AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 132 notes
5
15 avis
4
16 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alors que tôt ce matin de 1899, le boutiquier Hassanali se rend à la mosquée de sa petite ville d'Afrique orientale pour faire l'appel de la première prière du matin, il découvre avec stupéfaction, tel un mirage surgi du désert, la silhouette titubante du premier mzungu – « blanc » en swahili – qu'il ait jamais vu. Seul, à pied et sans bagages, l'homme « couverts de traces d'entailles et de piqûres d'insectes » s'écroule au bout de ses forces. Il a été dévalisé et abandonné par ses guides lors d'un voyage en Abyssinie. Bientôt remis sur pied par son hôte, cet Anglais qui s'appelle Pearce et se montre plus ouvert que ses semblables, bravant les conventions autant locales que coloniales, devient l'amant de la soeur d'Hassanali, scellant ainsi sans le savoir, puisqu'il ne devait pas tarder à reprendre ses esprits et à rentrer en Angleterre, le destin maudit de plusieurs générations métisses à venir.


C'est un demi-siècle plus tard, dans l'archipel du Zanzibar pour peu de temps encore sous la tutelle coloniale britannique, que le scandale refait abruptement surface, quand le narrateur et collégien Rashid voit son frère Amin se heurter dramatiquement à l'ostracisme qui frappe la descendance de la belle maîtresse indigène abandonnée. Vague alter ego de l'auteur, le jeune homme finira par partir faire ses études au Royaume-Uni avant de s'y retrouver durablement coincé par les troubles entourant l'indépendance du Zanzibar. Son récit marqué par la mélancolie et par la culpabilité se déploie sous le signe de l'abandon souligné par le titre original. Amours trahies et délaissées, pays abandonné à son sort par la débâcle coloniale, famille quittée pour un exil sans retour, l'histoire narrée nous plonge avec subtilité dans l'empreinte laissée par le colonialisme sur les populations locales, au coeur des déchirements vécus sur la ligne tectonique entre cultures et continents, et en confrontation directe avec le racisme :


« C'est la faute à l'esclavage, voyez-vous. À l'esclavage et aux maladies qui les minent, mais à l'esclavage surtout. Esclaves, ils ont appris l'oisiveté et la dérobade. Ils ne peuvent plus concevoir de s'impliquer dans le travail, d'assumer des responsabilités, même contre paiement. Ce qui passe pour du travail dans cette ville, ce sont les hommes assis sous un manguier à attendre que les fruits murissent. Regardez ce que la compagnie a fait de ces terres. Les résultats sont impressionnants. Des cultures nouvelles, l'irrigation, l'assolement, mais il a fallu pour y parvenir radicalement changer les mentalités. »


« C'est étonnant, n'est-ce pas, que ces gens aient vécu pendant des siècles sans avoir recours à l'écriture (...). Tout s'est transmis oralement. Il leur a fallu attendre que monseigneur Steere arrive à Zanzibar dans les années 1870 pour que quelqu'un songe à produire une grammaire. Je pense ne pas me tromper en disant que cela vaut pour toute l'Afrique. C'est stupéfiant qu'aucune langue africaine n'ait été écrite avant l'arrivée des missionnaires. Et je crois bien que dans nombre de ces langues, le seul ouvrage existant est la traduction du Nouveau Testament. Incroyable, non ? Ils n'ont même pas encore inventé la roue. Cela donne une idée du chemin qui leur reste à parcourir. »


« (...) j'en vins à me considérer avec un sentiment croissant de déplaisir et d'insatisfaction, et à me voir avec leurs yeux. À me regarder comme quelqu'un qui mérite l'antipathie qu'on lui porte. J'ai d'abord cru que c'était à cause de ma façon de parler, parce que j'étais médiocre et maladroit, ignorant et muet (...). Puis j'ai pensé que c'était à cause des vêtements que je portais, des vêtements bon marché, sans allure, pas aussi propres non plus qu'ils auraient pu l'être, et qui peut-être me donnaient l'air d'un clown ou d'un déséquilibré. Mais les explications que j'essayais de trouver ne m'empêchaient pas d'entendre les paroles offensantes, le ton irrité dans les rencontres au quotidien, l'hostilité contenue dans les regards fortuits. »


Jusqu'alors peu connue en France, l'oeuvre d'Abdulzarak Gurnah lui a valu le prix Nobel de littérature en 2021, ce qui a enfin motivé la réédition de ses livres traduits en français : une des plus grandes plumes africaines, toute en profondeur et en empathie, à découvrir sans faute pour casser les stéréotypes et, selon les termes du jury, « ouvrir notre regard à une Afrique de l'Est diverse culturellement, mais mal connue dans de nombreuses parties du monde ». Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          873
Nouveau coup de coeur avec Gurnah, j'ai vraiment hâte que paraissent de nouvelles traductions de ces romans.

