Dans un couple épanoui, la sexualité a pour vocation d'être l'un des modes de communication primordiaux qui fondent l'intimité du couple, liant les conjoints à un niveau émotionnel profond; il s'agit d'un lien proprement spirituel, puisque l'intimité sexuelle implique un contact d'âme à âme. Il est certain que, pour beaucoup de couples, la rencontre dans le lit conjugal constitue un moment d'intimité qui concerne autant l'être spirituel que l'être charnel. Lorsque l'esprit d'un des partenaires est encombré de références pornographiques, celles-ci interfèrent inévitablement avec ces deux aspects complémentaires de la vie de couple, un peu comme si les putains que fréquente virtuellement le mari hantaient le lit conjugal.
La sexualité de l'adolescent est éclatée et dominée par ce que les psychanalystes appellent les "pulsions partielles". Cela signifie, entre autres, qu'il a du mal à relier ses désirs sexuels à une dimension relationnelle fondée sur la reconnaissance de l'intégrité de la personne. L'adolescent a donc tendance à fantasmer sur des parties du corps, séparées les unes des autres, et indépendantes de la personnalité qui les habite. Or, ces précisément ce qu'offre la pornographie. Celle-ci a donc un fort pouvoir de résonance avec l'expérience de l'adolescent, car elle amplifie les forces de régression et d'éclatement psychiques.
L'adolescent s'éveille d'un côté, à des idéaux et, de l'autre à des pulsions, et il doit parvenir à unifier ces deux forces qui l'écartèlent. (...). Une image valorisante de lui-même, un idéal responsabilisant de l'amour, doivent lui permettre de transformer ses pulsions sexuelles brutes en une énergie vitale de croissance et à les canaliser vers un projet de vie.
La pornographie véhicule une vision effrayante et irréelle de la femme: séductrice et vicieuse, en un mot, identifiée à la prostituée nymphomane. En outre, elle montre la sexualité comme s'il s'agissait uniquement d'un plaisir charnel, et même comme une violence et une humiliation. Ces notions vont laisser leur marque sur les valeurs de l'adolescent, sur son idéal amoureux et sur son rapport à l'autre sexe.
Les agresseurs sexuels présentent des failles dans l'intégrité de leur personnalité, parfois même des zones clivées, mal reliées à la réalité. Leur psychisme en retire une certaine porosité; ils sont influençables et facilement impressionnables par les images. Ils ont, en bref, de la difficulté à séparer le monde des fantasmes de celui de la réalité.
Laurent Guyénot, invité par Radio Courtoisie pour parler de Du Yahvisme au Sionisme.