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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Petit topo d'histoire-géo pour comprendre Abdulrazak Gurnah et son roman Adieu Zanzibar. Situé à une quarantaine de kilomètres de la côte d'Afrique de l'Est, l'archipel de Zanzibar a été soumis au cours des siècles à de multiples colonisations. Sa population est un melting-pot métissé de peuples originaires des quatre coins de l'Afrique, du Moyen-Orient, de l'Inde et de l'Europe. Zanzibar a été un sultanat indépendant jusqu'en 1890, puis un protectorat britannique jusqu'à une nouvelle indépendance en 1963. Une indépendance éphémère : après un coup d'État communiste en 1964, Zanzibar est intégré au Tanganyika, au sud du Kenya. le nouvel Etat a pris le nom de Tanzanie.

Né à Zanzibar, Abdulrazak Gurnah a quitté son île en 1968, à l'âge de vingt ans, pour suivre des études littéraires à Londres. Il est resté par la suite en Angleterre, où il a mené une carrière d'universitaire et d'enseignant. Auteur de plusieurs romans écrits en anglais, il était peu connu en 2021, lorsque le prix Nobel de littérature lui a été attribué. Adieu Zanzibar est la traduction récente en français d'un roman publié en anglais en 2005 sous le titre Desertion.

Le roman est divisé en trois parties. La première prend place en 1899, dans une petite ville côtière du Kenya. Tout semble délabré, à l'abandon. Un voyageur britannique blessé est recueilli par une famille locale modeste, dévouée, soumise, un peu obséquieuse. Faisant à l'inverse preuve de morgue et de suffisance, l'administrateur du protectorat prendra en charge son compatriote, désireux de lui offrir un confort digne d'un Européen. Mais les distances de classe et d'origine n'empêchent pas les romances…

La deuxième partie se déroule à Zanzibar tout au long des années cinquante. L'île est resplendissante. Dans une famille locale, le père et la mère sont tous deux enseignants à l'école du protectorat. Pratiquant un islam fervent, ils se montrent aussi très soucieux de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. Ils élèvent avec ambition leur fille Farida et leurs deux fils, Amin et Rashid. Une petite bourgeoisie autochtone, cultivée mais rigoriste, résolue à n'entretenir aucune relation sociale avec la grande bourgeoisie coloniale, qui vit luxueusement.

La dernière partie est consacrée à Rashid, parti en Angleterre au début des années soixante pour des études de haut niveau. On comprend que Rashid est le double de l'auteur. Admis dans une université londonienne, il est confronté à la condescendance de ses condisciples à la peau blanche. Après l'obtention de son diplôme, il s'installera comme enseignant dans une petite ville du sud de l'Angleterre. L'accomplissement d'un enfant des colonies ?

Par le biais d'une correspondance tardive et affective avec son frère Amin, Rashid prendra connaissance des événements douloureux qui ont suivi l'indépendance de Zanzibar. Coup d'État, saccages, arrestations. Tensions et tueries raciales, exacerbées par les infiltrations et les manipulations exportées par l'ancien empire soviétique.

Amin révèlera aussi à Rashid son grand amour de jeunesse pour Jamila, une femme divorcée plus âgée que lui. Une relation clandestine torride dont tu auras lu les détails, lectrice, lecteur, dans la deuxième partie du roman. Un amour jugé inconvenant par les parents, en raison d'une liaison évoquée dans la première partie du livre et ayant fait scandale soixante ans plus tôt.

Un livre dont on ne perçoit le sens nostalgique que lorsqu'on arrive à la fin. Les deux premières parties se lisent agréablement, les personnages sont décrits dans toute leur sensibilité, mais j'ai eu du mal à comprendre où l'auteur m'emmenait. Abdulrazak Gurnah grave joliment et poétiquement les souvenirs d'une enfance heureuse, de promenades rêveuses autour de plantes luxuriantes et de vestiges d'anciennes civilisations.

