AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 76 notes
5
8 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
C’est l’histoire d’un mec parti depuis 20 ans à la guerre qui revient chez lui dans son île.

Il a bien essayé d’échapper à la conscription en labourant la plage, pour passer pour un fou, car il se doutait bien que ce serait loin d’être marrant, mais il n’a pas trompé longtemps le recruteur. Il s’est alors retrouvé sous les remparts de Troie, pour aider un vieux roi cocu à récupérer sa femme qui préférait un petit jeune. La guerre dure, on s’impatiente et Ulysse invente le cheval de Troie, la ville est rasée, tout le monde peut enfin rentrer à la maison !

Dans l’intervalle, je ne sais plus quand, il s’était brouillé avec Poseidon...je suis sûre que Nastasia-B pourra nous le dire ! Lequel Dieu de la mer, pour se venger déclenche tempêtes et autres calamités et lui fait explorer la Méditerranée, comme une croisière Costa avec naufrages, sauf qu’il avait vraiment très envie de rentrer chez lui..Il ne reste pas longtemps dans le lit des jolies femmes, refuse l’immortalité, fait un crochet par les Enfers où il retrouve quelques copains, se débarrasse d’un cyclope, de Sirènes et ne tombe pas de Charybde en Scylla...tout le monde pourrait la raconter cette histoire ou presque.

Toutefois, l’objet de cette BD, ce n’est pas l’Odyssée en tant que telle, avec des incursions dans l’Illiade, mais le sens que cette histoire a encore pour nous aujourd’hui. Questionner le personnage d’Ulysse, revient à s’interroger sur l’Homme. Divers spécialistes, archéologues, linguistes, architectes, hellénistes dont la délicieuse et regrettée Jacqueline de Romilly, sont convoqués pour nous apporter leur éclairage sur le texte, comme des parenthèses du présent dans notre passé mythique. Le tracé rappelle les personnages des potiches grecques du Louvre, ou du British Museum, la couleur en moins, car tout est aquarellé dans de jolis tons de bleu et d’ocre.

N’en doutons pas, Ulysse est toujours vivant dans chacun d’entre nous, dans notre mémoire collective, et dans les relectures cinématographiques littéraires ou picturales du mythe, c'est un peu la leçon que l'on tire de ce bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          346
Cette bande dessinée ne reprend de l'Odyssée que le dernier moment, le retour d'Ulysse à Ithaque. J'avoue avoir été surpris par cette lecture. le fil du récit est intercalé, sans coupure de ton et de style, de témoignages actuels, d'interprétations, d'analyses, racontés toujours sous forme de bande dessinée. L'aventure se transforme parfois en documentaire, cela donne une lecture assez savante.
Le dessin est simple, léger, les couleurs en aquarelle renforcent cette légèreté, le dessin s'efface derrière le récit, pourtant certaine planche sont riche en théâtralité, en intensité.
Cette manière de faire permet de mesurer l'intemporalité du récit et son aspect universel.
J'ai aimé cette lecture qui donne l'impression de s'enrichir, pourtant très simple, les petites anecdotes apportent une lecture passionnante, différente de ce dont on a l'habitude.
Commenter  J’apprécie          180
Et si Ulysse n'était jamais parti que pour revenir ? On connaît ses périples mais on s'attarde peu sur son retour à Ithaque. Transformé en vieillard, il retrouve sa ville en anonyme et découvre le chaos d'une société déstabilisée par sa disparition, Pénélope en proie à l'aristocratie grouillante des prétendants, qu'elle refuse en tissant infiniment sa toile.


Jean Harambat a bénéficié d'une bourse de l'Institut français qui lui a permis de se rendre à Ithaque et de rencontrer les intellectuels majeurs de la réflexion homérique –citons par exemple Jacqueline de Romilly, François Hartog ou Jean-Pierre Vernant. La réflexion entrecoupe l'histoire sans heurts et l'enrichit d'une compréhension qui n'aurait pas échappé aux lecteurs sensibles d'Homère.


Dans un entretien, Jean Harambat raconte qu'il a essayé du mieux que possible de retrouver l'oralité de Jean-Pierre Vernant, capable jusqu'à sa dernière conférence de dire qu' « Ulysse et Pénélope sont au plumard ». Dieux et hommes ne font qu'un dans le monde grec antique, sans que cela n'empêche pour autant l'humilité et le respect de la position propre à chacun. de la même façon, Jean Harambat choisit le retour d'Ulysse à Ithaque pour nous conter notre proximité à ce héros grec antique –à tous les héros de l'Antiquité- et pour nous rappeler la valeur morale universelle de cette épopée.
Commenter  J’apprécie          163
Vivez le retour d'Ulysse à Ithaque. Mais cette adaptation en BD des derniers chants de "L'Odyssée" d'Homère ne se contente pas de vous permettre d'aborder cette oeuvre de manière plus facile que l'oeuvre originale, elle fait appel à des spécialistes (Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, ...) pour vous commenter le texte et en comprendre les symboliques . Plus ambitieux qu'une simple BD mais un peu moins accessible aussi.
Commenter  J’apprécie          140
Un an après sa parution (oct. 2014), Jean Harambat a reçu le "prix de la BD historique du château de Cheverny" pour "Ulysse" ; dans cette adaptation des derniers chants de "L'Odyssée", on voit Ulysse aborder enfin la terre promise d'Ithaque et reconquérir de haute lutte cette île modeste, ainsi que sa place auprès de Pénélope, qui seule ou presque a attendu le retour du fameux héros à l'intelligence hors du commun, continuant d'y croire malgré tout.

