Mémoire et résurrection : Chronique extravagante

La dynamique de la « montée » du Christ auprès du Père est indissociable, en sa verticalité, d'une dynamique, si on peut dire, horizontale. En ce sens que Marie, qui vient d'avoir la révélation du phénomène inouï, doit, dans la seconde même, aller en annoncer la nouvelle, la plus que bonne nouvelle aux disciples plongés, eux, toujours dans le désarroi : « Va trouver les frères — lui enjoint le Ressuscité — et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Car la résurrection, on l'a vu, concerne tous les hommes, et chacun d'eux en particulier comme le « Père » du Christ, et son « Dieu », est le Père et le Dieu de nous tous et de chacun de nous. Bref, la souche et la source commune. Et merveille donc, ici, dans sa logique vivante, soit dit encore en passant, le terme de « frères ». Attestant que la relation au Père, à Dieu — à la Source - n'est pas dissociable, elle non plus, de la relation aux hommes. Pas de fraternité sans paternité. Une lapalissade, mais essentielle. Et sans cesse oubliée. Une fraternité, au demeurant, trinitaire elle aussi...

On peut dire dès lors que si le Fils de l'Homme, en sa trajectoire terrestre, n'a cessé d'être seul parmi les hommes, il n'a cessé non plus, durant tout ce temps, et à chaque seconde, de mourir et de ressusciter.