Toujours les thèmes de l'identité, de la singularité et la richesse des cultures, des traces et blessures laissés par le colonialisme, des frontières mentales qui ne se franchissent jamais.
Ici, c'est par l'intimité d'une famille et sur le long temps de son histoire que ces thèmes sont abordés, à travers plusieurs générations.
J'ai adoré la première partie, au tournant du siècle à Zanzibar, où le quotidien du timoré commerçant Hassalani se voit perturbé par l'arrivée d'un "gwunzu", un Européen blessé, que sa soeur va soigner et dont elle va, perturbation ultime, tomber amoureuse. En donnant la parole à tour de rôle à chacun: Hassinili, sa soeur Rehana, l'Anglais recueilli et son supérieur, Gurnah redonne grâce à l'intelligence de sa plume toute l'intensité du réel à cette colonie cosmopolite du bout du monde, et met en relief avec une précision chirurgicale l'impossibilité de concilier les regards des locaux et des dominants, tout en faisant voler en éclats cette barrière infranchissable avec l'amour impossible de Rehana et Pearce. Cette partie-là est une magistrale leçon d'ouverture et de tolérance, un vrai bonheur à lire.
Puis la parole est donnée aux descendants, ceux qui partent et ceux qui restent, tous marqués jusqu'au fond d'eux-mêmes par l'éducation reçue, les interdits appris et les mantras sociaux subis, et pourtant chez chacun Gurnah met en relief avec une finesse exquise la singularité de leur personnalité propre, transcendant toutes les dominations tout en préservant les cultures.
Un prix Nobel vraiment mérité, qui porte haut la part d'universel qui caractérise (la plupart du temps) l'esprit de ce prix.
Commenter  J’apprécie          470
Quelle belle histoire !

Abdulrazak Gurnah, l'auteur, a obtenu, comme le bandeau le mentionne, le dernier prix Nobel de littérature, en 2021. Mais comme il était inconnu dans nos contrées et les rares livres publiés n'avaient pas rencontré un franc succès, l'ensemble de ses ouvrages ne sont pas encore traduits ni partant édités, en tout cas pas en langue française. Ici, c'est la réédition d'un opus qui était quand même sorti en 2005.

La trame se passe entre Zanzibar, pays d'où est originaire l'auteur, Mobassa et Londres. Il est question de colonisation et de décolonisation, et forcément, malheureusement, de tensions racistes, mais l'auteur nous livre surtout, en trois parties, une fine analyse sur la place de la femme dans la société locale et kenyane d'alors. Que ce soit dans une famille de lettrés (des enseignants) ou ailleurs, à travers des amours en miroir. J'ai trouvé cette histoire délicatement ciselée.

La manière d'écrire m'a, à plusieurs reprises, fait penser à Naipaul, dont l'auteur recommande du reste la lecture par le biais du personnage dans le livre, dont le parcours comporte des accents fort autobiographiques.

Mon seul bémol viendrait peut-être du fait que l'auteur utilise, à de nombreuses reprises, des termes arabo-musulmans, qui apparaissent en italiques dans le texte, et un glossaire serait le bienvenu pour une prochaine réédition. Quoique, armé de son téléphone portable raccordé à internet, tout se trouve très aisément.