On peut être surpris de l'attribution d'un prix d'histoire à une BD illustrant un récit mythologique. Cependant le voyage retour d'Ulysse, guidé par la sagesse personnifiée par Athéna, évoque la manière qu'ont certaines religions ou philosophies de l'histoire de faire coïncider la fin du monde avec l'ultime sagesse ou révélation ; que l'on songe seulement à l'importance que revêt la science en Occident, au moins comme leitmotiv. D'ailleurs Achille, le "pendant" d'Ulysse, semble mû par une force plus conventionnelle, et comme dépassée. le héros de "L'Odyssée" surpasse les héros de "L'Iliade".

L'auteur de cette adaptation parue chez "Actes-Sud BD", passé par une "khâgne", a déclaré avoir fait le rapprochement entre le retour d'Ulysse et "Le Comte de Monte-Cristo", célèbre roman d'A. Dumas sur le thème de la vengeance. Mais il y a sans doute bien plus qu'une histoire de "come-back" vengeur dans "L'Odyssée" et, disons-le d'emblée, les comparaisons entre la culture antique et la culture bourgeoise moderne, à bien des égards sont abusives.

La sobriété du dessin de J. Harambat convient bien à une telle adaptation, mieux que n'aurait convenu un dessin académique et virtuose suivant une mode américaine de plus en plus envahissante. Les dessins illustrant les vases grecs d'épisodes de la mythologie, homérique ou non, sont eux-mêmes d'une simplicité presque troublante, compte tenu de l'exigence artistique actuelle d'exhiber son complexe (féminin ou autre).

La mise en images, fidèle aux chants d'Homère, est entrecoupée d'une sorte d'exégèse en bande-dessinée, tirée de Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, un historien, un libraire, etc. Et c'est là que le bât blesse, l'initiation à Homère est quelque peu entravée. le propos frise en effet parfois la pédanterie (F. Hartog) ou la banalité (J. de Romilly).

Bien que la bande-dessinée soit un art moderne, et "L'Odyssée" l'archétype de la poésie grecque antique, leur réunion dans un album de BD ne doit pas faire oublier le fossé qui sépare Homère de la culture contemporaine. Les ponts jetés par ces universitaires entre Homère et la littérature contemporaine, les rapprochements qu'ils tentent sont assez chimériques... surtout entre Homère et Proust !

L'angle psychologique pour aborder la mythologie s'avère inepte (Freud a échoué à élucider un tant soit peu les tragédies de Shakespeare de cette façon).

Autre différence remarquable : les critiques et exégètes modernes commentent abondamment fables et mythes du passé, mais les littérateurs modernes n'en produisent pas eux-mêmes.

On retrouve donc dans les commentaires insérés entre les chants un travers ou un pli récurrent dans l'analyse universitaire moderne, qui consiste à étudier l'art et la littérature du passé à travers le prisme des valeurs actuelles. Derrière cette méthode, on devine un but ou une fonction religieuse : celle qui consiste à bâtir la légende dorée d'une culture occidentale "héritière de la culture gréco-romaine + judéo-chrétienne". Bien plus pertinentes sont les études (anti-académiques) de Nietzsche, Léopardi, voire Marx et Arendt, qui soulignent le fossé entre l'Antiquité et le monde moderne, au lieu de tout lisser sous la chappe d'une sorte de vernis culturel "bcbg".
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
Commenter  J’apprécie          50
Les pérégrinations d'Ulysse sont ultra connues : cet homme irrésistiblement attiré par le chant des sirènes, imaginant le cheval de Troie pour pénétrer par la ruse dans la forteresse ennemie… Toutes ces péripéties racontées par Homère avant un final extraordinaire : Ulysse revient, en cachant sa réelle identité, vers la belle Pénélope, sa femme qui l'espère depuis vingt ans et qui, assaillie de nombreux prétendants, a trouvé comme échappatoire nocturne de défaire sa tapisserie, fruit de son labeur quotidien.

Dans cette BD, au lieu de reprendre le fil de tous ces épisodes célèbres, le dessinateur Jean Harambat choisit de se focaliser sur la fin de l'Odyssée, le retour d'Ulysse à Ithaque, son île, où l'attend Pénélope et son fils Télémaque. Assez rapidement, l'histoire d'Ulysse est entrecoupée d'épisodes contemporains, où des personnages divers sont mis en scène et interviennent dans le récit, portant un avis sur l'Odyssée et l'Illiade, éclairant un aspect ou re-situant tel évènement.