Mais « il étouffait ici, disait-il : l'obséquiosité des rapports sociaux, la religiosité qui relevait d'un autre siècle, les mensonges sur l'histoire ». Il s'en veut toutefois d'être parti loin de ceux qu'il chérissait, de les avoir abandonnés. Une manière de désertion qui le hante.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La construction de ce roman est habile même si elle ne m'a pas plu : 3 parties, trois époques : d'abord 1900 à Zanzibar : c'est l'histoire d'une jeune femme dont le mari s'est enfui et qui finira par rencontrer un européen qui arrive un beau matin gravement blessé.
L'histoire est passionnante dans ce pays colonisé par les européens et qui est encore sans volonté d'indépendance
La deuxième partie se passe 50 ans plus tard : on suit trois frères et soeur dans leur adolescence jusqu'au départ pour le Royaume-uni du plus jeune pour ses études. On ne comprend qu'à la fin de cette partie le lien avec la première.
La dernière partie se passe également trois décennies plus tard : son thème en est l'exil : celui du plus jeune frère qui n'a jamais pu rentrer dans son pays natal devenu la Tanzanie.
L'écriture est intéressante, je relirai cet auteur. Ce livre ne m'a pas enthousiasmée ; j'ai du mal en général avec les romans qui parcourent 100 ans en faisant trois parties très éloignées dans le temps : une fois arrivée à la fin de la première partie j'ai été frustrée de passer à la deuxième en restant sur une impression désagréable qu'il y avait encore tant à apprendre sur ce zanzibar avant de lui dire adieu.
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Adieu Zanzibar nous plonge dans l'histoire de cette île lointaine qui évoque tour à tour le commerce des esclaves et des vacances sous les tropiques après les safaris de Tanzanie...Deux clichés que l'on retrouvera bien peu dans ce roman, qui revisite le 20e siècle sous le prisme d'une histoire familiale. Cette dernière débute sous la colonisation britannique, où un jeune colon orientaliste vient troubler la tranquillité d'un quartier, puis se poursuit plusieurs dizaines d'années plus tard, suivant l'enfance et l'adolescence d'une fratrie de deux frères et d'une soeur.

Si Abdulrazak Gurnah met en scène les influences arabes et la proximité étroite avec le Kenya voisin, dont Mombasa semble attirer bien plus que Dar es Salam, et plus lointaine avec l'Inde due au protectorat britannique, j'ai trouvé dommage que l'auteur s'attarde plus sur les pérégrinations sentimentales de ses personnages que sur le contexte historique et géopolitique des époques qu'il décrit. le récit de l'indépendance de Zanzibar s'efface devant les amours passionnés d'Amin et de Jamila et le blues de Rashid, et je me suis perdue plus d'une fois dans les longues descriptions du début de chacune des trois parties.

Un bouquin intéressant par ce qu'il révèle de la vie quotidienne romancée de ses personnages, mais auquel il m'a semblé manquer quelque chose pour me passionner vraiment. Dommage!
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"Adieu Zanzibar", en Anglais "Desertion" a été écrit en 2005 par Abdulrazak Gurnah, Nobel 2021. Ce n'est pas mon préféré de Gurnah.

Dans Adieu Zanzibar, on découvre le destin de plusieurs personnages. J'ai bien aimé les histoires mais pas le découpage du livre. de plus, l'auteur a ajouté beaucoup de réflexions qui alourdissent la narration, comme s'il n'arrivait pas à choisir entre l'essai et le roman.

La partie I raconte la rencontre entre un Britannique, Pearce, et une femme du pays Rehana. Les chapitres suivants nous font découvrir la famille du narrateur, Rachid, dont le grand frère Amin tombera amoureux de Jamila, petite fille de Rehana, mais leur amour est impossible. Rachid quant à lui bénéficiera d'une bourse d'étude pour Londres. On y découvre sa difficulté à s'adapter, thème repris dans les autres romans de Gurnah.

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Du pour et du contre ! Prix Nobel ou pas, je remets toujours les compteurs à zéro avant de lire et donner mon avis personnel.

J'ai apprécié le dépaysement total en étant plongé dans une Tanzanie que je ne connaissais pas du tout, à la fois socialement oppressante mais très pittoresque. J'ai admiré le talent de l'auteur pour exprimer finement et délicatement tous les sentiments, qu'ils soient familiaux ou amoureux, aussi le récit de l'arrivée de Rashid à Londres et ses difficultés pour y faire sa vie dans un contexte si différent de son pays natal.

Mais on commence par ronger son frein un bon moment, quand l'introduction, bonne au demeurant, ne débouche sur quasiment rien pendant presque cent pages, on piétine ! La deuxième partie, presque une histoire indépendante, est heureusement un peu plus dynamique. Et la troisième partie est assez intéressante malgré les doublons dans les récits de chacun des deux narrateurs. C'est complémentaire, oui mais avec beaucoup de redites.

Quant à la traduction française de Sylvette Gleize, il y a beaucoup à en dire : souvent élégante, avec un vocabulaire riche, avec une volonté évidente de plaire, mais qui tombe régulièrement dans l'excès de préciosité : inverser l'ordre sujet-verbe-complément peut quelquefois avoir un effet poétique mais bien plus souvent très lourd et maladroit, en voici un exemple parmi d'autres, page 290 :
“Malgré mes efforts, ne me revient aucun des mots qu'ils ont prononcés.”
Eh bien, moi, je trouve ça tarte et prétentieux. Maladroit aussi le fait d'utiliser le verbe “s'attendre” comme s'il était transitif, sûrement une traduction mot à mot de “to expect that”. Non en français, on ne s'attend pas “que” mais “à ce que” !

J'ai noté aussi une virgule malencontreuse, disons ”mal, placée”... Un manque de relecture chez l'éditeur, surtout pour un Prix Nobel, dommage.
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