûter" à l'atmosphère du désert du Gobi ou du Kafiristan (aussi appelé Nouristan), ou encore nous initier dans l'intimité de la "confrérie des Sarmoung", dont les traces, pourtant, restent virtuelles, jusqu'aujourd'hui... ce qui ne serait pas un hasard.
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Le style est prétentieux, les histoires improbables
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Un ouvrage intéressant sur le voyage et la sagesse spirituelle.
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J'étais plongé dans mon travail lorsque soudain retentit un cri effroyable. Je sautai sur mes pieds, convaincu qu'un accident était arrivé à l'un des enfants.
Je courus, et vis le tableau suivant :
Au milieu d'un cercle tracé sur le sol, un gamin sanglotait en faisant d'étranges mouvements, tandis que les autres, qui se tenaient à quelque distance, riaient et se moquaient de lui.
Je n'y comprenais rien. Je demandai ce qui se passait. On me dit que l'enfant appartenait à la secte des Yézides, que l'on avait tracé un cercle autour de lui, et qu'il ne pourrait pas en sortir tant qu'on ne l'aurait pas effacé.
L'enfant tentait vraiment de toutes ses forces de sortir du cercle enchanté, mais il avait beau se débattre, il ne pouvait y parvenir.
Courant à lui, j'effaçai vivement une partie du cercle. Aussitôt le gamin bondit et s'enfuit à toutes jambes.
J'étais si abasourdi que je restai figé sur place dans la même pose, comme ensorcelé, jusqu'à ce que ma capacité normale de penser fût enfin revenue.
J'avais déjà entendu parler des Yézides, mais ma pensée ne s'y était jamais arrêtée. L'événement qui venait de se dérouler sous mes yeux, et qui m'avait tant étonné, me forçait maintenant à y réfléchir sérieusement.
Je regardai autour de moi et vis que les gamins étaient retournés à leurs jeux. Je regagnai ma place, plein de mes pensées, et me remis au dessin des initiales. Le travail n'allait plus du tout, et pourtant il fallait le terminer coûte que coûte.
Les Yézides constituent une secte qui vit en Transcaucasie, principalement dans les environs de l'Ararat. On les appelle parfois Adorateurs du Diable.
De nombreuses années après l'incident dont j'avais été le témoin, je pus vérifier cette sorte de phénomène et constater qu'effectivement, si l'on trace un cercle autour d'un Yézide, il ne peut en sortir par sa propre volonté.
A l'intérieur, il peut se mouvoir librement. Plus le cercle est grand, plus grande est la surface où il lui est possible de se déplacer, mais quant à franchir la ligne, il n'en est pas capable : une étrange force, hors de proportion avec sa force normale, le retient prisonnier.
Moi-même, qui suis fort, je ne pouvais pas faire sortir du cercle une faible femme; il me fallait encore l'aide d'un autre homme aussi vigoureux que moi.
Si l'on oblige un Yézide à franchir cette ligne, il tombe aussitôt dans l'état que l'on nomme catalepsie, qui cesse à l'instant même où on le ramène à l'intérieur du cercle.
Une fois tombé en catalepsie, un Yézide que l'on a tiré hors du cercle ne revient à l'état normal qu'au bout de treize ou de vingt et une heures.
Il n'existe aucun autre moyen de le ramener à l'état normal; en tout cas, ni moi ni mes camarades ne le pouvions, et pourtant nous possédions alors à fond toutes les méthodes connues de la science hypnotique contemporaine pour faire sortir un homme de l'état de catalepsie. Seuls leurs prêtres pouvaient le faire, au moyen de brèves incantations. (pp. 93-94)
Vivant depuis quinze ans déjà en Occident sans interruption, en relation constante avec des gens de toutes nationalités, j'en suis venu à la conclusion qu'ici on ne sait pas et on ne s'imagine même pas ce que c'est que l'Asie.
La plupart des gens, en Europe et en Amérique, se représentent l'Asie comme un continent de grandeur indéterminée, aux confins de l'Europe, habité par des peuplades vivant à l'état sauvage, ou dans le meilleur des cas demi-sauvage, qui ont échoué là par hasard.