Ainsi, Jean-Pierre Vernant apparaît avec son petit fils Julien, lui racontant l'Odyssée et répondant aux questions de l'enfant. Plus loin, on croise François Hartog (élève et ami de J.-P. Vernant), Jacqueline de Romilly ou Pierre Michon. Et le lecteur rencontre aussi deux jeunes filles à la plage, Jean-Paul Kauffmann, un archéologue allemand, un pharmacien (qui évoque son oncle lui parlant de l'odyssée), un sculpteur (obnubilé par le regard d'Ulysse) et j'en passe… Tous ont en commun quelque chose qui les relie à l'odyssée. Ils s'interrogent, analysent, poussent le lecteur à considérer cette matière antique si riche de sens qu'elle rejaillit encore aujourd'hui : Jean Harambat exerce sa puissante curiosité dans cet ouvrage et nous invite à le suivre.

Curieuse et étonnante BD, qui m'a fait voyager en Grèce, terreau de l'Illiade et de l'Odyssée et grâce à laquelle, j'ai revisité un grand classique. Une lecture déroutante car pleine d'imprévus. Mais une belle lecture également, avec de sublimes aquarelles aux couleurs magnifiques. Presque un album de voyage, dont les habituelles cases s'agrandissent pour laisser entrapercevoir de beaux, très beaux paysages. Jean Harambat nous offre ces images, en s'effaçant pour laisser la parole à ses interlocuteurs, spécialistes et non spécialistes, passionnés et dilettantes. Avec une prédilection pour Jean-Pierre Vernant, qui revient souvent dans les planches, et qui attise la curiosité, par son passé de résistant notamment, que son petit fils devenu adulte dévoile. Dommage que l'on n'en sache pas plus sur les ressorts de l'admiration que cet homme suscite sur le dessinateur, et j'en viens même à regretter que ces apartés n'aient pas été davantage développés plutôt que de faire apparaître tous ces personnages auxquels je n'ai pas eu le temps de m'attacher (à part quelques-uns comme Jean-Paul Kauffmann, vraiment épatant). L'originalité de l'album vient de là : cette pléthore de rencontres pédagogiques, qu'une longue bibliographie à la fin de l'album incite à creuser, parallèlement au récit pur du retour d'Ulysse parmi les siens.

Au final, une BD étonnante, déroutante et ambitieuse. J'ai adoré les dernières planches de la BD, où enfin Ulysse se débarrasse de ses rivaux et retrouve son identi3plumes6té. Des dernières pages sublimes, apaisées.

Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
Commenter  J’apprécie          40
Cet Ulysse de Jean Harambat est une oeuvre d'une grande intelligence. Elle permet à des personnes comme moi qui n'ont lu que des extraits de l'Odyssee au collège non seulement de re-découvrir cette magnifique épopée mais d'en comprendre les symboliques et d'en retirer des sujets de réflexions.
Je ressors de cette lecture avec l'envie de lire l'odyssée à la lumière des codes de décryptage phylosophiques qui m'ont été livrés.

Commenter  J’apprécie          33
Cette BD retranscrit le retour d'Ulysse, comme relaté dans l'Odyssée, avec des dessins et des échanges épurés; entrecoupés d'explications pédagogiques et philosophiques, de ce mythe.
Elle s'apprécie avec parcimonie pour bien comprendre chaque étape de ce retour, elle est très ludique pour tous ceux qui ont décroché dans la lecture de l'Odyssée.
Belle initiative,beau collectif.
Commenter  J’apprécie          20
Note 3434
Habitation 3 : habité par les dieux, les hommes, les îles, la violence et l'amour
Edification 4 : on (ré)apprend l'histoire d'Ulysse et la méchanceté et l'avidité des hommes révoltent
Emotion 3 : le père et son fils, l'homme-qui-fut-enfant et sa nourrice, le mari et son épouse
Style 4 : simplicité du texte et poésie du dessin
Commenter  J’apprécie          20
Ce livre interroge la nostalgie.

Qui peut mieux que Ulysse parler de cette émotion douce amère, mêlant joie et tristesse, à l'évocation de ce qui a été aimé et est perdu ?

Etre nostalgique , c'est être , en même temps ici et ailleurs, aujourd'hui et hier, celui que l'on a été et celui que l'on est, et arpenter avec un douloureux plaisir, l'espace irréconciliable de ces différents états.

Ulysse est de retour à Ithaque, incognito dans ces chemins qu'il reconnaît si bien, mendiant dans son propre Palais.
Qu'a de commun le fier guerrier du souvenir de Pénélope avec le voyageur usé et blanchi ? Que sait il de lui même tant qu'on ne l'a pas re-connu ?

C'est un roman graphique formidable dont j'ai aussi beaucoup aimé le dessin, entre camaïeux sépia, traits brut d'une représentation rupestre et détails dignes des vases grecs.

On peut lire et relire cette histoire, aussi inépuisable que le sentiment de nostalgie lui même.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (152) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5244 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}