Je n'ai pas voulu sanctionner le livre ni son auteur de ce qui n'est pour moi qu'un problème de maison d'édition.
Commenter  J’apprécie          250
En octobre 2021 lors de l'annonce du prix Nobel, je me suis ruée sur le site de la médiathèque pour réserver l'unique oeuvre disponible de Gurnah : Adieu Zanzibar. Je n'étais pas la première : ma réservation n'est arrivée qu'en... mai 2022.
Entre temps, j'ai lu Près de la mer. Ce roman m'a émerveillée.
Puis j'ai lu Paradis : encore meilleur que le précédent.
Et maintenant, Adieu Zanzibar : encore supérieur aux deux autres.
Car, si on y retrouve la description d'une société cosmopolite, tournée vers la mer et le commerce, dans la même écriture envoûtante propre à Gurnah, cette fois-ci pour parfaire la narration, on y rencontre des femmes (absentes ou presque des deux autres romans).
Leurs vies ne sont pas faciles ; elles sont les premières victimes des convenances religieuses et sociales.
Mais quels portraits fascinants !
Il y a d'abord Rehana, qui à l'aube du 20ème siècle va vivre pleinement une histoire d'amour interdite.
Puis il y a sa descendante, Jamila, qui dans les années 50 va porter le poids de la rébellion de sa grand-mère.
Car c'est encore une histoire de familles que nous conte Gurnah, familles dont il entremêle les destins, les époques, les narrations ; pour terminer avec ces deux frères, l'un resté en Tanzanie affronter les périls de l'indépendance, l'autre parti étudier et faire sa vie au Royaume-Uni (dans une partie qui semble très autobiographique).
Un roman déchirant, une oeuvre exceptionnelle.
Traduction parfaite de Sylvette Gleize.
Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          228
Magnifique voyage aux confins de l'Afrique Coloniale.

Adieu Zanzibar, c'est l'histoire de l'amour entre 2 êtres et des conséquences que cet amour engendre pour eux mais aussi pour les générations futures : ce pourrait être une histoire simple. Quoi de plus simple que 2 personnes qui s'aiment ? Seulement il n'en est rien. Nous sommes au début du XXème siècle, en Afrique, dans une province de Tanzanie exactement, une zone toujours colonisée par les Britaniques et les amours entre un colon et une indigène ne sont jamais bien perçus.

Tout commence lorsque Martin Pearce, égaré et dépouillé par des guides somaliens peu scrupuleux, arrive épuisé et en loque dans un petit village de Tanzanie.
Il s'écroule dans la rue et ne doit la survie qu'à la générosité de Hassanali qui en chemin pour la mosquée le voit s'effondrer et décide de le ramener chez lui.
Hassanali va rapidement douter de la justesse de sa décision.
Ramener un européen chez lui alors que sa maison est toute petite, et que sa femme et sa soeur sont présentes. Il est inconvenant pour une femme de se trouver en présence d'un homme autre que son mari ou un membre de la famille.

Cette décision va t-elle jeter l'opprobe sur la famille d'Hassanali ?
Très vite, cette information fait le tour de la ville et les britanniques viennent chercher Pearce.

Quelques jours plus tard, remis de cette mésaventure, Pearce viendra dans le village remercier Hassanali et sa famille de l'avoir accueilli et nourri. Une amitié naîtrat très vite de cette sincérité et de ce profond respect entre les 2 hommes.
Au delà de cette amitié, c'est l'amour qui va saisir Martin Pearce. Un amour partagé par Rehanna la soeur d'Hassanali. Mariée et abandonnée par son époux, elle doit être encore plus vigilante à ses fréquentations.
Mais l'amour est plus fort, et Rehanna et Martin vont devoir partir pour Monbassa pour vivre leur amour.

Quelques décénnies plus tard, dans une autre famille, l'histoire d'amour entre Jamila et Amin ne pourra être vécue car elle sera source de déshonneur et de honte pour la famille d'Amin.
Jamila est la descendante de Rehanna et Martin, issue d'une union désapprouvée.

L'auteur excelle à nous conter l'Afrique, la colonisation, les dégats de cette domination, la place de la femme dans la culture africaine.

Des destins qui s'entrecroisent, et des décisions qui impactent des générations d'hommes et de femmes.
C'est d'abord l'histoire de Pearce et Rehanna, puis celles d'Amin, Rashid et Farida, puis d'Amin et Jamila qui nous sont contées. Et les liens apparaissent progressivement.
Une écriture, sincère, poétique, profonde.

Un très beau voyage.