L'idée qu'ils se font de son étendue est des plus vagues. Ils compareraient facilement ces territoires aux pays européens, et ne soupçonnent même pas que le continent d'Asie est si vaste qu'il pourrait contenir plusieurs Europes, et qu'il abrite d'importantes communautés dont non seulement les Européens mais les Asiatiques eux-mêmes n'ont jamais entendu parler.
En outre, ces « peuplades sauvages » ont atteint depuis longtemps déjà, en matière de médecine, d'astrologie et de sciences naturelles, sans sophistications ni explications hypothétiques, un degré de perfectionnement auquel la civilisation européenne ne parviendra peut-être que dans plusieurs centaines d'années. (p. 239)
Ces danses remplissent une fonction analogue à celle de nos livres. Comme nous le faisons aujourd'hui sur le papier, des hommes ont jadis noté dans ces poses des informations relatives à des événements passés depuis longtemps, afin de les transmettre de siècle en siècle aux hommes des générations futures ; et ils nommèrent ces danses des danses sacrées.
Celles qui deviennent prêtresses sont pour la plupart des jeunes filles consacrées dès le plus jeune âge, selon le vœu de leurs parents ou pour d'autres raisons, au service de Dieu ou d'un saint.
Ces futures prêtresses entrent au temple dès l'enfance pour y recevoir toute l'instruction et la préparation nécessaires, notamment en ce qui concerne les danses sacrées.
Peu après avoir vu pour la première fois cette classe, j'eus l'occasion de voir danser les véritables prêtresses, et je fus étonné non pas par le sens de ces danses, que je ne comprenais pas encore, mais par l'exactitude extérieure et la précision avec lesquelles elles étaient exécutées.
Ni en Europe ni en aucun des lieux où j'avais observé avec un intérêt conscient cette manifestation humaine automatisée, jamais je n'avais rien rencontré de comparable à cette pureté d'exécution. (pp. 199-200)
A mon tour, je lui racontai comment j'avais passé ces deux années, comment, peu après notre séparation, mon intérêt pour l'Islam s'était éveillé, et comment j'avais réussi, au prix de grandes difficultés, usant de toutes sortes de ruses, à m'introduire à La Mecque et à Médine, inaccessibles aux chrétiens, avec l'espoir d'accéder à ce qu'il y a de plus secret dans cette religion, et peut-être d'élucider certaines questions que je considérais comme essentielles.
Mais mes efforts avaient été vains : je n'y avais rien trouvé.
Je m'étais seulement rendu compte que, s'il y avait quelque chose à découvrir au cœur de cette religion, ce n'était pas là qu'il fallait le chercher, comme on le croit et l'affirme en général, mais à Boukhara, où avaient été concentrés dès le début tous les éléments de la doctrine secrète de cette religion ; Boukhara était donc bien le centre et la source même de l'Islam. (p. 270)
Comment te dire ? répondit-il. L’âme que les gens attribuent à l’homme et dont ils prétendent qu’elle poursuit après la mort une existence indépendante, et transmigre - je n’y crois pas. Et pourtant, quelque chose se constitue en l’homme au cours de sa vie, je n’ai aucun doute à ce sujet.
Je me l’explique ainsi : l’homme naît avec une propriété grâce à laquelle certaines expériences élaborent en lui, au cours de sa vie, une substance définie, et à partir de cette substance se forme peu à peu ce quelque chose qui est susceptible d’acquérir une vie presque indépendante du corps physique.
Après la mort, ce quelque chose ne se décompose pas en même temps que le corps physique, mais plus tard, une fois qu’il s’est séparé de ce corps.
Bien que ce quelque chose soit formé des mêmes éléments que le corps physique, il est d’une matière beaucoup plus subtile et possède, semble-t-il, une sensibilité beaucoup plus grande à l’égard de toutes espèces de perceptions.
Gurdjieff - Difference between Awareness and Consciousness