Commenter  J’apprécie          171
Un homme blanc, à bout de force, fait irruption sur la place d'une petite ville de Zanzibar, alors sous protectorat anglais. Il est recueilli par Hassanali, boutiquier indo-africain et soigné par Rehana, la soeur de celui-ci. Cet homme s'appelle Martin Pearce. C'est un explorateur anglais et un orientaliste. Son court séjour va perturber à jamais l'équilibre de cette modeste famille et de ses descendants, avec des répercussions tragiques que l'auteur nous conte habilement en nouant les fils de plusieurs destins infléchis par la rencontre de Martin Pearce et de Rehana et leur amour impossible.
A travers ce récit où s'entremêlent plusieurs thèmes, l'auteur évoque la situation politique de Zanzibar avant et après l'indépendance, les conséquences du colonialisme sur les rapports humains et la difficulté pour les jeunes africains issus des anciennes colonies à s'intégrer dans une société européenne où le sentiment de supériorité est tellement ancré dans les mentalités qu'il n'est jamais remis en cause. Ces questions sont traitées à travers les différents destins des personnages de ce roman complexe et riche en émotions. S'inspirant de sa propre expérience d'exilé, Abdulrazak Gurnah a insufflé dans son roman un réalisme puissant qui nous éclaire sur un passé qui n'en finit pas de nous hanter. Un écrivain à découvrir.
Commenter  J’apprécie          170
Adieu Zanzibar /Abdulrazak Gurnah /Prix Nobel 2021
Nous sommes en 1899 dans une petite ville côtière d'Afrique de l'Est à l'époque de la colonie britannique. Alors que de bon matin, Hassanali se rend à la mosquée dont il est le muezzin, sa marche est interrompue et son destin vacille lorsqu'il croise la route d'un Anglais épuisé et mal en point qui s'effondre à ses pieds.
Hassanali est un petit homme superstitieux et voit des fantômes partout. Il ne saisit pas de suite la situation et met un certain temps à comprendre et à porter secours à l'homme.
Hassanali est marié avec Malika, une très jolie jeune femme, toute simple et aimante. Avec eux vit la soeur de Hassanali, Rehana qui a toujours tendance à prendre son frère pour un imbécile, alors que celui-ci est assez malin comme le montre la façon dont il gère son commerce.
L'homme secouru par Hassanali, dont on apprend par la suite qu'il s'agit de Martin Pierce, est un écrivain voyageur orientaliste. Il se lie bientôt avec le muezzin et lui raconte les aventures qui l'ont mené ici.
Rapidement et malgré tout ce qui les sépare, Martin va tomber fou d'amour pour Rehana. Mais on est à une époque où l'Empire d'une part se montre rigide en matière de propriété sexuelle, incarnant la respectabilité britannique, ne permettant pas les fredaines pour ses fonctionnaires, et d'autre part se plie au qu'en dira-t-on de l'opinion publique qui se demande comment un Anglais issu de l'université peut engager une affaire de ce genre avec la soeur d'un boutiquier d'une petite ville côtière d'Afrique orientale. de plus une femme qui a été abandonnée par son mari quelques années auparavant.
de cette passion entre Martin et Rehana naîtra une fille, Asmah, puis une petite fille Jamila qui connaîtra aussi l'amour avec Amir, un des narrateurs. Toutes deux subiront les conséquences de cet amour maudit pour connaître une vie de réprouvées.
le roman se poursuit avec différents narrateurs, qui évoquent plus tard les secrets de famille et la vie de chacun des personnages et leur quête impossible du bonheur dans une atmosphère nostalgique empreinte de tristesse.
Tout au long de ce magnifique roman, l'ambiance dans la colonie est bien décrite avec les petites ruelles étroites et sombres d'où montent des relents de cuisine, l'odeur de la sueur et les parfums, et qui bruissent de voix et de rires, de vie en vérité. Puis plus tard est contée l'évolution vers l'indépendance en 1964 et le rattachement difficile et souvent tragique du sultanat de Zanzibar à la Tanzanie.
Abdulrazak Gurnah nous offre une écriture toute en délicatesse pour une construction surprenante, originale et inattendue et une réflexion profonde sur le regard des autres, sur la tradition, le poids de l'Islam, les valeurs familiales.
Un très beau roman d'amour, mais pas seulement.



Commenter  J’apprécie          90
Quelle puissance et quelle finesse ! Adieu Zanzibar est un roman passionnant et comporte de multiples facettes. Il nous emmène d'abord dans l'Afrique de l'Est dont, nous, Français, ne connaissons pas grand-chose et qui apparaît donc un peu mystérieuse. le récit s'intéresse d'abord à une anecdote : le secours apporté par une famille à un Anglais blessé et égaré, alors que l'île est un protectorat de sa Gracieuse Majesté, et l'amitié qui naît entre cet Européen et son sauveur africain. Déjà s'esquissent les rapports entre colonisateurs et colonisés, deux mondes qui se côtoient sans se fréquenter autrement que dans des rapports de servitude dont il est fort difficile de sortir. Un chacun chez soi, conséquence aussi des contrastes entre deux civilisations qui n'ont pas le même dieu mais partagent le même interdit : on ne se mélange pas. A la charnière entre le XIXe et le XXe siècles, on ne transige pas avec les principes. Pas plus que dans les années 60 d'ailleurs où se déroulent les événements de la deuxième partie du roman. le lien entre les deux époques se clarifie progressivement dans l'esprit du lecteur qui comprend que le roman est une forme de saga quelque peu transgressive. En effet, Les deux personnages dont le destin constituent l'axe du récit sont celui de Réhane, rejetée par sa communauté pour avoir osé tomber amoureuse de l'Anglais et plus tard, celui de sa petite fille Djamila, les deux victimes de règles sociales implacables mais qui nous sont montrées à travers les récits d'autrui, bien décidées à ne pas se laisser anéantir et à poursuivre leur chemin malgré l'incompréhension voire la répression qu'elles subissent, mais au prix de leur bonheur et de leur réputation. Les hommes aussi sont victimes de cette réalité, du racisme qui sévit en Afrique et en Angleterre. Ainsi le jeune Rashid, grâce à d'excellents résultats scolaires, peut-il faire ses études en Angleterre, mais il ne parvient jamais à établir des liens d'amitié avec les étudiants anglais. C'est encore à travers ce personnage que l'auteur met en évidence les affres de l'exil, le chagrin d'avoir quitté les siens sans espoir de retour depuis l'installation d'une dictature, l'impossibilité aussi de s'installer complètement dans un univers étranger où l'on ne veut pas vraiment de lui. Cependant, jamais l'auteur ne laisse place au moindre pathos.
Malgré son Nobel en 2021, Abdulrazak Gurnah, reste peu connu en France. La lecture de ce roman donne vraiment envie de poursuivre la découverte de cet auteur à travers les quelques autres traduits en français.
Commenter  J’apprécie          70
Il s'agit d'une histoire d'amour. Un amour fou entre deux êtres que tout sépare dans l'Afrique coloniale et dont nous allons découvrir les très lointaines conséquences.
J'ai trouvé que le récit d' Abdulrazak Gurnah est merveilleusement bien conte ! Il m'a permis de voyager dans le temps dans un univers inconnu pour moi.
J'ai trouvé que la narration de plusieurs points de vue était merveilleuse pour raconter les différences de récits selon les cultures et faite avec beaucoup de grâce.
Enfin, la construction du récit est très audacieuse et digne d'un écrivain ayant reçu le Prix Nobel.
Commenter  J’apprécie          50
"Adieu Zanzibar" d'Adulrazak Gurnah est bouleversant.
Des gens humbles, dont la vie semble réglée
par la société, la religion et l'empire Britannique
vont connaitre des trajectoires de vie improbables.
Tout commence avec une rencontre, celle d'un muezzin
et d'un ressortissant Britannique, perdu et moribond.
Tout les opposent et pourtant, les liens qu'ils tissent font naitre un sentiment amoureux entre la soeur du religieux et le voyageur égaré.
Puis apparait une femme, belle, libre, et un jeune garçon se détourne du chemin tracé. La liberté à un prix.
On quitte Zazibar pour trouver une vie meilleur en Angleterre et découvrir une société de classes.. les désillusions sont cruelles.
Et enfin ceux qui sont restés vont être submergés par la guerre d'indépendance, le chaos et la désolation. "Comment en est-on arrivé là"
Reste l'humanité, l'empathie et l'abnégation; les sentiments les plus nobles portés par un texte magnifique d'un auteur talentueux.
Découvrons l'univers d'Adulrazak Gurnah sans réserve!
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (480) Voir plus




{* *}